UZÈS Haras national : le don de sauvegarder l’hippomobile
C’est en 2014 que le haras national d’Uzès a commencé son projet de vouloir stopper la dégradation du patrimoine équestre.
La structure s'est attachée à la rénovation des hippomobiles, ces voitures de service tirées par des chevaux, utilisées dans les haras à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Pour une question financière, sur les vingt-cinq qui existaient il n’y a désormais plus que quatre haras nationaux en France. Pour la plupart, les anciennes hippomobiles étaient stockées dans un coin sans attention particulière. Au moment du changement de propriétaire, Uzès en a récupéré une partie grâce à des dons de certaines familles, mais d’autres ont fait le choix de les conserver.
Mais vouloir sauvegarder le patrimoine a un coût financier. Grâce à la Société des amis du haras, un groupement de mécènes de l’Uzège, le haras a obtenu quasiment 100 000 euros de financement sur ces trois dernières années. La démarche vient d’Uzès mais le projet est national, porté par l’Institut français du cheval et de l’équitation (Ifce). Depuis novembre 2017, ce dernier loue un hangar du côté de Vers-Pont-du-Gard pour abriter les véhicules. On en compte 80, mais le chiffre va grossir rapidement. En tout, entre 320 et 340 hippomobiles, qui appartenaient aux différents haras, sont recensées en France. Certaines qui ont un intérêt national seront gardées sur le lieu initial.
Il en existe aussi, anciennement utilisées par les civils, dans le marché public. Celles acquises par le haras ne sont pas destinées à la vente, mais à la préservation historique. Le haras est doté d’une collection patrimoniale unique. Certaines pièces peuvent être destinées à une exposition dans un musée. Les authentiques disposent d’un numéro de série, en quelque sorte les prémices de la carte grise. Certaines abîmées vont passer entre les mains d’un charron, un spécialiste du bois et du métal dont seulement deux pratiquent encore en France, qui va réparer le véhicule. Ce carrossier pour hippomobile va notamment fabriquer de nouveaux brancards pour ceux qui sont cassés. Le brancard permet de lier le véhicule au cheval.
Un besoin supplémentaire de mécènes
Pour poursuivre l’aventure, il faut des soutiens financiers supplémentaires. Déjà cinq entreprises locales ont mis le pied à l’étrier et... la main au porte-monnaie grâce à l’implication du club des entrepreneurs de l’Uzège fondé par Jacques Gleyse, gérant du magasin Mr Bricolage. Mac’Donalds, la banque Dupuy de Parseval, le restaurant Terroirs et l’entreprise Laithier font également partie du mécénat actuel. "Pour 2018, il nous faudrait trois entreprises de plus", espère Anne-Sophie Lauthier du haras national d’Uzès.
Certains entrepreneurs comme M. Gleyse n’ont pas la passion des chevaux mais souhaitent, "contribuer à ce qui se passe sur le territoire proche." Afin d’ancrer ce site dans la vie économique locale. Pour attirer les entreprises, le haras mise sur les abattements fiscaux, de 60% pour les entreprises et jusqu’à 66% pour les particuliers. Un don de 500 euros à, au final, un coût réel de 170 euros. Là on se situe dans la catégorie des sociétaires, qui précèdent celles des bienfaiteurs. À partir de 2 000 euros on parle de mécénat.
Mais pour trouver de généreux donateurs, le haras veut faire parler de lui au-delà de l’Uzège. Une conférence de presse sera organisée lors de l’événement Cheval Passion. D’autres idées mûrissent comme faire appel à Stéphane Bern, devenu après l’organisation du loto patrimoine, le symbole de la sauvegarde de l’Histoire de France. Des fonds pour poursuivre le programme de restauration des hippomobiles mais pas seulement. Le haras national d’Uzès veut investir également dans le patrimoine immatériel en sauvegardant des savoir-faire et des métiers devenus rares. Dernier projet, qui a déjà bien avancé, un simulateur d’attelage. La sauvegarde du patrimoine passe aussi par les nouveaux outils numériques.
Corentin Corger