UZÈS Zéro phyto : la ville se dote d’un plan d’amélioration des pratiques
Sale temps pour le désherbant : largement utilisé par les communes il y a encore quelques années, les produits phytosanitaires sont désormais interdits dans les espaces accessibles au public.
Une loi votée début 2014 en a décidé ainsi, et les villes ont dû s’y mettre.
Silence, ça pousse
A Uzès, le zéro phyto est devenu une réalité dès 2015 dans toute la ville. Toute ? Non ! L’année dernière, « suite à la pression de certains habitants qui ne supportaient pas la pousse de quelques brins d’herbe, l’utilisation de désherbants chimique a été reprise, mais uniquement au cimetière catholique », explique l’adjoint au maire Jacques Caunan lors du conseil municipal de jeudi soir.
Une situation qui ne saurait durer, ne serait-ce que vis-à-vis de la loi, mais qui a également permis de mettre en lumière un fait : le passage au zéro phyto ne coule pas de source. « Pour effectuer cette transition, nous avons effectué, avec l’aide du cabinet Enfora, un Plan d’amélioration des pratiques phytosanitaires et horticoles », présente l’élu.
L’occasion de rappeler les efforts déjà effectués par la commune, notamment sur les massifs paysagers, qui font désormais une large part aux végétaux méditerranéens, économes en eau. L’occasion aussi de mettre le doigt sur un fait stupéfiant : si on arrête de pulvériser du Round-Up par bidons sur les trottoirs, des herbes poussent. Et là, trois solutions : soit prévenir, soit guérir, en supprimant les herbes spontanées, soit — et attention c’est révolutionnaire — « laisser pousser les plantes spontanées dans l’espace urbain, en veillant à leur bonne intégration et à leur maîtrise, voire même de faire des enherbements tests pour végétaliser ensuite certaines zones », explique Jacques Caunan. C’est d’ailleurs cette troisième solution qui est envisagée pour délivrer définitivement le cimetière catholique du mal des produits phytosanitaires, avec force graminées, massifs méditerranéens ou encore paillage organique.
Du matériel et de la communication
L’occasion également de rappeler à chacun que c’est aux propriétaires et locataires riverains de la voie publique d’entretenir leur bout de trottoir, ainsi que les ouvrages d’évacuation et caniveaux. En clair : s’il y a des herbes folles sur le trottoir devant votre porte, c’est à vous de faire le nécessaire. Mais pas n’importe comment, puisque pour vous aussi, l’utilisation de désherbant est interdite (oui, le trottoir devant chez vous est un espace public).
Le plan effectue toute une série de préconisations à destination de la ville, avec notamment l’achat d’un matériel adapté pour les agents, notamment une balayeuse dernière génération, mais pas seulement. Puisque sur ce type de dossiers la communication est capitale, il comprend également une campagne de communication, des ateliers pour les scolaires ou encore un concours photo. L’idée est d’accompagner le passage en zéro phyto du cimetière catholique, mais aussi de faire évoluer les mentalités : « nous souhaitons continuer d’inciter les habitants et les scolaires à jardiner au naturel, et à porter un regard plus clément sur les herbes spontanées », explique Jacques Caunan. « Il va falloir faire comprendre à tous les Uzétiens qu’il va falloir accepter les herbes quand elles poussent à certains endroits », appuiera le maire Jean-Luc Chapon.
Un plan qui coûtera tout de même la bagatelle de 217 000 euros, que la ville espère voir subventionnés à hauteur de 116 000 euros par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée, ce qui laisserait un peu plus de 100 000 euros à la charge de la commune. Le plan et la demande de subventions ont été votés à l’unanimité.
Thierry ALLARD