L'amphithéâtre nîmois accueille depuis lundi soir le nouveau spectacle concocté par les équipes d'Edeis "Arena et les clés du temps". Mis en scène par Tommy Weber en remplacement de l'historien nîmois Eric Teyssier. Ce dernier était dans le public pour la première. Il nous donne son sentiment.

Objectif Gard : Quel est votre regard à chaud sur le spectacle "Arena et les clés du temps" qui a remplacé votre spectacle de l'an dernier ?

Eric Teyssier : Je veux d'abord dire que mon analyse est totalement indépendante du contexte des derniers mois avec Edeis. Une chose est certaine : ils ont annoncé un spectacle chargé d'histoire, il n' y absolument rien d'historique là dedans. On est même dans un sous-péplum, c'est très mauvais.

Du côté du scénario, il se veut plus contemporain, plus impertinent non ?

Le scénario pose de multiples problèmes. Mais d'autres sujets sont encore davantage préoccupants. Je pense à la sono qui n'est pas bonne, les effets de voix bien trop importants, je me suis toujours attaché à faire en sorte que les phrases soient toujours les plus courtes possibles. Je n'ai pas compris non plus pourquoi il y avait une absence totale de décor sans compter le mapping bien moins réussi que celui de l'an dernier. Enfin, l'ensemble n'est pas adapté pour les arènes de Nîmes ou d'ailleurs. C'est un spectacle pour un public de théâtre parisien avec une petite centaine de spectateurs...

Vous n'êtes pas dans la demi-mesure...

Je suis honnête. Et je crois que le public de lundi soir ne s'est pas trompé. Plusieurs familles sont parties avant la fin, les enfants s'ennuyaient pour la plupart. Il faut dire aussi que la musique n'était pas très appropriée. Pourquoi mettre la chanson "Thriller" de Michael Jackson pour évoquer la peste noire ? Et je ne vous parle pas de ce personnage de François 1er que l'on fait débarquer sur un éléphant. À toutes fins utiles, je rappelle qu'aucun éléphant n'est rentré à Nîmes jusque là. Bon, vous avez compris, tout cela ne fonctionne pas.

Vous semblez amer ?

Non mais c'est dommage de régresser autant. On a proposé pendant des années des spectacles de reconstitution qui tenaient la route. Vous avez vu les combats de gladiateurs proposés lundi soir ? Réalisés avec des mauvais cascadeurs qui se téléphonent. Ca fait pschitt ! C'est très low cost. Moi, je suis désolé de vous dire qu'ils ont cassé une dynamique en place depuis 12 ans. Je trouve cela vraiment dommage. Heureusement qu'il y a la magie des arènes qui cache la misère du spectacle. 

Avez-vous transmis vos remarques à la Ville de Nîmes ?

Pas encore. Mais j'aimerais bien savoir le budget mis sur la table pour ce spectacle. On a reproché le coût de celui de l'été dernier mais au moins, le public en avait pour son argent...

Un nouvel appel d'offre va être lancé dans les prochains mois, cette fois pour une durée de plus importante. Est-ce que vous allez vous positionner ?

Oui bien entendu. Et nous ne serons pas seuls. D'autres entreprises de spectacle sont intéressées pour s'associer afin de proposer à la Ville de Nîmes un véritable projet conçu par des professionnels dont c'est le métier et qui respecte l'identité de Nîmes.