ALÈS AGGLO Un budget "contraint" mais "ambitieux" voté à l'unanimité, une démission annoncée
Ce jeudi soir, la salle des assemblées du bâtiment Atome recevait un conseil communautaire marqué par le vote à l'unanimité d'un budget primitif d'Alès Agglomération sous contraintes, mais qui ne manque pas d'ambitions.
Comme on pouvait s'y attendre ce jeudi soir, Julien Heddebaut, maire de Boisset-et-Gaujac réputé pour sa discrétion, a pris la parole dès le début du conseil communautaire pour faire une annonce. "Je vais quitter ma fonction de maire dans quelques semaines pour partir vers de nouveaux horizons à des milliers de kilomètres d'ici", a balancé celui qui avait succédé à Gérard Reverget en 2021. La nouvelle, relative à un projet professionnel invitant l'intéressé a quitté la France, avait été révélée il y a quelques jours dans les indiscrétions d'Objectif Gard. Chaudement applaudi par ses futurs ex-collègues maires, Julien Heddebaut qualifie son expérience de premier magistrat d'"enrichissante" et gardera en mémoire une Agglo qui fait office de "magnifique boîte à outils pour les communes".
Christophe Rivenq pouvait alors s'attaquer au moment "un peu rébarbatif" mais "ô combien important de la soirée" : la présentation du budget primitif 2023 d'Alès Agglomération. Comme il avait pris soin de le faire dans son dernier Facebook live, le président de la collectivité aux 72 communes a d'abord rappelé les "contraintes exogènes" qui pèsent sur ce budget, dont "l'augmentation du point d'indice des agents" et "l'inflation". Malgré tout, l'Agglo peut se targuer d'être en "bonne santé financière" à la faveur de "plusieurs décisions fortes" prises de longue date.
Christophe Rivenq a ainsi énoncé "les quatre piliers" sur lesquels le budget 2023 trouve ses fondations : "la stabilité fiscale", "le maintien de nos politiques publiques grâce à nos fonds de roulement", "le maintien des tarifs des services" et "la tenue du projet de territoire sans détériorer la situation financière". Dans la colonne des recettes sur lesquelles peut s'appuyer l'Agglomération figurent "les impôts et les taxes" à hauteur de 80%, sachant que "l'assiette fiscale" a légèrement été réhaussée avec l'arrivée sur le territoire de 1 500 nouveaux habitants qui paient des cotisations.
"La CAF nous verse 5 millions d'euros par an pour la petite enfance notamment", a également rajouté Christophe Rivenq, lequel estime que la collectivité "peut aller encore plus loin" en ce qui a trait aux recettes générées par la taxe de séjour et les 4,2M de nuitées touristiques en 2022. Aussi, à l'heure où le taux de rigidité de l'Agglo - autrement dit les dépenses purement obligatoires qui lui incombent - représente "jusqu'à 95%" du budget de fonctionnement, le premier adjoint au maire d'Alès estime qu'"on peut gagner entre 3 et 4 millions d'euros par an en triant mieux". Ne plus jeter l'argent à la poubelle (23M€/an) fait en effet office de priorité pour la collectivité qui s'attaque notamment au déploiement d'éco-composteurs (relire ici).
Sur les coups de 20h ce jeudi soir, un budget principal 2023 d'un montant de 153M€ (34M€ en investissement, 119M€ en fonctionnement) était voté à l'unanimité par les élus communautaires. Lorsqu'on y ajoute les douze budgets annexes dont ceux du Pôle mécanique Alès-Cévennes, du parc des expositions de Méjannes-les-Alès et de l'assainissement, le montant du budget "consolidé" s'élève à 243M€ (228M€ l'an dernier). Avec le temps de latence qui a suivi la présentation de Christophe Rivenq, on aurait pu croire que ce budget ne souffrait d'aucune contestation. Mais en l'absence de l'élu d'opposition Paul Planque, c'est Aurélie Genolher qui a finalement brisé le silence.
Les réactions en rafales relatives au budget
Présente la veille au Cinéplanet pour la conférence de Nicolas Vanier (relire ici), la conseillère régionale inspirée par "le discours positif" de l'aventurier s'exprimait sous forme de question rhétorique : "On est peut-être sur un territoire particulier qui essaie de voir le bon côté des choses et où chacun garde de côté ses idées politiques au profit de l'intérêt général." Aurélie Genolher avait ouvert la brèche et les interventions arrivaient finalement en rafales. "C'est un budget ni très à droite, ni très à gauche. Il est équilibré", a analysé Sylvain André. "Merci Sylvain de reconnaître la place essentielle du centrisme en France", s'est marré Philippe Ribot, élu saint-privaden ayant longtemps porté les couleurs de l'UDI.
"Ce budget ferait beaucoup d'envieux dans de nombreuses collectivités", a quant à lui enclenché le socialiste Arnaud Bord. Et l'élu alésien d'opposition d'ajouter en guise de suggestion : "Je pense que notre projet alimentaire de territoire pourrait être un formidable outil pour lutter contre la précarité alimentaire dont sont victimes de plus en plus d'habitants du territoire en raison de cette inflation galopante." Après quoi, Arnaud Bord achevait son intervention par un petit bémol aux allures d'avertissement : "Que les futurs investissements pour de nouveaux équipements ne concernent pas qu'Alès car le territoire est vaste..."
"Sans ce désenclavement, on n'arrivera à rien !"
Avant de voter le budget, Patrick Malavieille avait émis "quelques satisfactions", "quelques inquiétudes" et "quelques regrets". "La poursuite du projet de territoire malgré les contraintes" se range dans la première catégorie. Le fait de n'avoir pas décroché le label "Capitale française de la culture 2024" dans la troisième. "Malgré tout, on voit qu'avec ce budget, la culture n'est pas sacrifiée. On va leur montrer ce qu'on a dans le ventre", a harangué le vice-président de l'Agglo. L'ex-maire de La Grand'Combe n'en avait pas fini puisqu'il considère par ailleurs qu'il est "urgentissime pour le bassin alésien" d'achever dans les meilleurs délais le contournement ouest de Nîmes. "Sans ce désenclavement, on pourra voter tous les budgets qu'on veut, on n'arrivera à rien !", a-t-il pesté.
"Ça m'a l'air bien mal emmanché pour ce contournement", lui a répondu Jean-Michel Perret. Et le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas d'étayer avec un exemple concret : "Quand on voit que pour quatre chauves-souris dans un tunnel on bloque le projet de réouverture de la ligne Alès-Bessèges..." Le dernier nommé a alors dégainé son "plan B" qui consiste, entre autres, à "reprendre le tracé existant de la RN106, l'améliorer, le terminer en 2x2 voies avec un doublement pour les véhicules agricoles". "On s'éloigne du budget, même si c'est important", a commenté Christophe Rivenq, tentant de recadrer les débats. Maire de Saint-Césaire-de-Gauzignan , Frédéric Gras s'en est chargé en parlant d'un budget "extrêmement ambitieux". Pour autant, celui qui est aussi conseiller départemental exprimait ses inquiétudes vis-à-vis de "notre tourisme", "notre agriculture" et "le déploiement du projet alimentaire".
"On va être emmerdés tout l'été !"
Que deviendront ces trois piliers de l'Agglo tandis qu'"on va vers des problèmes d'eau colossaux", s'est peu ou prou interrogé le dernier nommé. "Il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis. Il faudra bien un jour aborder la question de l'eau dans nos budgets", a conclu Frédéric Gras, ne souhaitant pas pour autant "jouer les pessimistes de service". Une sortie qui occasionnait l'unique intervention de Max Roustan de la soirée. "S'il y a 30 ans on m'avait écouté. Tout le monde m'avait rigolé au nez quand j'avais demandé à ce qu'on amène l'eau du Rhône jusqu'à nous. Résultat on va être emmerdés tout l'été !" À l'image de Nicolas Vanier qui semble en avoir inspiré plus d'un, Christophe Rivenq préférait conclure avec une note positive, expliquant que si les élus ne "règleront pas tout", ils pourront "toujours améliorer la vie des gens" dès lors qu'ils travailleront "ensemble".