ALÈS Face aux "emmerdes", les organisations syndicales et les pompiers font cause commune
Ce samedi, à l'initiative de l'Union locale de la CGT d'Alès, les organisations syndicales du bassin étaient réunies pour une conférence de presse lançant l'appel à manifester ce jeudi 27 janvier. Un rendez-vous que ne manqueront pas les pompiers alésiens, tous grévistes depuis le début de la semaine.
Ce samedi matin, le parking de la Bourse du travail d'Alès était étrangement occupé par un camion des pompiers du centre de secours d'Alès. Il ne s'agissait pas pour ces derniers de réanimer les membres de l'Union locale de la CGT d'Alès dont l'inertie ne dure jamais très longtemps, mais de répondre favorablement à l'invitation de sa secrétaire, Martine Sagit, bien décidée à faire cause commune.
"Le gouvernement s'appuie sur la pandémie pour nous faire taire. Le point d'indice des agents territoriaux n'a pas augmenté depuis 2010, la hausse du Smic n'a été que dérisoire. On ne peut pas se satisfaire de ça. On a l'impression de rabâcher, mais on le fera encore, dans l'intérêt de tous. Alors on lance cet appel à manifester ce jeudi 27 janvier à 10 heures, devant la sous-préfecture d'Alès", a amorcé la dernière nommée.
Et Alain Martin, membre de l'UL d'Alès, d'ajouter : "Plusieurs candidats à l'élection présidentielle veulent nous faire travailler jusqu'à 65 ans. On voit là où ils veulent arriver : nous faire bosser jusqu'à la mort." Volontairement sinistre, le dernier nommé a par ailleurs déploré que la France, cinquième puissance économique mondiale, compte dans ses rangs "plus de neuf millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté", tandis que sept millions d'entre elles auraient recours à l'aide alimentaire pour (sur)vivre.
Chèque énergie et prime inflation : "des mesurettes"
Puisque s'annonce une mobilisation intersyndicale ce jeudi, Force ouvrière (FO) a également pris part à cette conférence de presse matinale. Comme la CGT, cette dernière a fait de la question de l'augmentation des salaires une préoccupation "fondamentale", de "trop nombreux salariés" ne parvenant pas à joindre les deux bouts en raison de la flambée des prix (essence, électricité, gaz, alimentation) qui a porté la hausse de l'inflation à 2,8 points de pourcentage lors des douze deniers mois.
L'union syndicale Solidaires a aussi mis sa pierre à l'édifice revendicatif. Considérant le chèque énergie et la prime inflation de 100 euros comme des "mesurettes", Solidaires milite pour une hausse significative du Smic (à 1 700 euros, Ndlr), des salaires, des pensions de retraite, et le dégel du point d'indice. Administratrice du collectif d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) du Gard, Sandrine Auriel, qui avait manifesté au mois d'octobre dernier devant la sous-préfecture cévenole, est restée sur le même ton : "On est tellement précaires avec 800 euros par mois, qu'on arrive à être heureux de recevoir une fois dans l'année une prime de 100 euros. C'est dingue !"
"Ce qu'on demande n'est pas utopique"
Alors qu'approchait la fin de cette conférence de presse, la parole est revenue à Sébastien Perrier, représentant de la Fédération autonome des pompiers, lequel a appelé à une "participation massive" lors de la manifestation de ce jeudi où les pompiers alésiens, tous grévistes depuis le mardi 18 janvier - mais qui continuent d'assurer le secours à la population (relire ici) - seront présents "en nombre". Et Sébastien Perrier de poursuivre, usant d'une formule chiraquienne légèrement revisitée selon laquelle "les emmerdes, ça vole toujours en escadrille" : "La décrépitude du service hospitalier, le délabrement du système de santé et la misère sociale, on y fait face tous les jours. S'il y a un ruissellement qui fonctionne bien, c'est celui des emmerdes."
Versant quelque peu dans le fatalisme au début de son intervention, Alain Martin l'a finalement achevée sur une note empreinte d'optimisme : "Ce qu'on demande n'est pas utopique. De l'argent il y en a ! En témoigne les dividendes versés aux actionnaires du CAC 40 qui ont augmenté de 30% pour atteindre 51 milliards d'euros en 2021. Avec cette somme, on aurait pu créer un million d'emplois à 2 000 euros par mois pendant un an." Dans la même veine, le dernier nommé aurait préféré que "les 236 milliards d'euros engrangés en moins de deux ans par les milliardaires français", soient réinjectés dans le système de santé. "Qu'on ne vienne pas accuser les non-vaccinés de saturer les hôpitaux ! Ils l'étaient bien avant la pandémie", jure Alain Martin, qui a "un peu de mémoire" et se souvient des manifestations du personnel hospitalier en 2018 qui réclamait déjà "plus de moyens humains et matériels".
Corentin Migoule