FAIT DU SOIR Le chocolat un peu plus cher en ces fêtes de fin d'année ?
Comme d'autres matières premières, le cours du cacao a augmenté ces derniers mois. Cela a-t-il un impact sur le prix du chocolat ? Dans le Gard, les avis des chocolatiers et pâtissiers sont contrastés.
Le cours du cacao a augmenté en un an. Cela peut avoir une répercussion sur le prix du chocolat. Cette hausse ne passe pas inaperçue en cette période de fêtes, alors les clients s'adaptent. "On va privilégier un chocolat de qualité. Mais il y en aura toujours à table, on ne s'en passera pas même s'il y en aura peut-être moins que les autres années", témoigne Julie, qui se balade dans la rue de la République à Villeneuve-lez-Avignon. À deux pas de là, se trouve la pâtisserie Marcellin qui multiplie les préparations au chocolat quelques jours avant Noël : gâteaux, bûches mais aussi amandes enrobées, ballotins...
L'entreprise familiale fait à la fois boulangerie, pâtisserie, glacier et depuis quelques mois confiserie. "On utilise beaucoup plus de chocolat. Mais on n'a pas beaucoup augmenté, on a juste décalé nos marges. On n'en profite pas pour gagner plus d'argent", assure le gérant Victor Brachet. Il a vu le prix du cacao au kilo passer de 51 € à 58 € chez son fournisseur, il y a un an et demi. Il s'estime plutôt chanceux de rester à ce prix-là car ailleurs, les tarifs ont davantage gonflé. Avec le lancement de l'activité confiserie, il commande le chocolat en plus grande quantité et a pu jouer un peu plus sur le prix. Mais les marges de négociation sont limitées puisque le tarif est plafonné.
"Il n'y a pas que le cacao qui a augmenté. Toutes les matières premières aussi. Mais là, on se rend plus compte du chocolat puisqu'on est en période de fête. (...) C'est la deuxième plus grosse période chez nous", poursuit-il. Il passe environ 300kg de chocolat au lait, 200kg de chocolat noir et 100kg de chocolat blanc.
"On essaie d'avoir le meilleur rapport-qualité possible"
La pâtisserie villeneuvoise achète un chocolat de qualité, mais ne tape pas dans l'excellence non plus : "On essaie d'avoir le meilleur rapport-qualité possible, on veut que le prix reste accessible et que les clients n'aient pas le sentiment de trop mettre la main à la poche", explique le gérant. La stratégie vise à fidéliser la clientèle et à toucher celle qui ne vient pas encore en boutique. Mais Victor Brachet le reconnait, beaucoup d'acheteurs font remarquer la hausse des prix : "Ils nous le disent mais pas négativement, car on a su rester raisonnables. Pour l'instant, on y arrive. Tant qu'on peut le faire, on le fait."
Quelles sont les raisons de la hausse du cours du cacao ? "Nos fournisseurs nous disent que ça vient du coût du transport, du stockage et de tous les intermédiaires jusqu'à la livraison chez nous", indique Victor Brachet. Certains articles relatent aussi d'une "météo particulièrement défavorable" à la production du cacao, comme nos confrères de Capital.fr.
Pour atténuer les effets sur le prix d'achat, chacun a sa technique. Notamment les achats en gros. Jean-Marie Cornut qui tient la boutique De Neuville sur la place Mallet à Bagnols-sur-Cèze glisse : "On est un peu moins impacté que les autres car on est dans un grand groupe, avec 170 boutiques. Mais pour la première fois, on a fait des achats en commun avec d'autres partenaires du groupe."
Échos contrastés avec les chocolatiers d'Alès
La hausse du cours du cacao semble avoir un impact moindre sur les chocolatiers d'Alès. Cédric Croix, un artisan chocolatier installé place Saint-Jean, assure n'avoir ressenti "aucune incidence significative" et n'avoir apporté aucune modification à ses tarifs cette année. À la tête de "Pépites des Cévennes", il met en avant la stabilité de sa situation face aux variations des coûts des matières premières. Démontrant ainsi sa capacité à s'adapter et à maintenir des prix inchangés malgré les défis actuels. "Notre gamme de chocolat est haut de gamme, s'il y a une augmentation du prix du cacao, en tout cas elle reste assez faible", confie Cédric Croix.
Même son de cloche pour "Mes Chocolats", une chocolaterie alésienne renommée de la rue Edgard-Quinet fondée en 2014 par Alfonso Cannarozzo, qui n'est pas tributaire du marché mondial du cacao. Toutefois, l'artisan chocolatier précise qu'une augmentation de prix sur ses produits sera probablement envisagée au mois de février ou mars 2024. Cette hausse potentielle ne toucherait que des produits dérivés comme le beurre de cacao. "On fera tout pour ne pas augmenter, mais ce ne sera évidemment pas une augmentation de 40 %. On imagine peut-être 5 %." Pour lui aussi, le prix d'achat du cacao n'a augmenté que très peu cette année. Et pour cause, son fournisseur lui offre la possibilité d'avoir une année de stock en avance.
Selon lui, la situation actuelle rappelle celle de 2015, où les prix ont connu une hausse temporaire avant de redescendre, une perspective qu'il considère comme "loin d'être alarmante". Alfonso Cannarozzo se montre confiant et optimiste en affirmant avoir réalisé, une fois de plus cette année, un nombre important de ventes. "Je viens chaque année, mais pas seulement pour Noël, précise une cliente manifestement fidèle. Et non, je n'ai pas observé la moindre augmentation sur les prix. De toute manière, la qualité ça se paie !"
C'est passager, je pense que cela ne durera pas longtemps, ce n'est pas alarmant.
Alfonso Cannarozzo
Jusqu'à présent, les consommateurs semblent n'avoir constaté aucune incidence notable sur leurs achats de douceurs de fin d'année à Alès et dans la région des Cévennes en général.