GARD Avec l’appel à commun(s), l’économie sociale et solidaire fait sa révolution
Les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) connaissent le mécanisme par coeur : une collectivité, le Conseil départemental par exemple, identifie un besoin et lance un appel à projets, et les différentes structures candidatent chacune de leur côté, dans une logique concurrentielle.
Bientôt, il existera dans le Gard « un modèle alternatif complémentaire », pose la vice-présidente du Département déléguée à l’ESS Hélène Meunier, ce mardi au Pont du Gard en clôture du Mois de l’ESS. Ce modèle, c’est l’appel à commun(s), qui fonctionne comme « un appel à projets inversé », présente-elle. Ainsi, le Département fixe un cadre, régi par quatre thèmes comme la mise en commun d’initiatives existantes pour leur donner un périmètre départemental, mais « ne définit pas le projet, explique Hélène Meunier. Nous demandons aux acteurs de terrain de se coaliser, de coopérer pour répondre aux besoins. » Il leur faut être au moins trois pour se lancer.
Il s’agit d’un « changement de paradigme », avance-t-elle : « nous partons du terrain, en profitant de l’expérience et de l'expertise des acteurs de territoire ». Une manière aussi pour le Conseil départemental de faire de la proximité « en cohérence avec les autres schémas », comprendre faire coïncider la politique départementale de l’ESS avec celle de l’Action sociale, de l’Aménagement du territoire ou encore du Sport. Cette idée d’appel à communs vient elle aussi du terrain, puisqu’elle a été suggérée par les acteurs de l’ESS lors de l’élaboration du Schéma unique des solidarités.
L’ESS, c’est quoi ?
Il s’agit, selon le ministère de l’Économie et des finances, d’« un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. » Dans le Gard, près de 12 % de l’emploi salarié l’est dans l’ESS, soit 24 000 personnes dans 2 300 structures. À l’échelle régionale, la conseillère régionale Monique Novaretti rappelle que l’ESS « c’est 231 000 salariés répartis dans 21 400 établissements », soit, là aussi, 12 % de l’emploi salarié total, « avec une croissance annuelle de 4 % par an », rajoute-elle.
Pour autant, on ne change pas des décennies de pratique d’un claquement de doigts. « Il nous faut sortir d’une logique de concurrence, et donc s’acculturer à cette notion, c’est une autre façon de faire de la politique, une révolution des pratiques de chacun », estime Hélène Meunier. Et c’est pour demain, puisque le projet d’appel à commun(s) en est à sa phase de configuration de l’outil pour un démarrage au printemps prochain à titre expérimental. 250 000 euros annuels y seront alloués par le Département.
Pour autant, le Département ne jette pas les traditionnels appels à projets à la poubelle. « Il y en aura encore, l’appel à commun(s) est une alternative, qui doit nous permettre de toucher des acteurs plus divers, avec plus de place pour les plus petits », affirme la vice-présidente du Département. Et pour favoriser les coopérations et les mutualisations, un réseau ESS gardois a également été lancé de mardi, coanimé par la Maison des initiatives de l’économie sociale et solidaire.