"Livrer des bâtiments avec des performances énergétiques nettement supérieures à ce qui se pratique aujourd’hui au même coût que la construction traditionnelle", c'est la promesse faite ce jeudi 28 septembre par Jean-Patrick Brouillard, président-directeur-général (PDG) de la nouvelle entreprise Wood Buildings Industry (WBI), filiale de la holding montpelliéraine Vestia qu'il dirige. 

L'an dernier, en réponse à l'appel d'offres d'un fonds d'investissement suédois, WBI a investi 8 millions d'euros pour s'offrir une friche industrielle abandonnée par Bastide 1880 lors de son récent déménagement à Vézénobres et y ériger, au cœur d'un bâtiment de 8 000 m² basé à Saint-Privat-des-Vieux, six lignes de production de modules à ossature bois, des ensembles charpentés fabriqués dans une scierie en région Rhône-Alpes à partir de bois épicéa français et allemand. Invitée à l'occasion d'une inauguraiton formelle du site cévenol ce jeudi 28 septembre, la presse a pu constater que trois d'entre elles sont déjà en activité.

La capacité actuelle de production de WBI est de deux modules T2 de 24 m² chaque jour, soit l'équivalent d'un immeuble en R+2 de 40 logements tous les 10 jours. "On livre le chantier en 10 mois au lieu de 18 mois pour un bâtiment de 40 logements, tout en réduisant l’impact de nuisance et en ayant une construction décarbonée", vante Jean-Patrick Brouillard, lequel mentionne l'emploi de 90% de matériaux recyclables et l'absence "d'allées et venues" de poids lourds sur le chantier qui vit au rythme d'une grue transportant les modules bois "du camion à l'immeuble en construction". 

Dès le 2 octobre 2023, l’entreprise livrera son premier bâtiment destiné à une future résidence séniors inclusive R+3 de 36 logements à Béziers. Le carnet de commandes de WBI comprend actuellement 12 bâtiments de 40 logements et deux immeubles de bureaux de 6 000 m². Le choix du lieu d’implantation du site de WBI a été dicté par la "richesse industrielle" du bassin alésien, le deuxième d'Occitanie en la matière derrière Toulouse, ainsi que par le soutien de l'agence de développement Alès Myriapolis qui a tôt fait d'identifier le bâtiment une fois celui-ci libéré par Bastide 1880.

"On est des assembliers de la construction qui produisont des appartements entièrement équipés", a résumé le PDG du groupe Vestia, lequel n'a cessé de mettre en avant ce mode constructif innovant, déjà répandu aux États-Unis et en Angleterre, entre autres. "Nos bâtiments sont conformes à la réglementation des logements sur le plan thermique, acoustique, et en matière de résistance au feu", a par ailleurs assuré le directeur général de WBI dont les habitats modulaires s'adressent autant aux logements résidentiels, sociaux ou inclusifs (du T2 au T4), qu'aux logements d’hébergement d’urgence démontables, aux écoles, aux crèches et aux bureaux.

À Alès, un projet de construction de trois bâtiments au profit d'un bailleur social local est en ligne de mire pour WBI qui invite les architectes et les maîtres d'ouvrage à "s’adapter" à ce nouveau mode constructif. "Les constructions de logements sociaux sont à l'arrêt ces derniers temps. On est quasiment les seuls à pouvoir en construire", se réjouit Jean-Patrick Brouillard. Raréfaction du foncier, baisse de la qualification de la main d’œuvre et explosion des coûts ont en effet entraîné cette "révolution" d'un secteur du bâtiment en "crise".

"Quand on regarde comment le secteur automobile a évolué depuis 20 ans par rapport au secteur du bâtiment, il était temps qu'il se passe quelque chose", a enfoncé Jean-Jacques Korosec, responsable commercial de WBI. Convaincue de l’essor prochain de la construction hors-site en France, l'entreprise saint-privadenne s'est engagée dans la formation des métiers de la construction hors-site en créant sa 3D Building Academy. Celle-ci est vouée à fédérer l’ensemble des partenaires du pôle formation de WBI dont fait partie l'IMT Mines Alès.

45 recrutements ont déjà été réalisés par WBI qui devrait compter 70 collaborateurs dès l'an prochain et table sur un chiffre d'affaires d'"au moins" 20 millions d'euros en 2024. L'horizon du groupe dirigé par Jean-Patrick Brouillard est dégagé puisqu'une nouvelle réhabilitation d'une friche industrielle en Picardie est prévue dans les mois à venir. "Alès doit devenir un modèle à démultiplier partout en France", conclut l'ambitieux PDG de Vestia.