Qui mieux que Nathalie Chenonier pour soumettre au grand public des stages de perfectionnement à la conduite automobile ? La quadragénaire dispose d'un CV long comme le bras dans le milieu. Ancienne copilote professionnelle chez Cilty sport, entreprise installée sur le Pôle à partir de 1998, l'Alésienne a "vu tout se construire sur le Pôle". Titulaire d’un BPJEPS sport automobile qui lui confère le statut de monitrice de pilotage et de perfectionnement à la conduite, Nathalie Chenonier est aussi responsable formation et organisatrice de lancement produits pour le groupe PSA.

Celle qui est également intervenante départementale Sécurité routière auprès de la préfecture du Gard n'est autre que la référente des journées de prévention routière organisées chaque année par le centre communal d'action sociale (CCAS) d'Alès (relire ici). C'est peut-être de ces rendez-vous annuels qu'elle a tissé son idée, celle consistant à créer une école de perfectionnemment à la conduite. Ainsi naissait "Pôle mécanique Performance" en juin dernier.

Depuis, des jeunes conducteurs et quelques seniors, ses "deux cibles prioritaires", ont déjà été formés. "Je suis là en complément des auto-écoles pour aider le conducteur à comprendre ce qu'est un véhicule en mouvement, un sous-virage, un sur-virage, quelle réflexologie adopter pour enrayer une situation potentiellement accidentogène", expose la monitrice. Logée à l'entrée du Pôle, son entreprise abrite un parc de huit véhicules Peugeot, lesquels permettent aux stagiaires de s'exercer sur "tous les types de motorisation", du thermique diesel ou essence au 100% électrique, en passant par l'hybride.

"On a même une 106 sans assistance au démarrage en pente qui se retrouve sur la piste rallye dans une côte à 30% de dénivelé pour que le jeune s'entraîne à trouver le point de patinage", rebondit la cheffe d'entreprise. À la carte, ses stages s'articulent autour de quatre modules de deux heures chacun (de 50 à 150 €). Le premier, plutôt destiné aux seniors, occasionne une large révision du Code de la route, le second est pleinement axé sur le perfectionnement à la conduite, un troisième invite le stagiaire à s'essayer sur un simulateur de conduite, le quatrième consiste à se familiariser aux nouvelles technologies d'aides à la conduite.

"Chaque inscrit peut participer à un, deux, trois ou quatre modules", prévient Nathalie Chenonier, qui revendique une prise en charge "personnalisée" et "sur-mesure". Parce qu'il ne s'agit pas d'une auto-école, les stagiaires évoluent uniquement en circuit fermé, sur les installations du Pôle. "La piste rallye est vraiment adaptée à la configuration de la route cévenole. C'est la plus représentative, avec des virages et différents revêtements", apprécie la formatrice.

Pour les jeunes conducteurs, la démarche d'inscription est enclenchée la plupart du temps par les parents, soucieux à l'idée de laisser leur progéniture plonger dans le grand bain. "En conduite accompagnée, les jeunes sont des éponges. Ils absorbent tous les défauts de leurs parents. Un parent n'est pas habilité à être professeur de conduite. Il a peut-être passé le permis il y a 30 ans, beaucoup de choses ont évolué depuis", analyse l'intervenante départementale Sécurité routière, qui déplore par ailleurs le "fléau" du téléphone portable au volant.

La dernière nommée ne les blâme pas pour autant. "Les jeunes ont besoin d'un espace d'expression avec une voiture. C'est légitime. Mais il y a des endroits pour le faire", argue-t-elle, en désignant la piste vitesse du Pôle mécanique idéale pour "se faire plaisir" en toute sécurité. Contrairement à certaines idées reçues invitant à penser que les seniors sont des dangers au volant, ces derniers sont sauvés par les chiffres qui disent le contraire.

"On peut sauver des vies"

Selon le bilan de l’année 2020 publié par la Sécurité routière, dans 47 % des accidents graves, l’automobiliste présumé responsable a moins de 35 ans. Et les plus de 65 ans ne sont en cause que dans 11 % des cas. "Ils conduisent moins vite. Par contre ils ont moins de réflexes en situation urgente", commente Nathalie Chenonier, justifiant au passage la pertinence de son école de perfectionnement. 

Pour les aînés, "le but du jeu c'est d'avoir le plus d'autonomie possible jusqu'à la fin de sa vie, car on a tous besoin de se déplacer" admet la formatrice. Et d'ajouter, de manière plus générale : "On peut encourager les seniors à passer sur des boîtes automatiques et des véhicules électriques." Spécialiste de la formation et de l’accompagnement du secteur automobile, Pôle Mécanique Performance s’adresse aussi aux entreprises par le biais de stages collectifs. 

"Ça fait plus de 20 ans que je suis sur le Pôle et je m'aperçois que beaucoup d'Alésiens ne savent pas qu'il était un outil à leur disposition. Je veux le rendre accessible à tous en montrant qu'on n'a pas besoin d'être pilote pour se l'approprier", conclut Nathalie Chenonier. Quoi qu'il advienne, elle en est "intimement convaincue", sa démarche peut "sauver des vies".

Pôle Mécanique Performance, Bâtiment A, Pôle Mécanique Alès-Cévennes, Contact et inscriptions au 06.13.56.37.22 ou sur le site internet.