Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.06.2023 - Corentin Migoule - 3 min  - vu 1222 fois

ALÈS L'école des Près-Saint-Jean portera le nom d'une figure de la Résistance dès la rentrée

L'historique école élémentaire des Près-Saint-Jean sera rebaptisée à la rentrée prochaine au nom de Germaine Tillion, ethnologue et figure de la Résistance. Sa voisine, l'école maternelle, portera elle le patronyme de Joséphine Baker, entrée au Panthéon fin 2021. Objectif : s'ouvrir au-delà des frontières du quartier. 

Il l'attendait depuis fort longtemps, le savait depuis un petit moment, et a fini par le déclarer officiellement ce jeudi 1er juin. Directeur de l'école élementaire des Près-Saint-Jean, Thierry Olivier avait convié les parents des 150 élèves pour une après-midi festive et riche en symboles. "Il s'agit du premier temps fort d’un projet initié en février 2022", s'est-il félicité au micro face à une assistance bruyante et impatiente. 

Après lui, Christian Chambon, adjoint au maire d'Alès délégué à l'Éducation, confirmait ce qui se tramait depuis plusieurs mois. "Le maire a officiellement validé le nom de Germaine Tillion. La maternelle portera le nom de Joséphine Baker", a-t-il scandé. Les deux entités de ce qui formait jusqu'à aujourd'hui l'école des Près-Saint-Jean avaient l'intention de se trouver un nouveau nom avec un objectif : s'ouvrir au-delà des frontières du quartier.

Une quête renforcée en février dernier lorsque la direction départementale académique avait émis l'intention de supprimer une classe de l'établissement, avant d'y renoncer. "Il y a un an et demi, le maire nous a accordé une entrevue. Ça a été le point de départ pour nous permettre d'ouvrir l'école vers l'extérieur. On est parti sur différentes pistes, dont Joséphine Baker, Simone Veil et Louise Michel", rejoue le directeur de l'école. 

Finalement, le parcours de Germaine Tillion et "son attachement à l'Algérie" ont primé aux yeux des parents. "Ça nous a semblé être un petit plus", justifie Thierry Olivier, qui reconnaît avoir d'emblée choisi de rendre hommage à une femme. À en croire l'adjoint à l'Éducation, la cérémonie officielle avec dévoilement de la nouvelle plaque devrait avoir lieu "en octobre prochain, sans doute avant les vacances scolaires de la Toussaint".

"Ça sera la première école Germaine Tillion dans le Gard", se réjouit Thierry Olivier, lequel aimerait que ça arrive "le plus tôt possible". Si elle lui réclame un peu de patience, la municipalité alésienne lui aurait promis "quelque chose qui aura de la figure", autrement dit "une belle plaque" qui sera peut-être accrochée "sur le fronton principal", ouvert sur la place de Belgique où trône le lycée JBD. 

S'il ne s'est pas opéré en un claquement de doigts, ce changement de nom pour le moins réfléchi s'est accompagné d'un projet éducatif entamé il y a plus d'un an. C'est le fruit de ce travail de longue haleine, soutenu par la Ville, l'Éducation nationale et le Centre national du livre, qui était présenté aux parents d'élèves ce jeudi. Tout a commencé par la projection du court-métrage conçu par les élèves sous la houlette du réalisateur Jean-Noël Criton, et qui a permis aux bambins de "s’approprier les étapes de la vie de Germaine Tillion".

Le réalisateur dit avoir eu affaire à "des enfants motivés, avec de belles idées", lesquels ont travaillé par petits groupes à la conception des décors, réalisés avec des matériaux de récupération. Après quoi, une lecture par les élèves d'extraits du livre qu'ils ont eux-mêmes écrit avec l'aide de l'auteure Anne Combe s'est laissée apprécier. À la rentrée prochaine, ces petits livres retraçant la riche vie de celle qui est décédée en 2008 au cours de sa 101e année seront vendus dans plusieurs librairies alésiennes. 

Au cours de leurs travaux, les 150 élèves de l'école se sont familiarisés avec le parcours inspirant de cette ethnologue, figure de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. On est en 1940 lorsqu'elle s'engage contre l'occupant nazi. Germaine Tillion organise l'aide aux prisonniers de guerre, collecte des informations pour Londres et procure de faux papiers aux clandestins, entre autres. En 1942, elle risque la peine de mort après son arrestation par le contre-espionnage allemand. Après quatorze mois d'internement en France, elle est déportée dans le camp de Ravensbrück où elle finit par échapper à la mort.

Dix ans plus tard, elle fait apprécier son rôle de médiatrice durant la guerre d'Algérie. Il en faudrait bien plus pour se prétendre exhaustif au sujet de la vie de celle qui est entrée au Panthéon en 2015. L'exposition libre prêtée par l'association Germaine Tillion qui était dévoilée dans la cour de l'école ce jeudi après-midi soutient davantage cette intention. Avant de la découvrir, les parents d'élèves ont assisté en extérieur à un spectacle mêlant danse, chant et lecture de poèmes. Flottait alors un air de fête de l'école, traditionnellement organisée un poil plus tard dans l'année.

Corentin Migoule

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