ÉDITORIAL Interdiction de l'abaya à l'école : est-ce que son application au quotidien est possible ?
Est-ce que le refus de retirer cette tenue entraînera l'exclusion temporaire ou définitive de l'élève ?
Gabriel Attal, le jeune et nouveau ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, a fait sa rentrée une semaine avant les élèves dans les différents médias nationaux. Alors que de nombreuses initiatives ont été présentées, l'attention s'est portée sur une chose en particulier : la rentrée scolaire sans abaya. Cette petite phrase lâchée sur le plateau de TF1 et répétée ensuite lors de la conférence de presse de l'ancien porte-parole du Gouvernement a pourtant quasiment disparu du dossier de presse du ministère de l'Éducation nationale. Pourtant, interdire le port de signes et tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse au sein d'une enceinte scolaire est une mesure qui vise d'abord à protéger les élèves contre le prosélytisme, les pressions sur les croyances ou les tentatives d’endoctrinement. C'est aussi une réponse -enfin- à destination des chefs d'établissements bien seuls face aux situations répétées et en constante augmentation ces dernières années d'atteinte à la laïcité. Reste à savoir si son application au quotidien sera possible. Est-ce que le refus de retirer cette tenue entraînera l'exclusion temporaire ou définitive de l'élève ? Est-ce que la circulaire nationale en préparation sera suffisante en cas de recours devant un tribunal administratif ? En effet, l'interdiction de l'abaya vise à interdire indirectement une tenue vestimentaire. Et si cette tenue religieuse était volontairement raccourcie pour se rapprocher d'une robe longue, est-ce qu'elle sera toujours considérée comme religieuse ? Il est en tout cas évident que la loi du 15 mars 2004 encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics est déjà obsolète 20 ans plus tard en France. À la différence de nos voisins européens qui sont, soit plus tolérants pour les uns, soit plus laxistes pour les autres. En attendant, en cette rentrée 2023-2024, le ministre ne nous a toujours pas dit quelle serait sa solution pour le remplacement des professeurs absents à court, moyen ou long termes... À part proposer une rémunération incitative pour les enseignants volontaires qui ont déjà leur propre activité et élèves à instruire !