NÎMES EN FERIA Talavante vole la vedette à Ponce
Corrida de Juan Pedro Domecq pour le retour et les adieux d’Enrique Ponce (silence et oreille), Alejandro Talavante (silence et deux oreilles) et la confirmation de David Galván (salut et oreille).
Comment pouvait-on imaginer un retour d’Enrique Ponce sans la salutation honorifique qui va en piste ? Le maestro de Chiva s’est plié avec une émotion sans doute mêlée d’un peu de vanité à la séance d’applaudissements de son public pour un salut en piste des plus vibrants. Il a aussi invité ses compañeros à saluer avec lui en piste.
C’est en premier le dernier. David Galvan revient à Nîmes après une novillada spectaculaire en 2011 devant justement des novillos… D’Enrique Ponce !
A bientôt 30 ans, le natif de San Fernando (Cadix) entre dans le cadre de la confirmation nîmoise comme l’entend l’empresa Simon Casas. Rappelons qu’un matador de toros qui se présente à Nîmes y confirme son alternative dans le même temps. Pour ce premier duel confirmé à Nîmes, Galvan montre sa personnalité, son toreo simple, efficace, suave, souple, rond par moments. Il attaque sa faena par quelques génuflexions chères à Enrique Ponce… C’est alors que des rumeurs sont descendues des gradins… « Peut-il faire ça ? » Bien sûr ! Un hommage en direct, tout en sachant que Galvan venait de brinder son toro à Ponce lui-même. Une belle série de manoletinas assez resserrées pour en finir avant deux échecs à l’épée et un salut en piste. Salut.
Sur son second, le dernier de la corrida du jour David Galván revoit sans doute les images d’Enrique Ponce qui avait été son témoin d’alternative, en 2012, à Sanlúcar de Barrameda (Cadix). L’année dernière, il a participé à 15 corridas pour et a coupé 36 oreilles et trois rabos. Galvan termine la course en faisant montre d’une envie quasi novillerile. Le public a su apprécier ce jeune plein de classe et de ténacité. L’élégance et le poder sont aussi des qualificatifs qui lui vont bien ! Galvan a aussi su montrer ce qu’était une réelle exposition dans les cornes (contrairement aux essais du jour de Talavannte) en se fichant le bois sur la taleguilla et en usant du desplante qui répond à l’affimation, oui j’ai dominé ce toro. Une oreille et un homme à revoir.
Enrique Ponce revient. Quel moment… L’aficion l’a toujours appréciée, elle ne semble pas l’avoir oublié pendant sa courte retraite. Sa tournée d’adieux promet monts et merveilles mais c’est bel et bien ici, à Nîmes, qu’elle débute devant les toros de Juan Pedro Domecq qu’il a si souvent toréé. Le voir revenir pour s’en aller à nouveau est un crève-cœur pour les tenndidos mais l’histoire s’écrit. Ponce tombe sur un nouveau toro de Juan Pedro sans grande transmission pour les gradins. On n’a pas vu le Ponce que l’on connaissait, le chirurgien urgentiste qui relève les toros. Non, on a vu un Ponce à la gestuelle précieuse, cela ne se perd pas, mais on aurait aimé en voir plus. Silence.
C’est aussi lors de cette course que le maestro de Chiva, Enrique Ponce, a retrouvé un compañero de cartel en la personne d’Alejandro Talavante. Cela faits plus de dix ans qu’ils n’avaient pas été réuni sur la même affiche alors que Ponce était le parrain de l’alternative de Talavante. Pour son ultime combat à Nîmes, il le retrouve. Mais là n’est pas l’histoire… Ponce retrouve aussi un dernier exemplaire de Juan Pedro pour lui couper l’oreille. Une oreille sans réel poids mais l’oreille du grand merci de l’aficion au maestro qu’elle a pu suivre depuis qu’il fut novillero.
Dernier, donc, le natif de Badajoz et protégé de l’empresa Simon Casas, Alejandro Talavante. Ici, à Nîmes, où il a pourtant ses habitudes, il n’était encore jamais passé sous la Porte des Consuls, synonyme de triomphe. Et, contre toute attente, il y a 17 ans que ça dure ! Cette fois encore il est reparti par celle des cuadrillas mais cela a bien failli changer. Avec un toro un peu moins soso que les précédents Talavante se montre plus décidé, notamment au capote. Il essaie de soulever les arènes en entamant sa faena comme il le fait de plus en plus régulièrement depuis quelques mois en plantant les genoux à terre. La suite n’a pas de réel fond, la faena sans relief et le toro se fait légèrement siffler à l’arrastre. Silence.
Cinquième toro de la course pour la seconde opposition de Talavante. Rappelons qu’en 2023, à deux reprises, Talavante fut grand, grandiose même mais n’a pas autant coupé que prévu. L’année dernière toujours et pour que vous compreniez le phénomène qu’il est, il a coupé 70 oreilles mais n’a coupé que quatre queues coupées pour 53 corridas. Rebelote pour Talavante qui coupe deux oreilles face à un Juan Pedro transmettant un chouïa plus. Talavante fait l’effort, fait passer le bicho dans son dos, fait ressentir le danger, bref, il envoûte les étagères qui ne demandaient qu’à être réveillées. Il connaît bien Nîmes et joue avec ça. On savait que l’aficion du jour allait pétitionner pour des oreilles mais on imaginait qu’elles seraient pour Ponce ! Une faena un peu redondante et en-dessous de ce que l’on a vu de lui ces derniers temps. Une oreille peut-être de trop dans l'escarcelle de l’Espagnol mais quand même une belle sortie en triomphe pour lui.