Objectif Gard : Pouvez-vous expliquer l'idée et le concept derrière ce premier Festival de la jeunesse à Rousson ?

Pascal Martinez : L'idée a pris forme il y a longtemps, même dès la campagne électorale. Nous avions inscrit la création d'un événement dédié à la jeunesse dans notre programme. Au départ, nous avons envisagé un simple salon du livre pour les jeunes, mais nous avons vite réalisé que cela ne couvrirait pas assez les pratiques culturelles des jeunes, en évitant les stéréotypes. Pour cette première édition, nous avons donc décidé d'explorer différents domaines : le livre, le cinéma, les jeux vidéo, les jeux de société, les Lego et les arts. Certains éléments comme la musique, le théâtre et le cirque ne sont pas présents cette année, mais nous envisageons de les inclure dans les éditions futures.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de ce que les visiteurs pourront découvrir lors de ce festival ?

Le festival offrira quatre principaux domaines d'activité, quatre plateaux. Tout d'abord, un plateau dédié à la littérature jeunesse, proposant une grande diversité de livres incluant des bandes dessinées, des mangas, ainsi que des ouvrages de science-fiction et de fantasy en lien avec le thème de cette année, "Les mondes virtuels". Ensuite, un espace cinéma en partenariat avec le festival Itinérances, présentant un mini-festival de cinq films. Le troisième plateau sera consacré à la découverte du monde du jeu vidéo, avec plusieurs thématiques pour une exploration collective, y compris l'utilisation de casques de réalité virtuelle. Enfin, un quatrième plateau proposera des ateliers artistiques et graphiques pour les jeunes. Parallèlement, un vide-grenier geek se tiendra dans deux salles annexes le dimanche. 

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Parallèlement à leur potentiel divertissant, les mondes virtuels soulèvent également des questions importantes sur la santé mentale, la dépendance et la vie sociale. Des questions que se posent les parents notamment. Le Festival de la jeunesse de Rousson abordera-t-il ces aspects plus complexes ?

Oui, tout à fait. Pour cela, nous avons prévu des tables rondes et des rencontres avec des experts. En effet, ces questions ne sont pas nouvelles, elles étaient déjà abordées par Flaubert dans Madame Bovary. Le risque de s'enfermer dans un monde imaginaire au détriment du réel existe depuis longtemps. Nous ne voulions pas que le festival se limite à une simple manifestation de divertissement. Nous avons souhaité que ceux qui le désirent puissent également accéder à une réflexion sur ces enjeux. La rencontre avec Laurent Daudet, prévue samedi à 10 heures à l'Auditorium, portera notamment sur l'intelligence artificielle. De plus, la rencontre autour du jeu vidéo avec André Tricot, chercheur dans le domaine du numérique et de l'apprentissage, devrait intéresser de nombreux parents, enseignants et autres personnes en contact avec les jeunes, qui sont témoins de leur forte attraction pour les écrans.

"Impliquer les jeunes dans la communication et le contenu du Festival nous a semblé fondamental."

Pascal Martinez, troisième adjoint à la mairie de Rousson

Les étudiants de Première et de Terminale de la section audiovisuel du lycée Jean-Baptiste Dumas ont réalisé il y a quelques mois une entrevue avec Jordan Mechner, le créateur de Prince of Persia (à lire en cliquant ici). Cette entrevue sera diffusée lors du festival. Est-il important, selon vous, d'impliquer directement les jeunes dans la création d'un festival comme celui-ci ?

Absolument. C'était important à plusieurs égards. D'abord, nous voulions toucher les publics scolaires en marge de l'événement. Nous avons organisé plusieurs activités à destination des élèves des écoles élémentaires, des collégiens et des lycéens. Ensuite, nous souhaitions que les jeunes soient acteurs de la construction de ce festival autant que possible. Les élèves de l'option cinéma audiovisuel ont donc réalisé cette interview filmée de notre parrain, Jordan Mechner, qui ne pouvait être présent car il se trouve aux États-Unis. Ils ont également participé à la création des teasers, des Reels et des stories des réseaux sociaux du Festival. Impliquer les jeunes dans la communication et le contenu du festival nous a semblé fondamental. Par ailleurs, lors de la table ronde avec André Tricot, des jeunes du dispositif "Réussir Aujourd'hui" seront les apprentis modérateurs. Ce festival est pour les jeunes mais également en grande partie par les jeunes.

Combien de temps a été nécessaire pour organiser ce Festival de la jeunesse à Rousson ?

J'ai réfléchi à ce projet depuis plusieurs années, depuis que nous avons identifié le besoin. Mais cela fait environ un an et demi que nous travaillons sérieusement sur ce festival, depuis les premiers contacts avec les partenaires institutionnels et de réalisation. À la mairie, trois personnes étaient mobilisées en permanence, dont moi-même, Bianca Selzer et Odile Margat. Dans le dernier mois avant l'événement, l'équipe s'est élargie à la quasi-totalité des élus pour mettre en place la réalisation matérielle. À ce stade, toute l'équipe était sur le pont.

"À mon avis, il n'y a rien de plus gratifiant qu'un moment culturel partagé entre les générations."

Pascal Martinez, troisième adjoint à la mairie de Rousson

Vous avez déclaré lors de la conférence de presse que le festival était axé sur la jeunesse, mais que toutes les générations étaient les bienvenues, n'est-ce pas ?

Oui, en effet. C'est mon expérience en tant que parent qui me permet de le dire. J'ai deux enfants, l'un âgé de 25 ans et l'autre de 30 ans, et j'ai toujours eu tendance à penser que l'échange intergénérationnel est enrichissant dans les deux sens. Je suis de plus en plus conscient, et cela m'émeut lorsque j'y pense, du fait qu'ils m'ont beaucoup apporté. J'ai toujours essayé de rester ouvert à leur culture, et aujourd'hui, je sens que j'ai appris davantage d'eux que ce que je leur ai enseigné. À mon avis, il n'y a rien de plus gratifiant qu'un moment culturel partagé entre les générations. Nous avons vu des phénomènes comme Harry Potter, lus par les enfants, puis vus par les parents et même les grands-parents. Nous avons veillé à ce que cette dynamique se manifeste également dans ce festival, où la découverte se fait en famille. Qui va faire découvrir quoi à qui ? Nous avons hâte de le découvrir.

Qu'espérez-vous que les visiteurs retiennent de cette première édition du Festival de la jeunesse à Rousson ?

De la lumière, des étoiles, du bonheur, du plaisir, de la joie. Nous espérons que pour les visiteurs, ce sera un moment de partage et d'émerveillement. Nous voulons illuminer le quotidien en montrant que la culture offre différentes perspectives sur le monde et en embellissant notre réalité qui en a bien besoin.

Ce festival vise-t-il à se pérenniser ?

Oui, c'est notre objectif. Cependant, cela dépendra de son succès. À ma connaissance, il n'y a pas d'expérience similaire où différents supports culturels sont réunis de cette manière. Alors que nous avons tendance à les séparer, nous avons décidé de les rapprocher, de les croiser, tout comme le font de nombreux créateurs présents dans ce festival. Nous verrons si cette alchimie fonctionne, mais c'est bien parti pour durer.