SAINT-MARTIN-DE-VALGALGUES Un collectif s'insurge contre le parc photovoltaïque de Lacoste-Lavabreille
Le Collectif citoyen pour les énergies renouvelables du bassin alésien (Cerba) exprime une vive opposition au projet de la centrale solaire de Lavabreille-Lacoste, évalué à vingt millions d'euros. Prévoyant une mobilisation importante sur les lieux ce jeudi 6 juin, le collectif réaffirme ses revendications malgré son inauguration qui approche.
Le parc photovoltaïque qui fait débat. L'inauguration, prévue initialement pour ce jeudi 6 juin, a été reportée en raison de l'agenda de Sylvain Panas, directeur régional Occitanie de TotalEnergies. Une décision contestée par Sébastien Espagne, membre du Collectif citoyen énergies renouvelables du bassin alésien (Cerba), qui accuse le fournisseur d'électricité de vouloir éviter la confrontation avec la mobilisation citoyenne.
Ce projet de parc photovoltaïque à Saint-Martin-de-Valgalgues est pourtant en préparation depuis longtemps. Dès 2014, une enquête publique avait été réalisée. Elle ne portait initialement que sur l'étude d'un projet de parc sur six hectares, soit aujourd'hui une zone qui s'est largement élargie. Soit là, une première revendication du Collectif. "Ils ont complètement changé l'envergure du projet, sans pour autant requestionner l'enquête publique alors que la surface a été multiplié par quatre, c'est aberrant" déclare Sébastien Espagne. Selon les données d'Alès Agglomération, 34 749 panneaux ont finalement été installés sur la zone de Lacoste-Lavabreille, s'étendant finalement sur environ 32 hectares. Cette installation devrait couvrir les besoins en électricité d'environ 15 000 personnes, soit 31 % de la population.
Dès son annonce, le projet a divisé et avait réuni plusieurs collectifs lors d'une conférence de presse en janvier 2023 à la ZAC de Lacoste-Lavabreille. Un an plus tard, en juin 2024, le Collectif citoyen énergies renouvelables du bassin alésien (Cerba) poursuit son combat et prépare une mobilisation massive, bien que la mise en marche des panneaux photovoltaïque semble déjà avoir été faite. Ce mouvement de contestation, prévu pour ce jeudi 6 juin, se tiendra malgré le report de l'inauguration et sera reconduit lors de la cérémonie officielle une fois la nouvelle date fixée. Mais que reproche exactement le collectif ?
Un projet qui interroge, sur plusieurs points
L'énergie photovoltaïque, en soi, ils sont pour. Néanmoins, nombreux sont les facteurs qui alimentent la colère des membres de ce Collectif. En premier lieu, le choix du site. "En termes d'autonomie alimentaire, l'Agglomération est en retard, comme. Il faut plus que jamais réfléchir aux circuits courts, souligne Sébastien Espagne. Dans un contexte où il y a aussi la difficulté pour les jeunes agriculteurs du bassin à s'installer et trouver des terres. Or, les 32 hectares concernés par ce parc photovoltaïque étaient initialement un verger, où un producteur produisait des abricots et des pêches, avant d'être expulsé dans les années 1960. Pour faire place à une zone d'activité industrielle qui n'a que très peu vu le jour. La zone aujourd'hui est redevenue naturelle, avec même des acacias qui ont repris possession des lieux."
L'Agglomération a alors fait le choix de convertir ces 32 hectares de terres agricoles, situées en bord de Gardon et jugées idéales pour la culture par le Cerba en raison de leur limonosit, en un champ photovoltaïque. Selon le Collectif citoyen énergies renouvelables du bassin alésien, ces terres auraient pu être utilisées plutôt par une dizaine de maraîchers ou pour alimenter les cantines de l'Agglomération.
Toujours selon le témoignage de Sébastien Espagne pour Objectif Gard, l'Agglomération d'Alès chercherait à rattraper son retard dans le domaine des énergies renouvelables. Les contraintes environnementales et européennes exigent d'atteindre 30% d'énergie renouvelable d'ici 2030 sur les territoires. Et pour passer de 9% à 30%, l'échelle est importante.
Plutôt que d'investir dans les toitures communales ou les bâtiments municipaux, l'Agglomération a travaillé pour ce projet avec TotalEnergies, non pas par choix puisque pour rappel, la première entreprise a été rachetée par TotalEnergies, passant ainsi rapidement à 30% en installant ce champ de panneaux solaires. Le représentant du Collectif estime que cette approche est loin d'être optimale et suggérait plutôt d'investir localement en faisant travailler des entreprises du territoire, comme les artisans, au lieu d'importer du matériel depuis la Chine, comme ce fut le cas par le biais de Total.
"Nous aurions pu imaginer une Agglo qui invente une régie intercommunale de l'électricité. Comme ils l'ont brillamment fait pour l'eau d'ailleurs."
Sébastien Espagne, membre du Collectif citoyen pour les énergies renouvelables du bassin alésien
Un autre élément soulevé également, concerne également le lieu et la proximité avec le Gardon. "Le jour où nous avons une Gardonnade et que des débris viennent se coincer dans les structures métalliques... Même si les panneaux sont installés à cinq mètres de hauteur, j'espère que cela sera suffisant en cas de crue violente, comme cela peut arriver sur notre territoire," craint-il.
"L'Agglo aurait dû être moteur en mettant des billes et construire une coopérative citoyenne pour que les citoyens s'en emparent."
Sébastien Espagne, membre du Collectif citoyen pour les énergies renouvelables du bassin alésien
Les raisons qui poussent le Collectif citoyen énergies renouvelables du bassin alésien à manifester sont donc multiples. Le Cerba parle même de "greenwashing" réalisé par TotalEnergies. Et malgré l'officialisation du projet et son inauguration à venir dans les prochains jours, le Collectif se mobilise pour une potentielle dernière action avant, peut-être, sa disparition...
Informations
Un covoiturage sera donc organisé à partir de 9h30, de la bourse du travail à Alès, en direction du parc photovoltaïque, pour une mobilisation.