Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.12.2022 - François Desmeures - 3 min  - vu 1527 fois

TRÈVES Christine donne à ses santons une identité qui traverse le Gard

François Desmeures

Santonnière qui revendique l'origine gardoise de ses créations, Christine Athanassaras a un jour eu l'idée d'affubler ses personnages de petits accessoires qui ont fait leur succès. Une idée largement copiée depuis. 

Christine Athanassaras devant son mur de moules en plâtre, en traine de peindre ses derniers spécimens qui allaient rejoindre le marché aux santons d'Uzès, le week-end dernier • François Desmeures

Pour déménager son entreprise santonnière, Christine Athanassaras a tracé une grande diagonale sur le département du Gard. Elle habitait Beaucaire, la voici à Trèves, dans un petit atelier de la rue de l'École. La tranquilité des lieux et de la sortie des gorges du Trèvezel rythment son quotidien de création. Pour elle, cette prise d'altitude est une forme de retour aux sources, car "mon grand-père est venu chercher ma grand-mère ici"

Car si Christine est venue implanter ses santons Lou Christou il y a trois ans, à deux pas de l'Aveyron, sa petite entreprise a 25 ans d'existence. Elle habitait alors la Cité des Espagnols, à Nîmes. "Mais ma clientèle était déjà établie. Je fais les marchés et vends via Internet." Elle n'a donc vu aucun risque à délocaliser sa production. "Je ne me suis pas posé la question", évacue-t-elle simplement. Et paradoxalement, dans l'un des coins les plus reculés du Gard, "je me sens moins seule ici que je ne l'étais en bas. J'ai retrouvé une vie formidable, avec tellement de convivialité... Je suis une enfant du pays, j'avais gardé le lien." 

Christine a désormais plusieurs dizaines de personnages disponibles et ne cesse de diversifier les professions représentées • François Desmeures

Le lien, aussi, avec un artisanat apparu comme une évidence après trois ans d'arrêt à la suite de la naissance de son deuxième enfant. "Avant, j'étais technicienne de laboratoire, rembobine Christine Athanassaras. J'aimais beaucoup, mais ça ne laissait pas de place à la création. Je voulais faire styliste. Pendant dix ans, j'avais cousu et vendu sur les marchés." Fille d'une immigrée espagnole, Christine possède déjà la culture du santon. "En 1995, j'ai eu mon fils et je suis partie chercher des santons. J'en ai trouvé à peindre."

Ces premières réalisations obtiennent un important succès auprès d'une famille qui en commande à Christine. "J'ai commencé à en acheter puis à revendre. Mais les santonniers, quand c'est la saison, n'ont plus de santon à vendre pour être peints... Alors, un collègue, potier Nîmes, m'a vendu de la terre et j'ai cuit chez lui."

Parmi les derniers nés, la famille de charbonniers • François Desmeures

Christine progresse mais se heurte à un nouveau problème, le besoin de faire des moules pour "industrialiser" quelque peu ce qui reste un artisanat. "Pour le premier moule, ç'a été le menuisier, mon papa, se souvient Christine Athanassaras. La saison d'après, j'avais une trentaine de personnages disponibles." Elle sollicite alors pour participer au marché aux santons de Garons. Les produits posés sur 50 cm de linéaire, au fond de la salle d'exposition, partent comme des petits pains. 

Le secret ? "Le boulanger, le meunier... tout le monde les fait. Je me suis dit, il faut quelque chose en plus." Faisant revivre la matelassière ou la famille de charbonniers, elle ajoute à ses créations de petits accessoires à dimension, comme cette dentelle pour le chapeau à filet de l'apiculteur, un marteau pour le ferronnier ou le filet de pêche de l'homme de la mer... Des pièces qui viennent rehausser la sculpture de départ au lieu d'être moulées avec. 

La sorcière, star de la fête des sorcières de Saint-Chaptes, le 1er novembre de chaque année • François Desmeures

"Ç'a été l'apocalypse", en rigole encore Christine, qui a vu ses ventes décoller en flèche. Et des concurrents l'imiter. Mais peu importe : elle continue son propre chemin, ajoutant des personnages à la crèche, comme une dame chargée de trier les oignons doux des Cévennes, une poêle pleine de châtaignes pour la rabanelle, un torero, des brebis à pompons qui sont toutes parties lors de la fête de la transhumance, ou même le maire de Trèves, Régis Valgalier, à la moustache blanche reconnaissable entre mille. 

Les tarifs de ses créations originales varient de 2 à 50€. Mais le prix moyen est plutôt de 20€ pour un personnage. Christine travaille aussi sur commande. Elle a ainsi pu croquer un groupe folklorique de la région, entre autres. Elle fut l'une des créatrices du rendez-vous Gard au santon, qui met en avant l'originalité de la production gardoise, un peu différente de celle qui a lieu en Provence. L'histoire de chaque personnage est conté sur le blog de Christine Athanassaras. Il devient ensuite difficile de ne pas s'attacher aux personnages de sept centimètres de ce petit monde ancien en miniature. 

https://louchristou.skyrock.com

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