Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 25.02.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 626 fois

FAIT DU SOIR Des ultrasons pour protéger les cultures des sangliers

Un effaroucheur à sangliers

- Photo : DR/Repzen

Ils sont redoutés par les agriculteurs et leur population ne fait qu’augmenter, notamment dans le Gard : les sangliers, et dans une moindre mesure les cerfs et chevreuils, provoquent d’importants dégâts sur les cultures, d’un montant de 77 millions d’euros en France pour 2021, selon les services de l’État. Pour lutter contre ce fléau, une nouvelle solution écologique pointe le bout de son nez depuis Rochefort-du-Gard.

Il s’agit d’effaroucheurs à ultrasons. « Le grand gibier et les rongeurs y sont très sensibles, pour eux c’est un bruit assourdissant qui les fait quitter la zone sans qu’on n’ait à les blesser ni à les tuer », présente Orsolya Sabourin, à la tête de l’entreprise Repzen, crée il y a deux ans, unique distributeur en France de ces appareils conçus en Hongrie par Vadalarm. Le principe des ultrasons est déjà bien connu, notamment avec les sifflets pour chiens inaudibles par l’homme, le voilà donc adapté à la protection des cultures. Pour que ça marche, « il faut placer l’appareil à la hauteur des oreilles des animaux, 60 centimètres pour le sanglier, 1,50m pour le cerf, et l’orienter vers la provenance du grand gibier », précise Orsolya Sabourin. Chaque appareil a une portée de 100 à 150 mètres.

Cette solution, qui permet donc de protéger les cultures sans avoir à tirer une cartouche ni à clôturer les parcelles, est suivie de près par les chasseurs, dont la Fédération départementale est tenue d’indemniser les agriculteurs pour les dégâts causés par le grand gibier. « Nous sommes en partenariat avec la Fédération des chasseurs du Gard, dans ce cadre nous avons déployé une cinquantaine d’appareils sur différentes parcelles », avance Orsolya Sabourin. De quoi voir sur pièce si ça marche.

Et même si « c’est très difficile à quantifier puisqu’on parle du vivant », tempère la gérante de Repzen, certains exemples sont probants, comme ce champ de 50 hectares de pois-chiches à Calvisson protégé par une quinzaine d'appareils, « où il y a des dizaines de milliers d’euros de dégâts chaque année, là, trois à quatre semaines après le semis, il n’y a pas de sangliers », présente-t-elle, alors qu’il s’agit de la période où ces dégâts se produisent habituellement. Idem pour la pépinière a bambous de la Bambouseraie, aussi protégée par des effaroucheurs à ultrasons. « C’est une méthode qui va venir compléter les autres moyens d’effarouchement », résume Orsolya Sabourin.

La roechefortaise Orsolya Sabourin est à la tête de Repzen • Photo : Thierry Allard

L’appareil est aussi capable d’effaroucher les oiseaux, qui n’hésitent pas non plus à venir se servir dans les cultures. Pas d’ultrasons cette fois, mais « des cris d’oiseaux prédateurs ou d’oiseaux en détresse, avec une fréquence destinée à perturber les oiseaux au maximum », précise la rochefortaise. Le tout géré à distance par Bluetooth à partir d’une application mobile. Les appareils sont autonomes en énergie et tournent avec des panneaux solaires.

Le Gard, terre de sangliers

Venue du développement commercial international et originaire, comme ces appareils, de Hongrie, Orsolya Sabourin s’est vite rendue compte « du besoin énorme » de protection des cultures, surtout face à la prolifération du grand gibier. Ainsi, sur la campagne 2021-2022, plus de 25 000 sangliers ont été « prélevés » (comprendre : chassés) dans le Gard, ce qui plaçait notre département au deuxième rang national après le Loir-et-Cher, et au niveau national, le nombre de prélèvements de sangliers a presque doublé en vingt ans. « Il y a de plus en plus de gibier et de moins en moins de chasseurs, c’est intenable », résume Orsolya Sabourin. On compte en effet deux fois moins de chasseurs aujourd’hui qu’il y a cinquante ans dans notre pays.

Alors dans ce contexte, Orsolya Sabourin croit dur comme fer détenir « un morceau de la solution » avec ses appareils commercialisés entre 150 et 850 euros l’unité. « Le bouche-à-oreille commence à fonctionner », ajoute-t-elle, alors qu’elle s’apprête à monter au Salon de l’agriculture ce jeudi pour rencontrer l’association La Ferme digitale, qui se donne pour mission de promouvoir l’innovation et le numérique dans l’agriculture. Alors, même si on ne les entend pas, les ultrasons de Repzen pourraient bien finir par faire du bruit.

Thierry Allard

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