BEAUCAIRE "Beau caillou", un autre regard sur la ville
À travers leur livre "Beau caillou" publié aux éditions B42, Alexandre Dimos et Stéphanie Lacombe proposent une immersion dans la ville de Beaucaire, au plus près de sa population et notamment de sa jeunesse.
Alexandre Dimos a vécu à Beaucaire, jusqu'à ses 18 ans. Ses études l'ont mené vers d'autres contrées, mais il y garde quelques attaches familiales. Dans les années 90 déjà, la ville était en mouvement, du centre vers la périphérie, et l'arrivée de travailleurs agricoles étrangers - bien avant les sud-américains - était un fait commun. 30 ans après, les occupations des habitants, tournées vers le Rhône et les traditions locales ou plus lointaines, n'ont pas vraiment changé. "J'avais envie de mettre en valeur ce territoire-là, en tout cas de le mettre en valeur, de le rendre visible et donner un point de vue différent de ce qu'on a l'habitude de voir."
Le Beaucairois regrette que "depuis 2014, on ne s'intéresse à Beaucaire parce que la mairie est Rassemblement national." Lui s'est attaché à comprendre ces terres sur le prisme du vivre ensemble, "savoir pourquoi il y a de la méfiance, du ressentiment, tout en ayant comme Stéphanie le montre dans les photographies, ce moment où les différentes populations se retrouvent lors des fêtes d'été etc."
Retenu dans le cadre du programme de soutien à la création artistique Mondes nouveaux, ce livre - une fiction-documentaire complète ce travail - est composé de plus de 200 photographies réalisées par Stéphanie Lacombe. Une habituée de ce genre de productions, mais orientées dans les Hauts de France. La Cadurcienne désormais domiciliée en région parisienne, ne connaissait pas Beaucaire, mais retrouve en elle des caractéristiques, des mécanismes sociétaux d'autres villes de Province. "Quand Alexandre m'a proposé son projet sur Beaucaire, j'ai eu envie de m'intéresser aux jeunes, ceux qui subissent l'assignation scolaire et à résidence, de comprendre pourquoi ils n'ont pas fait le choix de partir", précise Stéphanie.
S'en est suivi un long travail de terrain pour s'imprégner de l'histoire de cette ville, s'immerger dans les traditions, la course camarguaise en premier lieu. "Je ne connaissais pas, j'ai trouvé ça très fédérateur, un peu comme une coupe mondiale de football. Tout le monde s'y retrouve, peu importe son origine. Et finalement, l'été, il n'y a pas grand chose d'autre, les services publics ne remplissent pas forcément toutes leurs missions", ajoute la photographe. Ce qui, pour Alexandre, a fait rejaillir des souvenirs d'enfance liés à l'ennui, que l'on devine dans les textes qui précèdent les images.
Stéphanie Lacombe a aussi pu découvrir les différentes populations qui composent Beaucaire et ont accepté de partager un bout de leur quotidien. "Vous vous intéressez à eux, vous cherchez à les mettre en valeur, vous avez un regard bienveillant sur leur parcours, vous essayez de comprendre pourquoi ils sont là... Ils étaient tous hyper fiers de participer à ce projet." Et finalement dans ce livre la ville de Beaucaire se raconte à travers le regard de ceux qui y vivent, qui témoignent de leur situation personnelle et professionnelle.