Comme chaque année depuis 2014 et l'élection du RN à la mairie de Beaucaire, la crèche provençale de Noël a été inaugurée mercredi 4 décembre dans le hall de l'hôtel de ville, et ce malgré plusieurs condamnations. "Rassurez-vous les amis, en tant que bon gaulois réfractaire, cette crèche 2024 ne sera pas présentée en version woke, les modes stupides n'ont pas leur place ici, chez nous", a lancé sourire en coin Nelson Chaudon, le nouveau maire de Beaucaire, donnant le ton pour la suite de son discours. "Nous n'avons pas retiré les animaux de la crèche pour faire plaisir à Aymeric Caron, Sandrine Rousseau ou autre bobo Parisien. Nous n'avons pas non plus écarté Marie à la demande d'une pseudo association féministe, nous n'avons pas non plus banni Joseph le charpentier, retiré le menuisier ou le berger sous la pression des syndicats leur interdisant le potentiel travail de nuit", a-t-il déclaré devant des habitants hilares. 

Le sujet n'est pourtant pas là. Ce ne sont pas les députés de gauche, les associations féministes ou les syndicats, mais bien l'article 28 de la loi du 9 septembre 1905 sur la séparation des Églises et de l'État qui "interdit l’installation, par des personnes publiques, de signes ou emblèmes qui manifestent la reconnaissance d’un culte ou marquent une préférence religieuse". Comme le souligne le Conseil d'État, qui a validé en 2022 une décision datant de 2020 du tribunal administratif de Nîmes interdisant l'installation de cette crèche à Beaucaire, c'est le principe de laïcité qui interdit les crèches dans les lieux publics. Quelques exceptions existent, dans les cas où "des circonstances particulières montrent que cette installation représente un caractère culturel, artistique ou festif." C'est sur cela que joue l'élu, tout comme son prédécesseur. 

Dans un discours soigneusement préparé, lu mot à mot, le premier édile Beaucairois n'a pas manqué de s'appuyer sur cette exception en s'adressant aux personnes "aussi fantasques qu'avides de lumière", qui seraient présentes dans l'objectif de l'assigner en justice pour non respect de la laïcité. "Leur amerture et leur vice ne nous empêcheront jamais de défendre notre patrimoine. Elles n'empêcheront jamais les enfants de s'émerveiller devant cette exposition culturelle, artistique, et festive", a-t-il affirmé avant de mettre fin au suspens..."Quant à l'enfant Jésus, vous remarquerez qu'il n'est pas présent ce soir, mais rassurez-vous, il viendra en temps et en heure parce que personne ne peut nier que cette tradition ancestrale puise ses racines dans la chrétienté." Cette crèche qui comporte 300 santons provençaux sera installée dans le hall de l'hôtel de ville jusqu'au 2 février 2025.