FAIT DU JOUR GPA en Colombie : le parcours compliqué des Ludovic pour devenir papa
Il était une fois, deux papas : ils se marièrent, et voulurent un enfant. Ce conte peu banal, c’est celui raconté par Ludovic Dangles-Lacquois, qui narre le parcours semé d’embûches qu’il a vécu avec son compagnon, Ludovic (oui, lui aussi) dans leur quête de parentalité.
Lorsqu’on entre chez les Dangles-Lacquois, on est accueillis par I-cloud et Ikea, les deux petits chiens du couple compsois, qui nous escortent jusqu’au salon où se trouve un parc pour enfant. Et pour cause, bébé arrivera dans moins de deux mois. Une nouvelle page dans la vie de ces futurs papas qui s’écrit notamment grâce à la fondation Surrogay, qui a pour vocation d’accompagner les couples qui le désirent dans un parcours de GPA, la gestation pour autrui. Si cette pratique qui consiste à demander à d’autres femmes de porter son enfant est interdite en France, d’autres pays, comme la Colombie vers laquelle se sont tournés Ludovic et son mari, l’autorisent.
Une épreuve de patience
L’aventure des compsois n’a pas été de tout repos : on devine évidemment les galères administratives, auxquelles il faut ajouter tous les soucis classiques d’une grossesse, au détail près qu’ils sont vécus à 6 500 km de distance ! « Chaque petit problème de santé devient la source d’une grande inquiétude : l’autre jour, on a reçu un message de Maria-Angel (la femme porteuse qui aide le couple) qui disait que tout allait bien, mais qu’elle vomissait du sang. Rien de grave heureusement, mais ce sont vraiment les montagnes russes… » Il faut dire que les Ludovic n’en sont pas à leur premier essai de GPA : la première, qui se faisait en Ukraine, s’est soldée par un échec, entre fausse couche et guerre contre la Russie. « On a perdu de l’argent, mais surtout beaucoup d’espoir ».
Le couple se lance alors dans une nouvelle recherche, et trouve la fondation Surrogay, qui les accompagne dans leurs démarches. « On est guidés et rassurés par les autres papas aussi. C’est un véritable soutien face à toutes les difficultés et à toutes les étapes du projet ». S’en suit un départ en Colombie, où après plusieurs examens médicaux et psychologiques, ils « matchent » - « un peu comme sur Tinder », plaisante Ludovic - avec Maria-Angel. La relation, d’abord timide, évolue rapidement en échanges quotidiens où se mêlent taquineries et infos relatives à la grossesse. « Elle fait vraiment partie de nos vies maintenant : on lui envoie des playlists à jouer au bébé, elle nous parle de sa fille à qui on a envoyé un cadeau à Noël. Elle sera toujours dans nos vies, et nous lui sommes extrêmement reconnaissants de ce cadeau qu’elle nous fait. »
"On n'achète pas un bébé à l'étranger"
Alors ce projet d’une vie, Ludovic a ressenti le besoin de le raconter. Il écrit donc Papas en Colombie, au fur et à mesure de son avancée, un conte où son mari et lui sont mis en scène sous l’apparence de deux apprentis sorciers bravant courageusement tous les défis pour fonder leur famille. Graphiste de profession, le voilà devenu auteur fantastique : la clinique est devenue une école de magie, les ovules de la donneuse des perles magiques, et Maria-Angel une fée bienfaitrice. Chaque double page, illustrée par un artiste colombien, représente une étape : le désir d’enfant, la rencontre avec Surrogay, l’apprentissage de la patience, la grossesse tant désirée… et à ce jour, le conte s’arrête là. « C’est un peu de la superstition : la trame narrative est plus ou moins claire dans ma tête, mais je ne veux pas écrire à l’avance et risquer de nous porter la poisse. C’est la même chose pour le prénom du bébé, nous ne sommes que trois à le connaître : mon mari, Maria-Angel et moi. »
Un conte franco-colombien qui sera pourtant auto-produit localement : imprimé à Tarascon, et à commander uniquement via le site Internet du projet au prix de 12,50 €. Chaque vente rapportera par ailleurs 1,50 € à l'association colombienne Fundaciòn Grandes Corazones qui accompagne les femmes porteuses (et non pas mères-porteuses, puisque si elles portent l'enfant, "elles n'en sont pas les mères, même biologiquement parlant") avant, pendant et après la grossesse. "Elle les aide par exemple à financer des projets de vie ou professionnels notamment, et opère en Colombie bien sûr, mais aussi en Argentine et au Mexique".
Il est possible de précommander l’ouvrage dès aujourd'hui, sa publication étant prévue aux alentours du mois de juin après l’arrivée de bébé en France. Le livre prévoit une traduction en trois langues : français bien sûr, mais également en anglais et en espagnol, pour pouvoir diffuser cette histoire aussi dans le pays qui aura rendu le petit miracle des Compsois possible. « La GPA subit beaucoup de préjugés et est un peu taboue. Les gens ne comprennent pas toujours qu’elle peut être éthique et vertueuse comme notre projet : on n’achète pas un bébé à l’étranger, on vit cette grossesse autant, sinon de façon plus intense qu’une grossesse classique. Ce livre, c’est un message d’amour et de tolérance que j’ai voulu faire passer à mon enfant, et aux futures générations. »