Il est fort charmant ce petit village perdu rive gauche du Rhône mais bel et bien Gardois. Même s’il ne compte pas 1 500 âmes à l’année, l’été il connaît un souffle nouveau. Et, en août, il est carrément en fête car il célèbre son histoire, sa belle et noble histoire.

Depuis 30 ans, chaque deuxième week-end d'août, on célèbre à Vallabrègues une bien jolie tradition, la fièvre des baïssiers, c'est-à-dire le joyeux retour au village des hommes partis plusieurs semaines récolter le roseau de Camargue. En 2022 cette fête a été annulée en raison de la crise sanitaire covid 19 donc il est temps de reprendre les bonnes habitudes.

Ce petit village typique a une histoire particulière. Baigné par le Rhône, il a souvent subi les caprices du fleuve, et a offert ses terres à la culture de l'osier. Il fut initialement sur la rive droite du Rhône, puis île entourée par les eaux, et aujourd'hui situé sur la rive gauche du Rhône (le seul village du Gard sur cette rive, soit dit en passant) !

Un peu d'histoire pour bien comprendre...

Vous avez compris même si les temps modernes l’oublient un peu, Vallabrègues est un village de vanniers. Rien d’étonnant à voir ici organisé un festival de la vannerie car depuis le XIXe siècle, Vallabrègues est célèbre pour cette raison, et l’on trouve encore aujourd’hui dans l’une des ruelles cachées du centre ancien, le tout dernier vannier du village.

Revenons quelques pas en arrière. Au tout début du XXe siècle et à la fin du siècle précédent… Vallabrègues est alors véritablement considérée comme la capitale de la vannerie. Ici, près de 450 vanniers vivent et exercent leur métier.

Les vanniers partaient récolter l’osier, dans les baïsses, ces terres fertiles et marécageuses longeant le fleuve. Le retour des baïssiers était célébré dans tout le village et donnait lieu à de grandes fêtes animées.

La culture de l’osier s’appelle l’osiériculture. L’osier est récolté en hiver. Celui-ci ne nécessite aucun traitement, il peut être utilisé brut, l’osier est alors séché et conservé dans un endroit sec et frais. On peut également travailler l’osier blanc. Pour le fabriquer, il faut plonger les bottes dans l’eau jusqu’à ce qu’elles montent en sève. On enlève ensuite l’écorce et on le sèche à l’air libre.

Quand on dit osier, on pense panier ! Et pourtant, on peut faire tellement de choses avec de l’osier… L’osier revient même à la mode avec des abat-jours super modernes et graphiques, des suspensions et autres accessoires.

À l’époque, la canne était une matière première récoltée autour du village, elle l’est encore de nos jours. C'est la canne de Provence qui pousse sur les canniers en bordure des champs ou des routes. Elle est coupée l'hiver, elle est raclée par les femmes, en plein air. Avant d'être travaillée, elle est fendue en quatre branches, c'est un travail dangereux. Ces objets rentrent dans la catégorie de la vannerie ronde.

Arrêtons-nous quelques instants sur la banaste, spécialité de Vallabrègues. La banaste est l'emballage qu'utilisaient encore, il y a quelques dizaines d'années, les agriculteurs pour expédier leurs cerises. Il fallait voir cet alignement de banastes toutes pleines de cerises rouges sous les arbres du marché de la Calade ! Une botte d'osier était nécessaire pour fabriquer trois paires de banastes de 24 pouces. Durant la fête de la vannerie, on accroche les anciennes banastes dans les rues comme décoration.

L’ouvrage

Deux éléments essentiels entrent en ligne de compte dans un ouvrage de vannerie. L'armure ou armaturo, est la chaîne d'un tissage faites de brins verticaux que l'on voit quand le panier se forme. Elle est formée des brins appelés les montants ou mountant. La clôture ou clousesoun, deuxième élément essentiel, est la trame d'un tissage, les brins mobiles et actifs qui s'enchevêtrent plutôt horizontalement pour monter le panier.

Un ouvrage de vannerie comporte trois parties essentielles : le fond, lou founs, le corps, lou cors, l'ouverture, la gulo. On peut y ajouter les anses, li maniho, un couvercle, lou curbecèu.

On distingue les ouvrages de grosse vannerie et ceux de la vannerie fine. Dans la grosse vannerie, plusieurs catégories : les paniers et corbeilles, les gourbins, les banastes, les bressets ou redelets, les poissonnières, les nasses, les dames-jeannes. Mais aussi les paniers qu’ils soient ronds, longs ou ovales.

Le panier sert surtout pour la cueillette des fruits, comme le panier à cerise encore utilisé dans le village, le panier à olives demandé dans les Alpilles. Le panier, objet le plus connu en vannerie, à l'origine utilisé pour conserver le pain, est un ouvrage de faible dimension, muni d'une grande anse.

Aujourd’hui, vous pouvez visiter le musée qui retrace l’histoire de la vannerie dans ce village. Vallabrègues accueille chaque année des artisans vanniers de toute l'Europe qui présentent leurs créations, racontent les traditions ancestrales et organisent des ateliers pour faire découvrir l'art de la vannerie au plus grand nombre. Le musée éponyme est une valeur sûre pour qui apprécie à sa juste valeur le travail de l’osier.

Ce n'est pas un hasard si Vallabrègues fait partie des fins connaisseurs en la matière puisque la commune a longtemps vécu de la vannerie, et qu'elle en porte encore les traces. Créé en 1994 par des passionnés, le musée s'emploie depuis à trouver et à exposer banastes et valisettes, et à maintenir vivante la mémoire d'un artisanat qui revient à la mode.

Parmi les matériaux indémodables qu’offre la nature, l'osier peut réserver quelques belles surprises et il se trouve que Vallabrègues en a forcément les secrets. Mises entre les mains expertes d'humains créatifs, ces longues tiges qui poussent les pieds dans le Rhône se transforment en contenants à la fois pratiques, originaux et jolis, ce qui ne gâche rien.

Et cela ne date pas d'hier. En témoigne le musée de la Vannerie, à Vallabrègues, avec son cortège de petits et grands objets souvent insolites, mais toujours en osier.

Deux jours durant, le village se pare de ses plus beaux atours. Ainsi, des paniers sont accrochés dans les ruelles, les maisons et la place du village sont décorées. Les gens de Vallabrègues, les Vallabréguants, toutes générations confondues, se prennent au jeu et défilent en calèches et costumes provençaux, ils partagent leur tradition avec passion.

Les villageois feront revivre les coutumes et savoir-faire de leurs grands-parents

Autre possibilité après la visite du musée, celle de l’atelier d'un des derniers vanniers. Le public curieux pourra rencontrer l'artisan vannier Daniel Benibghi qui expliquera la culture de l'osier et son travail jusqu'au panier fini. Fabrication sur mesure pour particuliers et professionnels, si vous avez des questions, c’est à lui qu’il faudra les poser.

Pour avoir une vannerie de qualité, il est impératif d'avoir du bon osier. C'est pourquoi Daniel Benibghi a planté ses propres oseraies avec des variétés choisies telles que petite grisette, noir de Vilaine, purpurea… L'osier est un matériau écologique qui, dans la région, ne demande aucun traitement.

La récolte se passe en hiver. L'osier coupé et mis en bottes est emporté pour être nettoyé et trié par longueurs tous les 20 cm. On obtient alors des tailles allant de 80 cm à 2,60 m, parfois plus...

Riche en formes, en tailles et en couleur. Ronds, ovales, carrés, petits, moyens, grands. Osier blanc, brut ou teinté… Au gré de vos besoins, pour raviver des souvenirs d'enfance ou au fil de vos coups de cœur, la vannerie osier s'adapte à tous les intérieurs.

Qu’allez-vous trouver à Vallabrègues si vous tentez le déplacement ? Des foodtrucks, buvettes et restaurations locales, mais aussi la vente de vins de La Cuvée des Vanniers, le Musée de la Vannerie, des stands de costumes traditionnels avec Valabrègo e tradicioun, la conciergerie de l'arlésienne, la visite de la cabane des Baïssiers, des expositions de peintures, et un stand vintage avec des T-shirts et autres goodies des années précédentes à petit prix !

Ce dimanche au programme, de 9h à 20h l’ouverture du village des vanniers. À 11h, la messe aux arènes, puis à midi l’apéritif musical animé par un groupe folklorique. Sur les coups de 18h place au tirage de la tombola puis au concert en plein air avec DJ Garry à 21h. Fin de la journée à 22h30 avec le grand feu d'artifice au lac et la clôture du festival.

Tarif pour accéder au Village des Vanniers à 3 euros, gratuit pour les enfants de moins de 16 ans (inclus dans le billet, un tarif préférentiel au musée de la Vannerie pour 2,50 euros en plus de la participation à la tombola).