FAIT DU JOUR Plus à la fête, le seul bar d'Aubais menace de fermer
Depuis plusieurs semaines, un conflit oppose un groupe d’Aubaisiens à la municipalité. Les premiers reprochent au maire de favoriser un cafetier d’Aigues-Vives pour les festivités locales, au détriment du bar du village qui risque de fermer. De son côté, le premier édile explique être la cible de l’ancienne municipalité. Chacun dénonce des insultes, des menaces et des pressions. Ambiance.
« Si rien ne change, nous mettrons la clé sous la porte le 1er septembre ». Nicolas, le co-gérant du bar de la Renaissance à Aubais, tire la sonnette d’alarme. C’est bien malgré lui qu’il risque de fermer définitivement son commerce. Alors un groupe de villageois se mobilise pour sauver l’établissement.
Dans ce combat, ils mettent en cause Angel Pobo, le maire du village, qu’ils accusent de favoriser un cafetier d’Aigues-Vives au détriment du bar local. « Lorsque que l'on veut organiser des manifestations, elles sont souvent refusées par la municipalité. On est mis à l’écart. Notre soirée teckno avait attiré 750 personnes et la mairie nous avait félicités. Cette année, ça nous a été refusé pour des raisons de parking ou nuisances sonores. Ils refusent aussi notre marché de Noël, appelé marché d’hiver pour ne pas faire concurrence au marché de Noël organisé par le mairie. On demande juste à travailler et exploiter notre potentiel. C’est un énorme manque à gagner », souligne, la gorge nouée, Baptiste, le frère de Nicolas et co-gérant du bar de la Renaissance qui ne pourra pas participer à la prochaine fête votive d'Aubais.
« Comme si vous demandiez au bar le Victor-Hugo de Nîmes de ne pas travailler pendant la feria »
« C’est comme si vous demandiez au bar le Victor-Hugo de Nîmes de ne pas travailler pendant la feria, son chiffre d’affaires serait impacté », compare Céline. Le groupe d’Aubaisiens est remonté contre le maire de la commune. L'une d'entre eux, Manon, ne décolère pas : « Il y a un cafetier d’Aigues-Vives qui est privilégié par le maire parce que c’est un proche. Il l’a positionné sur toutes les manifestations organisées par la mairie. Ici ce n’est pas un bar de village comme les autres, on vient avec nos enfants, le week-end pour se restaurer et pour les soirées. C’est le seul lien social du village. On n’imagine pas Aubais sans ce bar. C’est un appel à l’aide. Un retour en arrière est possible mais nous ne sommes pas écoutés. »
Pétition, page Facebook et tee-shirt de soutien
Le groupe de villageois a mis en ligne une pétition, puis il y a des publications sur le réseau social Facebook et la vente de tee-shirt de soutien. L’Essor Aubaisien, l’association des commerçants et artisans de la commune, se plaint aussi d’avoir été mis à l’écart. « Nous n’avons pas le droit de participer au forum des associations car on nous accuse d’être un parti politique, ce qui est faux. On nous reproche de ne pas être une association sportive, mais dans ces cas-là, pourquoi on accepte au forum, le CCAS, l’association des réfugiés, l’association des chats ? », fulmine Agnès de l’Essor Aubaisien.
« À la mairie, ils m’ont rebaptisé... la connasse »
Dans ce contexte, les défenseurs du bar de la Renaissance dénoncent des pressions, des menaces et des insultes. « À la mairie, ils m’ont rebaptisé la connasse », affirme une membre du groupe quand un autre caricature la municipalité : « Ici ce n’est pas la place du Château, c’est la place Rouge. »
Pour Angel Pobo, le maire, c’est la politique qui est au centre du problème : « On a un petit groupe d’opposition qui est piloté par l’ancienne municipalité et il cherche à semer la discorde dans le village. Ce ne sont pas des gentils. Ils ont insulté la policière municipale. Tous les jeudis soir, nous organisons les Jeudis d’Aubais et le cafetier en profite pour mettre un orchestre sur sa terrasse alors qu’il n’en a pas le droit. Je vais être obligé de faire intervenir le police municipale pour rappeler la loi. »
Une convocation en mairie en présence de la gendarmerie et de la police municipale
La police municipale d’Aubais n’aura pas besoin d’intervenir, puisque les gérants du bar de la Renaissance, craignant une fermeture administrative, ont décidé d’annuler l’animation en extérieur prévue jeudi soir. Cependant, ils sont quand même convoqués le 15 juillet, en mairie, en présence de la gendarmerie et de la police municipale. « On nous parle de motifs politiques, mais c’est n’importe quoi, je ne vote même pas à Aubais mais à Clarensac », s’indigne Nicolas.
Quant à la menace de retrouver la commune sans bar à la rentrée, elle est balayée par le premier édile : « Son bail va jusqu’au mois d’octobre. Avant lui, il y a eu d’autres gérants et il pourrait y en avoir après...Mais le groupe de soutien peut venir me voir quand il veut. » L’ambiance n’est pas des plus chaleureuses entre les deux camps et le bar de la Renaissance n’est plus à la fête. Reste à savoir, dans cette histoire de comptoirs, qui finira par trinquer.
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