FAIT DU SOIR Sous les ponts pour la bonne cause
L’association Table ouverte s’installe sous le viaduc de Nîmes. Neuf arches entre la Route de Beaucaire et la rue Paul-Painlevé.
Une centaine d’arches classées au patrimoine, en centre-ville, cela n’existe peut-être nulle part ailleurs qu’à Nîmes. Il fut un temps où ses arches, allant de l’ancienne route d’Avignon jusqu’à l’avenue Pierre-Gamel, étaient occupées par divers commerces. Et puis les années 2000 sont arrivées et ces commerces sont morts avec le XXe siècle. Depuis ? Rien. Rien du tout. Rien à part de nombreux squats et la dégradation, due au temps qui passe sans entretien, des lieux.
Dans le même temps, l’association Table ouverte n’a qu’un crédo. Rendre aux hommes et aux femmes qu'elle accueille un peu de la dignité que la vie leur a ôtée. Venir en aide aux plus démunis et en situation de grande précarité en répondant aux besoins vitaux des personnes en alimentation, hygiène et insertion.
Aujourd’hui est un grand jour pour l’asso qui ne cesse hélas de prendre du poids. Si nul n’oubliera Odile Assmann, fondatrice de Table ouverte, décédée en 2014 et qui désirait « Accueillir des hommes et des femmes meurtris par la vie et leur redonner espoir », c’est maintenant Pietro Truddaïu qui a pris la relève et fait avancer la cause.
Initialement installée au cœur du quartier populaire de Richelieu, Table ouverte vient de récupérer neuf arches situées sous le viaduc de Nîmes (les « ponts » pour les Nîmois).
« C’est la renaissance de ces arches ! » lance Pietro Truddaïu.
Ainsi, le boulevard Talabot et la rue de Beaucaire ne sont pas dans les quartiers visés par l’asso mais au fur et à mesure des années qui passent, la précarité s’accroît et les besoins aussi.
Suite à une convention signée avec la SNCF qui met à disposition de l’association neuf arches, c'est le projet d’une grande épicerie sociale et solidaire qui a vu le jour et qui va se matérialiser. Ici, il y aura aussi des activités annexes que les bénévoles au grand cœur comptent développer.
« Nîmes est la sixième ville la plus pauvre de France avec un taux de pauvreté de plus de 30 %. Dans nos quartiers, Gambetta, Richelieu, Rue de Beaucaire et Route d’Arles, le taux de pauvreté atteint 40 %, en tout on parle, juste sur Nîmes qui abrite 148 000 habitants, d’environ 47 000 personnes dans ce cas, surtout depuis la Covid et la crise énergétique. »
Il faut agir et agir vite, répondre à l’urgence par la solidarité. « Au début, nous avions demandé une seule arche à la SNCF, juste pour stocker, mais en discutant, on nous a proposé ces neuf espaces. En sachant qu’il y a très peu d’épiceries sociales et solidaires dans le Gard… Dans notre épicerie provisoire ouverte cet été, nous accueillons déjà 230 familles, mais avec ce nouvel espace, nous pourrons en recevoir 500. »
Pour profiter de l’action de Table ouverte et pouvoir acheter des produits de l’épicerie solidaire qui sera inaugurée fin janvier par une belle fête populaire, il faut déjà y être inscrits et bien sûr répondre à quelques critères comme un reste à vivre par jour de moins de 10 euros par personne. « Ici, la marchandise est environ 30 % moins onéreuses qu’ailleurs, mais nous limitons les achats à 30 euros par mois, ce qui représente l’équivalent d’un petit caddie par semaine. »
Il existe étrangement de l’autre côté de la ville, mais toujours près des ponts, une autre épicerie sociale et solidaire gérée par la Société saint Vincent de Paul. « Notre épicerie sera la plus importante du Gard et accueillera 500 familles de trois quartiers Politique de la Ville… Il y aura un espace café, les gens feront leurs courses et ils repartiront. »
500 familles… rendez-vous compte ! Trois quartiers populaires, certes, humbles évidemment, mais 500 familles, quelle tristesse sourde.
Si tout cela est aussi possible, c’est grâce à l’aide, notamment, de la Banque alimentaire du Gard et de l’Association nationale des épiceries solidaires, partenaires depuis 40 ans de l’association et qui lui fournissent les denrées alimentaires.
Chose intéressante pour ceux qui ne pourront pas bénéficier de ces ristournes, Table ouverte, en partenariat avec Uni-Vert (Saint-Gilles), va proposer à la vente des paniers bio dont les bénéfices serviront à aider l’asso.
Mais il reste encore quelques arches ! Grosso modo, les quatre premières en partant de la route de Beaucaire seront donc l’épicerie et le magasin pour les paniers bio, mais aussi et juste après sera ouverte une ressourcerie, brocante et vaisselle. Dans la foulée, une friperie prendre place dans l’arche suivante qui sera collée à d’autres arches de stockage dont une servira au Spot (Gambetta).
On pourra aussi y retrouver des projets d’intérêt car une belle cour, donnant sur l’arrière, est ouverte et accessible et sera végétalisée. Pour vous dire que ces projets sont de haute qualité, FondaChao, la fondation de Manu Chao, met la main à la poche et aide Table ouverte en participant à la belle aventure. Un véritable programme culturel est aussi à imaginer du côté de ces arches renaissantes !
E-mail à table.ouverte(a)wanadoo.fr. Tél au 04 66 67 26 45. Adresse au 44 rue Richelieu, 30 000 Nîmes. Mardi, jeudi et vendredi de 9h à 11h30 pour un café en libre-service, pour la distribution de colis, pour prendre une douche, de 9h à 12h pour la distribution courrier ou encore pour la domiciliation postale sur rendez-vous lundi et jeudi. Les locaux sont fermés les jours fériés. Table ouverte, c'est aussi de la domiciliation, l’accueil et les activités pour les enfants, les parents et les grands-parents, sans oublier l’espace numérique.