NÎMES La vente de colis perdus ou jamais réclamés a trouvé son public
Deux tonnes de marchandises perdues ou jamais réclamées ont été vendues le temps d'un week-end, à Nîmes.
La vente de colis non distribués - déclarés perdus ou non réclamés après une année - gagne du terrain dans tout le pays depuis la loi anti-gaspillage du 1er janvier 2022, laquelle interdit de détruire les invendus non alimentaires. Certaines entreprises en ont même fait leur spécialité. Jean-Louis Hulmann, natif de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône, désormais domicilié à Lachapelle-sous-Aubenas en Ardèche, s'est engouffré dans cette nouvelle tendance il y a six mois.
"Je suis tombé par hasard sur un reportage à la télévision, j'ai eu envie de tenter ma chance", commente-t-il. L'homme achète ainsi au kilo des palettes de marchandises tenues secrètes sous emballage, en provenance de France, mais aussi d'Espagne, d'Italie ou encore d'Allemagne. Puis les revend de la même manière au kilo un peu partout dans le pays, ce week-end à Nîmes, celui d'après à Lyon etc. "Moi-même, je ne sais pas ce qu'il y a dans ces colis et les clients n'ont pas le droit de les ouvrir avant de les acheter", insiste-t-il. Pour lui, la taille et le poids du colis n'ont pas d'importance, "mais si en touchant vous sentez une grosse couche de papier bulle, ça peut être un objet de valeur."
De belles surprises, ou pas
L'affaire est légale et aussi rentable pour ce destockeur. À chaque opération de vente, il empoche un bénéfice de 30% par rapport à sa mise de départ. "Je revends les colis 14€ le kilo. À Nîmes par exemple, il y a eu des chanceux. Hier - samedi 6 janvier 2024, NDLR - certains ont découvert un drône, d'autres un robot aspirateur ou encore une montre connectée... Parfois pour moins de 10€. C'était de la folie, des clients achetaient, ouvraient leurs paquets dans la voiture, puis revenaient en acheter d'autres", indique-t-il. Les quelque deux tonnes de marchandises exposées dans un local situé au numéro 65 de la rue du Moulin Vedel, ont trouvé preneurs en deux jours.
Le revendeur ne le nie pas, parmi ces lots mystères se cachent quelques surprises, "des sextoys par exemple, des imitations made in China..." Et le même d'ajouter : "C'est sûr, on ne fait pas que des heureux, c'est au petit bonheur la chance." Nadia, 65 ans, a fait le déplacement depuis Alès deux fois dans le week-end. "Hier, j'ai acheté pour 5 kg de colis, j'ai eu deux paires de baskets et des pulls de marque, mais aussi une penderie démontable etc. C'est mieux que les soldes. Ça m'a plu, à tel point que je suis revenue aujourd'hui (dimanche 7 janvier, NDLR). On verra bien ce qu'il y aura dans les paquets, ce sera un cadeau pour moi ou pour ma famille."
Paule et Cursio de Milhaud, se sont laissés séduire par le concept. Emportés par leur enthousiasme, ils ont rempli un carton à ras bord. Résultat des courses : 17,5 kg. "J'espère qu'il n'y aura pas que des tee-shirts à 1€", lâche Paule entre amusement et inquiétude.
"C'est un peu Noël après Noël"
Les Nîmois Tatiana et Kevin avaient déjà participé à ce genre d'opérations, mais sur internet. "Là, c'est plus pratique, on peut toucher les colis, voir leur forme. Par exemple, celui-là, dit la jeune femme en montrant du doigt un paquet rose, on peut facilement imaginer qu'il s'agit de chaussures." Le couple avait prévu un budget d'une trentaine d'euros, "juste pour se faire plaisir". La plus impatiente des deux restait Tatiana, curieuse de découvrir ses trouvailles : "c'est un peu Noël après Noël." Fort de ce premier succès à Nîmes, Jean-Louis Hulmann promet d'ores et déjà de revenir le mois prochain.