ALÈS L'audience de rentrée synonyme de départ pour le président des Prud'hommes, Arnaud Bord
Avant celle du tribunbal judiciaire, l'audience solennelle de rentrée du conseil des Prud'hommes alésien a vu le départ d'Arnaud Bord. Procureur et bâtonnier se sont réjouis du maintien collégial de la juridiction mais...
Quatorze ans de bons et loyaux services, jusqu'à la présidence, et puis s'en va. C'est un Arnaud Bord un peu ému qui a ouvert, ce mardi après-midi, une audience solennelle de rentrée aux côtés de ses successeurs, Jean-François Aparicio, qui était son vice-président, et Antoine Lyonnet, qui devient vice-président (*). Avant cette audience, Arnaud Bord a pu assister, jeudi dernier, à la prestation de serments de 17 nouveaux conseillers prud'homaux.
Ils évolueront régulièrement dans une institution "qui tient un rôle majeur dans le fonctionnement de notre société", a présenté le procureur de la République, François Schneider, et où "l'audience doit rester l'ultime recours" après les tentatives de résolution à l'aimable. Une justice de l'amiable dans laquelle il a fait entrer la rupture conventionnelle, mise en place en 2010, dispositif qui a été sollicité 246 000 fois en 2010, contre 447 532 fois en 2020. "Ce sont autant de contentieux que le tribunal n'a pas vu passer", en a très rapidement conclu le procureur de la République, occultant au passage que, dans bien des cas, la rupture conventionnelle s'est substituée à la démission.
"Il m'est déjà arrivé de quitter ce conseil par la porte et de revenir par la fenêtre"
Arnaud Bord, président sur le départ du conseil des prud'hommes
Cet aspect relevé n'a pourtant pas fait baisser le nombre de saisines qui ont augmenté de 10,5% dans le même laps de temps, à Alès, quand le traitement des dossiers passait "de 9 à 12,2 mois", a précisé le procureur.
Rappelant que son activité prud'homale avait débuté quai Boissier-de-Sauvages, Arnaud Bord s'est réjoui que le ministère de la justice ait finalement renoncé à diminuer le nombre de conseillers prud'homaux. Il en a profité pour dire son attachement à "la justice, socle de la République, qui est le droit des plus faibles". Si les textes législatifs rendent la mission incompatible avec son emploi public, Arnaud Bord s'est amusé à rappeler qu' "il m'est déjà arrivé de quitter ce conseil par la porte et de revenir par la fenêtre". Dans le village qu'est Alès, celui qui est aussi conseiller municipal d'opposition s'est amusé à voir son départ comme "un soulagement pour certains", mais aussi "pour d'autres, une inquiétude parce que j'ai d'autres activités", lui qui n'a jamais caché vouloir briguer la mairie. Assis au premier rang, Max Roustan en a souri. Et Arnaud Bord a été applaudi, au moment de confier sa fonction à Jean-François Aparicio.
Pour l'ordre des avocats, le bâtonnier Olivier Massal a, en premier lieu, remercié le président d'associer systématiquement le barreau à l'audience solennelle, "symbole de la place que vous attribuez aux avocats dans la justice sociale". Il a, en revanche, souligné le contexte difficile "d'inflation législative effrénée" dans lequel évoluent les conseillers, qui donne lieu à "une hausse constante des contentieux". Enfin, pour cette "justice issue des luttes sociales", il a insisté sur l'importance de "l'oralité des débats" pour "une justice rendue à hauteur d'hommes".
Nouveau président, pour le collège employeurs, Jean-François Aparicio a pris "l'engagement de promouvoir les valeurs qui nous unissent : la bienveillance collégiale, la loyauté, l'éthique, tout ce qui fait que nous avons plaisir à venir assurer nos mandats dans ce conseil".
(*) À lire mercredi 1er février, dès 8 heures, un entretien avec Arnaud Bord sur sa fonction conseiller prud'homal durant quatorze ans.