ALÈS Magistrats et greffiers débrayent sur les marches du tribunal
Ce mardi à midi, magistrats, greffiers et fonctionnaires du tribunal d'Alès ont répondu à l'appel des syndicats (Union syndicale de la magistrature et Syndicat de la magistrature) en débrayant quelques minutes sur les marches du palais de justice. Un an après la tribune des 3000 parue dans Le Monde, "rien n'a changé", martèlent-ils.
Ils ont longtemps réfléchi à la forme que prendrait leur mobilisation suite à l'appel à la grève formulé par les deux principaux syndicats de magistrats (Union syndicale de la magistrature et Syndicat de la magistrature) pour ce mardi 22 novembre. Magistrats, greffiers, adjoints et contractuels du tribunal judiciaire d’Alès ont tardivement opté pour un débrayage de quelques minutes à 12 heures tapantes, sur les marches du palais de justice (l'invitation adressée à la presse est tombée ce matin peu après 10h), sans que la tenue des audiences du jour ne s'en trouve affectée.
Il y a un an, une tribune parue dans Le Monde dénonçait déjà les conditions de travail des magistrats. Le mouvement de mobilisation des professionnels de justice, initié mi-décembre 2021 à la suite de la parution de cette même tribune, avait permis d'obtenir la promesse de moyens supplémentaires pour le service public de la justice.
Mais un an plus tard, "nos conditions de travail sont toujours aussi difficiles et l'épuisement de tous gagne du terrain", dénoncent dans un communiqué l’USM et le SM. Les syndicats constatent que "l’état des juridictions continue de se dégrader" et mesurent "au contraire l'insuffisance des mesures prises au regard des conséquences de décennies d’abandon et de réformes votées sans moyens".
"Comment manifester quand on a un devoir de réserve ?"
Ces derniers réclament une "justice de qualité et des conditions de travail dignes et respectueuses de tous et toutes". Aussi, "face à une charge de travail titanesque, nous sommes toujours contraints de dégrader la qualité de nos décisions au pénal comme au civil, d’utiliser nos congés et notre droit à formation pour rendre la justice dans des délais acceptables", déplorent-ils.
Si lors de leur mobilisation en décembre dernier, une motion de l'ensemble du personnel avait été lue par la juge Manon Fauriel, en présence des magistrats, greffiers et fonctionnaires, auxquels s'étaient associés les avocats d’Alès, absents ce jour, il n'en a rien été ce mardi.
Entourée du procureur de la République, François Schneider, et de la vice-procureure Nathalie Welte, la présidente du tribunal, Céline Simitian, a indiqué à la presse qu'aucune prise de parole ne pouvait avoir lieu en l'absence de représentant syndical. "Ce qu'on peut simplement dire, c'est que les problèmes d'Alès sont les mêmes qu'ailleurs en France", a brièvement résumé la dernière nommée. Et une magistrate de conclure en suggérant aux médias "un vrai sujet de fond" inhérent à celui du jour : "Comment manifester quand on a un devoir de réserve ?"