Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 29.11.2023 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 1937 fois

ASSISES 20 ans de réclusion pour les amants diaboliques

Maître Olivier Constant, avocat de Delphine Moulin.

L'avocat général Bertrand Baboulène a requis 20 ans contre les deux accusés qui avaient placé une bombe sous le lit d'un couple de Pont-Saint-Esprit. La parole est à la défense...

Pourquoi un tel passage à l'acte ? Pour quelle raison vouloir éliminer ses parents ? Impossible d'avoir une réponse certaine au terme de trois jours d'audience. On repart de ce procès avec des interrogations.

Vincent Blachère, 57 ans aujourd'hui, et Delphine Moulin, 46 ans, sont accusés devant la cour d'assises du Gard pour "tentatives d'assassinat". Ils ont déjà écopé dans un dossier différend de 25 ans de réclusion criminelle au Portugal pour les assassinats de deux touristes hollandais.

S'ils sont devant la justice française, c'est qu'en avril 2001 ils ont décidé d'éliminer le couple Moulin, les parents de Delphine, en plaçant une bombe sous le lit. Un système incendiaire débranché par le propriétaire des lieux qui a permis d'éviter un drame. C'est pour ce crime gardois de "tentatives d'assassinat", que les deux anciens compagnons se trouvent devant les jurés.

Ils s'aimaient et se détestent, ou plutôt ils ne se couvrent plus. Ils s'aimaient avec passion, ils se déchirent maintenant. Qui a tiré au Portugal ? Qui a décidé d'éliminer les parents de Delphine ? Qui a mis la bombe sous le lit ? Difficile de savoir : ils n'ont pas la même version des évènements. 

"Les tensions avec ses parents étaient un supplice pour elle. C'est un processus de dégradations des conditions de vie qui explique ce passage à l'acte. Il a toujours suivi Delphine les yeux fermés", estime maître Julie-Gaëlle Bruyère pour l'accusé. "Il a tout perdu, il est celui qui a le plus perdu. Elle est dehors sous contrôle judiciaire, lui est encore en détention", indique pour sa part maître Baptiste Scherrer toujours pour Vincent Blachère. Il y a des procès à venir devant cette cour d'assises, "de viol, de meurtre, d'actes de torture, avec des victimes qui ne sont pas là. Eux sont ici dans cette salle d'audience et Vincent Blachère a déjà fait 25 ans de prison", essaie de convaincre Me Scherrer.

Pour la défense de Delphine Moulin, sous contrôle judiciaire depuis deux ans et demi et qui a refait sa vie dans une autre région, les enjeux sont un retour en détention car elle aussi a écopé de 25 ans au Portugal et risque aujourd'hui 20 ans de prison comme requis par le parquet général.    

Elle affirme qu'elle n'a pas pu résister à son "premier amour", "qu'elle était sous une forme  emprise". Si elle est passée à l'acte concernant ses parents, ce serait à cause de l'absence de l'amour de son père, c'est en tout cas ce qu'elle ressentait à l'époque. "Il vous aime votre père", scande maître Olivier Constant pour la quadragénaire.  "À l'époque avec ses failles, avec son sous-moi, elle va rencontrer un homme, Vincent Blachère", poursuit l'avocat spiripontain. "Cet homme il va même jusqu'à voler, jusqu'à escroquer les curés à la maison de retraite. Pour les parents de Delphine Moulin cet homme n'est pas un mec bien, c'est un escroc, un menteur, un voleur" ajoute-t-il. "Elle s'est prostituée pour lui et lui c'est la mauvaise personne au mauvais moment dans la vie et les failles de Delphine Moulin", conclut Me Constant qui souhaite qu'il y ait une confusion de peine avec la sanction infligée à sa cliente au Portugal. 

Les jurés gardois sont partis délibérer en début d'après-midi. À 17h05, les amants diaboliques ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle. La confusion de peine est rejetée par la cour d'assises. Delphine Moulin, arrivée libre à l'audience, est repartie en détention. Comme son ancien "amant".  

Boris De la Cruz

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