Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 12.05.2024 - Anthony Maurin avec l'Inrap - 3 min  - vu 129 fois

GARD L’anthropologie pour mieux connaître l’histoire des Hommes

Fouilles archéologiques de l'INRAP à Nîmes il y a quelques années (Photo INRAP).. - Rémi Bénali/INRAP

L’Institut national de recherches archéologiques préventives se sert de l’anthropologie pour l’analyse et l’étude de ses chantiers de fouilles.

Un squelette (Photo Anthony Maurin).

Fouilles, c’est détruire. C’est ainsi que l’Homme réécrit son passé. Il fouille couche après couche, strate après strate et remonte le temps en supprimant les traces les plus récentes. Il préserve par l’étude. Et pour les restes humains et les sépultures ? C’est la même chose !

Sauf conditions exceptionnelles, comme pour les corps retrouvés dans les tourbières, le squelette est la seule partie du corps humain à se conserver longtemps après la mort. Son degré de préservation dépend du terrain dans lequel il est enfoui, mais aussi du traitement qu'a subi le corps du défunt.

Les fouilles révèlent plus de 20 squelettes (Photo Anthony Maurin).

L'inhumation peut être individuelle ou collective, sommaire ou élaborée ; il peut s'agir d'une crémation, avec recueil des os calcinés. Les rites funéraires sont aussi anciens que l'humanité et très variables suivant les cultures. L'anthropologue tente de reconstituer les gestes mortuaires par l'étude de l'architecture de la tombe, par les vestiges présents et la position des os. L'étude des sépultures offre une grande richesse d'informations sur le passé.

L'anthropologie

Au sens large, l'anthropologie est la science qui étudie les caractéristiques anatomiques, biologiques, culturelles et sociales des êtres humains. Appliquée à l'archéologie, elle s'intéresse aux restes humains et au contexte dans lequel ils sont découverts.

Une dizaine de squelettes a été retrouvée lors des fouilles. (photo CCBTA)

Sur le terrain puis en laboratoire, l'anthropologue examine les vestiges du défunt pour identifier ses caractères biologiques, les circonstances de sa mort et les traumatismes et maladies auxquels il a, ou non, survécu. Il étudie également toutes les caractéristiques de la sépulture, enrichissant ainsi la connaissance des sociétés anciennes à travers leurs pratiques funéraires : traitement du corps, type de tombe, parure, offrandes, mobilier...

Les méthodes de fouille et de prélèvement

La fouille d'une sépulture est d'autant plus délicate, que, souvent, plusieurs niveaux funéraires d'époques différentes sont superposés. Aucun os ou objet ne doit être déplacé, avant d'avoir observé et étudié la structure de la tombe. Enfin, les os et le mobilier d'accompagnement sont décrits, photographiés, parfois dessinés avant d'être prélevés. Déchiffrer une sépulture est un travail d'équipe qui implique plusieurs spécialités, telles que des médecins, des techniciens de laboratoire...

Fouilles archéologiques de l'INRAP à Nîmes il y a quelques années (Photo INRAP).. • Rémi Bénali/INRAP

Prélèvement des ossements d'une sépulture multiple du Néolithique

L'étude du défunt

L'étude du défunt commence par l'analyse des os après nettoyage, afin d'estimer le sexe, l'âge au décès, la stature. Certains traumatismes et maladies chroniques laissent une trace visible sur les os. Une fracture non cicatrisée peut indiquer la cause de la mort.

Parfois, une étude microbiologique révèle des traces de parasites, de virus ou d'un bacille comme celui de la peste qui aura certainement entraîné le décès. L'anthropologue peut aussi demander des analyses d'ADN ancien, pour pouvoir émettre des hypothèses sur l'origine biologique du défunt, le regroupement d'individus d'une nécropole.

Le monde funéraire

L'étude d'une sépulture apporte nombre d'enseignements sur les pratiques funéraires. Les modes de décomposition du corps renseignent sur le type d'inhumation : en pleine terre, dans un linceul, un cercueil. L'ensemble des gestes funéraires est reconstitué : orientation du corps, position, habillement, parure, dépôt d'offrandes, d'ocre, d'objets personnels ou de nourriture.

Fosse néolithique en cours de fouilles (Photo Cécile Martinez Inrap)

Des pratiques post-sépulcrales sont également recherchées : réouverture de la tombe, manipulation des os, récupération de relique, réduction du squelette. La structure de la tombe est décrite, ainsi que les aménagements réalisés pour recevoir le corps : forme de la fosse, couverture, marquage visible au sol. La situation de la sépulture est également significative : parmi les vivants ou à l'écart.

Étudier la mort pour comprendre la vie

Une histoire se dégage d'une sépulture et du ou des squelettes qu'elle abrite. Au sein d'un groupe humain le traitement des corps peut être égalitaire ou différencié selon le sexe, l'âge ou le statut social.

Fouilles Inrap 45-49 Rue de Beaucaire Nîmes avril 2024 (Photo Anthony Maurin)
Une jarre enferme une urne contenant les ossements du brulé. En-dessous, un autre vase en verre contenait sans doute un onguent ou autre chose qui devait accompagner le défunt (Photo Anthony Maurin)

Des sépultures multiples peuvent révéler une épidémie ou un fait de guerre. Un corps qui porte la trace d'une longue maladie chronique, d'une fracture ressoudée, de soins médicaux ou chirurgicaux, indique une capacité à prendre en charge et soigner les faibles et les malades.

Les objets qui accompagnent le mort évoquent sa vie quotidienne et les valeurs matérielles, sociales et spirituelles auxquelles sa société accorde de l'importance.

Anthony Maurin avec l'Inrap

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