LE DOSSIER Mammouth de Durfort : descendant d'un des découvreurs, Pierre Cazalis de Fondouce a enrichi la connaissance
Posant leur regard sur les restes déterrés par des cantonniers, ils sont deux à avoir laissé leur nom sur la découverte : Jules Ollier de Marichard et Paul Cazalis de Fondouce. L'arrière petit-fils de ce dernier, Pierre de son prénom, était ce lundi soir invité de la réception qui est venue, entre les équipes, sceller la fin des travaux de restauration et de réinstallation dans la galerie de paléontologie. Hasard des temps, la famille a retrouvé une documentation essentielle alors que la restauration en était à l'état de projet. Entretien sous un squelette de quatre mètres de hauteur.
Objectif Gard : Quelle place tient le mammouth dans l'histoire familiale ?
Pierre Cazalis de Fondouce : Il est très important. Chez nous, quand un petit enfant est en âge de comprendre les choses, on l'emmène voir le mammouth.
Vous-mêmes, vous conservez ce souvenir de votre première rencontre avec le squelette ?
Ma grand-mère m'y avait amené. Quand on est un petit enfant et qu'on se retrouve face à un squelette aussi grand, c'est réellement impressionnant. Tous mes petits-enfants, quand ils passent à Paris, viennent saluer le mammouth.
Dans la famille, il est resté un vestige ou un souvenir matériel du mammouth ?
Beaucoup de documentation, toujours très poussiéreuse, qui intéresse moins les enfants (il sourit). C'est mon fils qui a tout rassemblé et me l'a montrée. Et c'est à ce moment-là que nous avons appris qu'il y avait un projet de restauration du mammouth. Quand je suis venu à une petite conférence, au jardin des plantes, pour écouter le projet de restauration, j'ai interpellé Régis Debruyne ensuite pour lui dire que j'avais sans doute de la matière qui pouvait l'intéresser. C'était le cas.
Votre ancêtre détaillait-il ses recherches ?
Paul écrivait tout, à raison de trois ou quatre pages par jour. Il a tout gardé, jusqu'aux enveloppes, aux échanges avec le Muséum et d'autres scientifiques, et aux croquis (*). C'est rare une vocation scientifique de ce type-là. Paul a raconté le contenu exact des 74 caisses qu'il a envoyées à Paris. Il les a clouées lui-même, les a mises lui-même dans un wagon du PLM de l'époque (Paris-Lyon-Marseille, ancêtre de la SNCF, NDLR), pour s'assurer que les caisses partaient correctement.
Savez-vous ce que vous allez faire de cette documentation désormais ?
Mon fils décidera ce qu'il veut en faire. Peut-être qu'il vaut mieux que ça finisse au Muséum, je ne sais pas. Mais en tout cas, le Muséum a déjà tout photographié, tout scanné.
(*) C'est d'ailleurs son premier croquis du crâne, tout de suite après la découverte, qui a permis de s'imaginer comment il était réellement, et non comme il a ensuite été agencé après désagrégation d'une parltie du fossile.