NÎMES Chantier de sécurisation des arènes : « Ici, le temps est relatif »
Entre chantiers de restauration et de sécurisation… Un point sur l’amphithéâtre antique et ses travaux en cours.
Mélanie Buire, cheffe de projet de la Ville, référente du dossier de l’amphithéâtre pour lequel plusieurs sujets sont menés en parallèle, présente : « L’agence Goutal travaille sur de nombreux sujets depuis dix ans. Nous surveillons le monument et pour cela nous intervenons de manière ponctuelle dans le temps et dans l’espace. »
La sécurisation est à remettre dans son contexte. Parler de la seule restauration du monument est un peu réducteur. Elle poursuit : « Nous voulons avant tout protéger et pérenniser l’édifice en nous occupant des infiltrations, surtout depuis qu’une partie de la cavea, des gradins, n’existe plus. Nous n’avons pas encore mené d’action pour la restauration de la cavea mais comme le chantier va durer encore dix ans nous devons trouver des solutions pour aller plus vite. »
C’est un peu ce qu’il se passe actuellement avec le chantier de sécurisation. Si vous voyez en façade (Nord-Est) de l’amphithéâtre un échafaudage en train d’être démonté, ailleurs dans les arènes sont disséminés plusieurs petits chantiers qui interdisent encore au grand public l’accès dans ces parties des arènes.
Vous pensez que les travaux ne vont pas assez vite ? Prenez votre mal en patience car le but de la manœuvre n’est pas de faire vite et mal, mais de faire au plus vite et au mieux. « Ici, le temps est relatif ! Le temporaire peut durer dix ans, mais c’est ce qui permet de maintenir le monument jusqu’à l’arrivée du chantier de restauration. L’hiver, c’est plus facile pour nous car il y a moins de monde et moins de spectacles, nous aurons fini pour la fin du mois d’avril. Nous reprendrons plus tard car nous n’en sommes qu’à la première phase de sécurisation ! »
D’abord, les travaux de sécurisation concernent la galerie du rez-de-chaussée, la galerie consulaire, l’anneau qui permet la déambulation sous les gradins. C’est elle qui prend le plus l’eau sans pouvoir l’évacuer efficacement. Mélanie Buire reprend : « Avec la nacelle on inspecte chaque pierre, puis on agit. Les moellons de la voûte seraient trop longs à traiter un à un alors nous allons mettre des planchers grillagés (au plafond, NDLR) qui sont encore à l’étude, qui seront provisoires mais qui remplaceront bientôt les filets que nous avons mis en urgence. Les planchers devraient rester dix ans mais déjà, par endroits, nous avons refait un peu de maçonnerie, voire installé des goujons pour fixer les choses. »
La galerie équestre, celle que l’on retrouve une fois les marches montées jusqu’au premier étage, est celle où l’on voit le plus d’arrachements. Logiquement et avec le manque de la cavea, l’eau tombe, coule, s’infiltre. La solution, à termes, serait de couvrir en remettant les gradins mais c’est en train de se discuter du côté de la Direction régionale des affaires culturelles. On croise les doigts pour retrouver dans un siècle un amphithéâtre entièrement restauré et pouvant viser deux millénaires de plus à son compteur.
« Nous avons fini la première moitié des travaux concernant la couronne et le reste de ce chantier sera plus simple car moins problématique et en meilleur état de conservation. Ailleurs et sur d’anciennes restaurations, nous prenons notre mal en patience. Nous sommes contraints de casser des joints faits en ciment… Il n’y a pas pire que le ciment ! »
Vous l’aurez compris, vous n’avez pas fini de voir des échafaudages autour et dans les arènes de Nîmes. Disons-nous que si notre génération n’aura pas la chance d’utiliser à 100 % cet édifice, ni même de le voir sous son plus beau jour, c’est que tout cela sera possible une fois les chantiers achevés !
L’adjointe en charge du dossier des monuments antiques de la Ville, Mary Bourgade, conclut : « Restaurer, c’est bien mais là nous faisons aussi des travaux qui visent à sécuriser l’amphithéâtre. Nous y tenions. »