Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 26.08.2024 - Anthony Maurin avec Bettina Rautenberg-Celié de la direction des affaires culturelles de la Ville de Nîmes - 3 min  - vu 498 fois

NÎMES D’un lieu à l’autre

De la cour, l'escalier signé Cubizol au 14 rue de l'Aspic, à l'hôtel Fontfroide, est magnifique... (Photo Anthony Maurin).

Victor Hugo (ou plus vraisemblablement Marc Monnier) l’avait bien compris… « Gal, amant de la reine alla, Tour Magnanime, galamment de l’arène à la Tour Magne à Nîmes. »

Amphithéâtre et travaux de dégagement de la salle cruciforme au XIXe siècle (Photo Ville de Nîmes)

Construit à la fin du Ier siècle ap. J.C., un système complexe de galeries, escaliers et vomitoires permettait à plus de 20 000 spectateurs d’atteindre aisément leurs places pour assister aux combats de gladiateurs et chasses d’animaux. Un velum, immense toile fixée à des mâts, les abritait du soleil.

Sous la piste le sous-sol était aménagé pour servir de coulisses. Transformé en forteresse au moyen âge, l’amphithéâtre est alors habité et occupé par des maisons, deux églises et un château jusqu’au XIXe siècle.

À cette époque on entreprend le dégagement complet du monument. Seules deux arcades murées au premier étage indiquent encore l’emplacement du château.

La dédicace de la Maison carrée découverte par Séguier et adressée aux princes de la jeunesse (Photo Anthony Maurin)
La dédicace de la Maison carrée découverte par Séguier et adressée aux princes de la jeunesse (Photo Anthony Maurin)

Dédié aux petits-fils de l’empereur Auguste, Caius et Lucius César, princes de la jeunesse, ce temple qui date du début de notre ère appartenait à l’ensemble monumental du forum. S’élevant sur un podium, le temple dominait la grande place publique située en contre-bas et entourée de portiques. Sur les côtés, les colonnes d’ordre corinthien sont à demi engagées dans les murs pour suggérer une longue fuite de colonnes.

La maison carrée monument Nîmes (Photo Anthony Maurin).
La Maison carrée (Photo Archives Anthony Maurin). • monument Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Entre la fin de l’Antiquité et pendant une longue partie du Moyen-Âge, l’histoire de la Maison Carrée reste encore assez méconnue. Au XVe siècle, les consuls la vendent à un particulier. En 1670, elle est donnée aux Augustins qui la transforment en chapelle. Bien National à la Révolution Française, elle devient le premier musée de Nîmes en 1823.

Maison carrée de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
A l'intérieur de la Maison carrée de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)

Entre 1080 et 1090, l’évêque Pierre Armengaud entreprend la construction d’une cathédrale. L’église, consacrée le 6 juillet 1096 par le pape Urbain II, est presque entièrement détruite durant les guerres de religion. Le décor antiquisant (fronton, mascarons de lions, feuilles d’acanthes) est fortement inspiré par la Maison Carrée.

Lors de la reconstruction en 1618, les architectes D. Laguiolle et P. Levesville adoptent le plan d’un édifice à nef unique, transept et chevet avec déambulatoire. Les dorures et colonnes torsadées de la chapelle du rosaire de 1669 montrent l’influence de l’art baroque. Au XIXe siècle, l’architecte Henri Revoil rhabille l’intérieur dans un style néo-gothique.

De la cour, l'escalier signé Cubizol au 14 rue de l'Aspic, à l'hôtel Fontfroide, est magnifique... (Photo Anthony Maurin).

En 1539, François Ier autorise la création d’un collège et université es arts, qui est un des foyers de la Réforme. Les enseignants protestants sont contraints de laisser leur place à des pères jésuites entre 1629 et 1666. L’afflux d’élèves de toutes confessions et la vétusté des bâtiments décident les Pères à construire un nouveau collège en commençant par l’église, édifiée entre 1673 et 1678. Le plan est donné par le R.P. de Mourgues assisté de l’architecte nîmois Jacques Cubizol. À l’intérieur, la variété des formes de voûtes et une série de lanternons font jouer ensemble l’ombre et la lumière.

Jardins de la Fontaine Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
Le nymphée des Jardins de la Fontaine Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)

Lors des travaux en 1738, pour régulariser le débit de la source, on découvre les vestiges d’un sanctuaire antique dédié au culte impérial. L’ingénieur du roi, Jacques Philippe Mareschal, assisté de l’architecte nîmois Gabriel Dardailhon, les intègre dans un jardin à la française, sans oublier la question de l’eau : bassins et canaux sont conçus pour servir de réservoirs. Le Mont Cavalier est aménagé au XIXe siècle dans l’esprit d’un jardin à l’italienne en terrasses successives où dominent des essences toujours vertes. Un jardin de rocaille, une petite oliveraie et un jardin de maset ponctuent la promenade jusqu’à la tour Magne, la plus haute tour de l’enceinte romaine.

Une visite guidée dans les cours privées d'un hôtel particulier de la rue du Chapitre à Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Le centre historique est classé secteur sauvegardé depuis 1985. Dans le dédale des rues médiévales, on découvre un ensemble de maisons aux façades soignées et d’hôtels particuliers remaniés au fil du temps. Derrière des décors élégants et sobres, se trouvent des cours intérieures où l’escalier occupe une place de choix : hôtel de la Baume, de Fontfroide, Rivet ou Boudon. Des mascarons souriants ou grimaçants, des motifs contournés de coquilles ou des gargouilles joufflues et des balcons en ferronnerie animent les façades. Architectes et propriétaires accordent également une attention particulière aux portes mises en valeur par un décor aux motifs antiquisants.

Carré d'Art Nîmes 2023 (Photo Anthony Maurin)
Carré d'Art Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)

Pour sa construction, la ville de Nîmes lance un concours international remporté par l’architecte anglais Lord Norman Foster. Carré d’Art, musée d’art contemporain et médiathèque, s’élève sur l’emplacement d’un théâtre du XIXe siècle détruit par un incendie en 1956 qui laisse au coeur de la ville un terrain vide. Inauguré le 8 mai 1993, le bâtiment compte neuf niveaux dont cinq en sous-sol qui abritent les réserves et locaux techniques. L’ensemble des espaces accessibles au public se répartit sur les niveaux supérieurs et bénéficie d’un éclairage naturel. Norman Foster réalise également l’aménagement de la place autour de la Maison Carrée créant ainsi un lien fort entre les deux édifices.

Anthony Maurin avec Bettina Rautenberg-Celié de la direction des affaires culturelles de la Ville de Nîmes

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