Construit entre l’église Saint-Saturnin et le prieuré Saint-Pierre lors de la première moitié du XIXe siècle, du temps où Pont-Saint-Esprit était un passage obligé entre Lyon et Marseille, l’escalier monumental Saint-Pierre a connu les fastes et les déboires de la ville rhodanienne. Majestueux du temps de la splendeur de la ville, avec ses sculptures rappelant le pont et les marchandises ayant fait la fortune de la commune, il s’était dégradé au point de devenir dangereux il y a une dizaine d’années. Malmené par un manque d’entretien, des infiltrations d’eau et les séquelles des bombardements de la Seconde guerre mondiale, il avait été fermé au public en 2013, suite à la chute d’un bloc de pierre.

C’est alors qu’une machine se met en route, avec pour but de sauver l’édifice reliant le centre ancien au Rhône. « Quand j’ai fait inscrire l’escalier à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 2014, je voulais que la valeur de cet édifice emblématique soit reconnue une bonne fois pour toute », rappelle l’ancienne maire Claire Lapeyronie, à l’époque adjointe et aujourd’hui conseillère régionale. L’inscription aux Monuments historiques permet aussi d’aller chercher des subventions, ce qui est tout sauf négligeable.

Puis arrive la Mission patrimoine, confiée en 2017 par Emmanuel Macron à Stéphane Bern. La ville fait appel à la Fondation du patrimoine, qui permet de collecter des fonds privés pour abonder les restaurations, Fondation qui est partenaire de la Mission Bern. C’est ainsi que l’escalier sera sélectionné en 2019 pour figurer parmi les projets soutenus par le Loto du patrimoine. De quoi contribuer à financer, aux côtés de la ville, de l’Agglo du Gard rhodanien, du Département, de la Région et de mécènes privés, comme Axa France, la FDJ ou le Crédit agricole du Languedoc, les trois millions d’euros nécessaires pour donner une seconde jeunesse à l’escalier. Car « la protection du patrimoine est une affaire collective », rappelle le sous-préfet Mathias Nieps.

Quatre ans de travaux vont alors démarrer, pour « un chantier exceptionnel », rappelle le maire de Pont Valère Segal, qui considère que le patrimoine de la ville est « sa fierté et son identité ». Notamment cet escalier monumental donc, « sans doute un des ouvrages de génie-civil les plus remarquables du département », dixit Patrice Genet, délégué régional de la Fondation du patrimoine. La Fondation, au niveau national, soutient chaque année « 3 500 projets, avec 135 millions d’euros », rappelle-t-il.

Stéphane Bern participe à ce mouvement en faveur de la sauvegarde du patrimoine, « de ce que nous avons reçu des générations précédentes et que nous devons transmettre, dans un meilleur état que ce que nous l’avons reçu », estime-t-il. Pas (que) pour l’amour des belles pierres : « le patrimoine, c’est notre identité, mais c’est aussi de l’économie dans les territoires, un euro investi dans le patrimoine en rapporte 21 », affirme-t-il, dans un pays touristique visité « par 90 millions de personnes chaque année, que va-t-on leur montrer, des ruines ? », lance Stéphane Bern. Sur ce point, le président de l’Agglomération Jean-Christian Rey avait rappelé que, sur le territoire du Gard rhodanien, le tourisme représente « 35 millions d’euros par an de retombées économiques après nuitées. »

Bref, le patrimoine est un investissement, et la présence de Stéphane Bern à Pont ce mardi avait pour but de médiatiser la restauration de l’escalier Saint-Pierre et ce faisant de « montrer aux Français ce qu’on fait avec l’argent du Loto du patrimoine », dit-il, notamment en subventionnant la restauration « de ponts, lavoirs, fontaines, fours à pain, car quand le patrimoine est en déshérence, vous avez un sentiment d’abandon. » Désormais, l’escalier Saint-Pierre a retrouvé son lustre et son utilité. De quoi faire dire au maire : « en posant nos pas sur ces marches, ouvrons un nouveau chapitre pour Pont-Saint-Esprit. »