ALÈS AGGLO Le débat d'orientation budgétaire révèle la hausse des dépenses incompressibles
Dans une assemblée qui a pour coutume de gérer ses dissensions en amont, le débat d'orientation budgétaire (DOB) d'Alès Agglo a donné lieu à une longue présentation mais sans quasiment aucun débat postérieur. Entre recettes et dépenses, comme lors du DOB de la ville d'Alès, l'écart a tendance à se creuser. Le cas de la pollution de Salindres a donné lieu à une longue introduction outrée de la part des élus.
Entamant par le contexte macro-économique, le président d'Alès agglomération, Christophe Rivenq a livré une présentation similaire à celle du conseil municipal (relire ici). Entre croissance qui risque d'être revue à la baisse, inflation qui ralentit, chômage qui remonterait un peu, etc. Sur l'agglomération alésienne, le contexte se traduit par une hausse de 2,235 millions d'euros des recettes de fonctionnement, à 120 millions d'euros, quand les dépenses de fonctionnement progressent de 3,656 M€.
Un "effet ciseau", a répété Christophe Rivenq, comme en mairie lundi dernier, qui oblige la communauté d'agglomération à intégrer ce déficit d'un peu plus d'1,4 M€, alors même que "88 % des dépenses de fonctionnement sont contraintes, poursuit le président d'Alès Agglo. On ne va donc pas sortir de nos compétences." Les dépenses de personnel représentent 45 % du fonctionnement. Points d'indice et prime ont d'ailleurs donné lieu à un débat plutôt inattendu (lire encadré ci-dessous).
"Nous avons mené 67% de notre projet de territoire"
Christophe Rivenq, président d'Alès agglomération
Malgré ces déconvenues financières, le président de l'agglo promet "un programme ambitieux d'investissement" pour 2024, après "une année record" à 22 M€. "Nous avons mené 67 % de notre projet de territoire", s'est félicité Christophe Rivenq, qui a invité les élus "à investir beaucoup en 2024 et 2025, pour que l'État ne nous contraigne pas après", alors que les collectivités locales sont rigoureusement invitées à baisser leurs dépenses en volume dans les années qui viennent. Pour l'agglo alésienne, ce sera 25 M€ en 2024, puis 39 M€ en 2025.
"Si cela est possible, c'est que les recettes en face sont prévues", a voulu rassurer Christophe Rivenq. Et que la moitié de la somme devrait provenir de subventions. Il n'empêche, l'épargne nette de l'agglomération est affectée par les conditions macro-économiques et les effets de l'inflation. Elle s'établit à 5,2 M€, soit 3,7 M€ de moins que début 2023. L'exécutif communautaire s'attend à une nouvelle baisse de 1,4 M€ l'année prochaine avant, sans doute, un sursaut.
"Cette assemblée étant celle du consensus, j'éviterai une longue analyse", a entamé l'opposant communiste alésien Paul Planque. Avant de s'inquiéter de la "schizophrénie" et de la "santé mentale" de Chrsitophe Rivenq : "À Paris, vos amis ne s'opposent à la loi de programation des lois de finances. Ici, vous la brocardez." "Je n'ai aucun état d'âme par rapport à ça, a sèchement rétorqué Christophe Rivenq, en rupture partielle de ban avec la direction de son parti Les Républicains. Ils sont peut être de ma famille, je ne suis pas de la leur."
Il ne restait plus qu'à prendre acte de la tenue du débat. Ce qui ne relève jamais d'opposition dans les travées...
Sylvain André répond à Paul Planque
Alès Agglo manie le consensus. C'est ce que s'est permis de rappeler le maire communiste de Cendras, Sylvain André, à l'opposant communiste alésien, Paul Planque. Une précision intervenue alors que le conseil d'agglo était appelé à voter la prime exceptionnelle versée à ses agents, et le choix fait d'aller à 50% des possibilités de la prime. Comme il l'avait fait en conseil municipal, Paul Planque a regretté que l'agglo, comme d'autres communes, n'aient pas choisi de verser 100% de la prime. Une intervention qui a irrité Christophe Rivenq, indiquant que le choix était financier : verser 50% de la prime correspond à une dépense de 400 000 € pour la communauté. 100% aurait porté la dépense à 800 000 €. Mais c'est finalement Sylvain André qui s'est chargé d'apporter la précision à Paul Planque, laissant entendre à demi-mot que les dissensions du conseil municipal alésien n'avaient pas leur place ici : "En amont des conseils d'agglo, il y a des réunions de travail, a entamé le maire de Cendras et président des maires ruraux du Gard. Arriver sur des positionnements avec éclat, ça peut éviter que la presse s'ennuie, on dira que Sylvain André est un bon coco, mais c'est tout. Sur la question de la prime, nous n'étions pas tous d'accord. Au lieu de montrer les muscles, on a fait le choix du compromis." Avant de préciser à Paul Planque, mais aussi sans doute à certains militants communistes qui reprochent à leurs élus à l'agglomération de pactiser avec l'exécutif, "on n'est ni des vendus, ni dans la culture de la compromission. Moi, à Cendras, j'ai mis la prime à 100%. Mais à l'agglo, on a décidé en commun ce 50%." Et quand la décision est consensuelle, l'opposition perd de sa force.