BAGNOLS/CÈZE Pour maintenir ses investissements, la Ville se lance dans un programme de sobriété énergétique
1,2 million d'euros. C'est la somme supplémentaire que la mairie de Bagnols-sur-Cèze devra payer sur sa facture d'énergie en 2023 si elle ne change pas ses habitudes. La faute à l'inflation galopante (*). Le maire, Jean-Yves Chapelet, et ses services ont réfléchi à un programme de sobriété énergétique pour limiter le surplus à 800 000 €. L'édile en a parlé à l'occasion du débat d'orientations budgétaires (DOB), pendant le conseil municipal de mercredi soir.
Le DOB, c'est le premier acte fondateur du budget primitif de 2023. C'est à ce moment-là que les élus vont décider des trajectoires pour l'année à venir, au vu du contexte général et de l'état de santé financier de la Ville. En 2023, les collectivités devront composer avec la hausse générale des prix de l'énergie, mais aussi la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires.
Tout cela va amener des dépenses supplémentaires : "La projection nationale prévoit une perte d'autofinancement de 11,3 % pour les collectivités, rapporte Jean-Yves Chapelet. Il ne faut pas que l'on tombe dedans à Bagnols, on doit maintenir nos 3 millions d'euros d'autofinancement coûte que coûte. Ce montant est sacralisé sinon, on ne réussira pas à réaliser tous les investissements que l'on a prévu."
Pompes à chaleur, relamping et véhicules électriques
Alors comment maintenir ce niveau d'autofinancement ? Déjà le maire l'a promis à plusieurs reprises : il ne touchera pas aux impôts locaux jusqu'en 2026. "Il n'y aura pas de hausse de la taxe foncière sur le bâti et le non-bâti. Et si les contribuables remarquent un changement, ce sera lié aux bases mais pas à la mairie", assure-t-il. Pour faire des économies, la municipalité bagnolaise n'a pas renouvelé certains contractuels, pas remplacé certains départs en retraite et reporté des recrutements. Elle joue aussi sur la mutualisation inter-services avec l'agglomération du Gard rhodanien. Mais surtout, pour 2023, elle se lance dans un grand plan de sobriété énergétique : avec chaque bulletin de salaire sera envoyé un dépliant rappelant les "bons gestes".
"On va suivre notre plan pluriannuel d'investissements (PPI) qui va jusqu'à 2026. Mais on ne va peut-être pas suivre l'ordre établi, on va plutôt privilégier les investissements "intelligents" pour 2023. C'est-à-dire des investissements qui réduisent notre consommation d'énergie et donc la facture", détaille le maire. Il prévoit donc de remplacer les chaudières à gaz des bâtiments communaux par des pompes à chaleur et d'autres chaudières à gaz nouvelle génération. Il ajoute : "On va procéder à du relamping en passant tout l'éclairage public en LED. À chaque fois, les actions sont aidées par l'État, on veut profiter de l'effet d'aubaine."
De même, la mairie pourra être subventionnée pour changer son parc automobile "trop vieux, trop nombreux et pas assez utilisé". À la place, il y aura principalement des véhicules électriques. La municipalité compte aussi poursuivre ses projets de nouvelle Pyramide et de passerelle Maïa qui serait accolée au pont au-dessus de la Cèze.
Concilier prudence et investissements
Voilà pour les investissements qui s'élèveront à près de 30 millions d'euros en 2023. En parallèle, la Ville continue de se désendetter : son taux d'endettement était de 93 % en 2019 et devrait passer à 83,2 % en 2023. Et côté personnel (le pôle de dépenses le plus important en fonctionnement, NDLR), la municipalité veut continuer sa politique de formation des jeunes et s'ouvrir aux services civiques. Deux autres personnes devraient rejoindre le pôle médiation et deux policiers municipaux vont également compléter l'équipe (dont un en remplacement).
Thierry Vincent, élu d'opposition "Alliance citoyenne", a fait part de ses inquiétudes sur le plus long terme : "Il faut être attentif à l'autofinancement mais aussi à son corollaire : la capacité de désendettement. Dans le contexte que nous traversons, est-ce qu'on ne pourrait pas accentuer le désendettement vu les grandes inconnues qui pèsent ?" Ce à quoi Jean-Yves Chapelet répond : "C'est tout l'enjeu du budget qu'on sera amené à voter : où sont nos marges de manoeuvre ? Comment limiter nos emprunts tout en poursuivant une politique volontariste ? Il faut aussi prendre en compte notre capacité à aller chercher du subventionnement. Il y a de vrais effets de levier sur chaque opération."
Et Thierry Vincent de rebondir : "Le subventionnement ne fait pas la totalité des frais, il y a un reste à charge qui est tout autant conséquent sur certains projets." Quant à Alain Pommier du groupe d'opposition "Rassemblons Bagnols", il a salué la promesse rassurante du maire de ne pas augmenter les impôts car "les petits propriétaires bagnolais ont souvent le sentiment d'être les seuls à financer les infrastructures de la Ville et la politique sociale menée." Le maire a rappelé que pour 20 % des foyers imposables, c'était la dernière année de contribution.
(*) Selon les prévisions nationales, le prix de l'électricité devrait être multiplié l'année prochaine par 2,5 par rapport à 2022, l'éclairage public par 1,5, et le gaz par 2,3.
Claude Roux remplace Anthony Cellier
L'ancien député, Anthony Cellier, a démissionné de son mandat de conseiller municipal suite à sa nomination comme commissaire à la CRE (Commission de régulation de l'énergie). Il ne pouvait pas cumuler les deux fonctions. Il est remplacé par Claude Roux, qui s'occupera du plan de stationnement et la décarbonation du parc automobile municipal. Il passera en revue également les grands axes de la Ville pour identifier les problématiques, prendre connaissance des remontées des riverains...
Le reste des délibérations présentées lors du conseil municipal seront présentées dans un prochain article.