Publié il y a 1 an - Mise à jour le 06.02.2023 - Abdel Samari - 2 min  - vu 3290 fois

ÉDITORIAL Emmanuel Macron veut-il la peau de Carole Delga ?

Emmanuel Macron et Carole Delga

Emmanuel Macron et Carole Delga en 2008

- Photo MaxPPP

Après la crise des gilets jaunes et plusieurs mois de discussions, le Président Emmanuel Macron avait lancé le projet de réforme des institutions, intitulée "Pour un renouveau de la vie démocratique". C'était en 2019. Depuis, une pandémie est passée par là. Et des élections nationales. Mais sa volonté de bouleverser les institutions est toujours là. Surtout si cela lui permet de nuire à ses potentiels successeurs...

Comment éteindre un feu ? En allumant un contre-feu ! La stratégie du président est claire : la meilleure défense, c'est l'attaque. Alors que la rue s'oppose à sa réforme des retraites. Particulièrement sur un point : le recul de l'âge de l'accès aux droits à 64 ans, Emmanuel Macron ressuscite un vieux dossier laissé dans l'armoire après le covid et les élections de l'an dernier. Là encore, il ne prend personne à défaut, lors de la campagne présidentielle où il a été réélu, il avait annoncé une "commission transpartisane" pour plancher sur une réforme des institutions. Depuis quelques jours, alors qu'il a décidé de gérer le dossier en direct avec ses équipes, il s'est engagé dans un processus de réflexion avec notamment les anciens présidents de la République. C'est d'ailleurs l'une des réformes phares du dernier président socialiste, François Hollande, que le locataire de l'Élysée voudrait détricoter : celui des grandes régions. Alors qu'elles sont devenues aujourd'hui des mastodontes qui offrent de réelles perspectives d'investissement, avec des marges de manœuvres inédites et surtout, un pouvoir économique attractif pour affronter les marchés internationaux et concurrencer les Länder allemands, Emmanuel Macron veut aller au bout de son caprice, quoi qu'il en coûte. Mais est-ce franchement la bonne stratégie aujourd'hui ? En pleine crise économique et inflationniste ! Et, essentiellement, est-ce l'urgence de réformer les Régions ? Sauf par stratégie politique... Peut-être le chef de l'État en a-t-il assez d'avoir de trop grands présidents de Région qui lui tiennent tête ? Et qui sont déjà dans les starting-blocks pour le raccompagner en 2027 sur le perron de l'Élysée. On pense à Laurent Wauquiez à Droite et à Carole Delga sur son flanc gauche. Au-delà de ça, les Régions sont aujourd'hui le seul contre-pouvoir parisien. On en a eu la parfaite illustration durant la pandémie pendant laquelle la présidente de la Région Occitanie a pris l'initiative d'acheter tous les masques possibles alors que l'État était défaillant. Est-ce qu'aujourd'hui Carole Delga lui ferait autant d'ombre si elle était seulement à la tête de l'ex-région Midi-Pyrénées ? Certainement pas. Pour parvenir à son objectif, le chef de l'État va devoir cependant se lever de bonne heure. Une modification de la constitution nécessite d’être approuvé par les deux chambres en vote identique, puis à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés par l’ensemble du Parlement réuni en congrès. Reste l'option du référendum. Là encore, une option très risquée pour Emmanuel Macron. Personne ne s'intéresserait à l'avenir des institutions. Mais répondrait à l'unique question : Macron stop ou encore ?

Abdel Samari

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