EXPRESSO Présidence du RN : dans le Gard, Jordan Bardella en terrain conquis
Favori dans la course à la présidence du Rassemblement national (RN) pour succéder à Marine Le Pen, Jordan Bardella se déplace au casino municipal de Beaucaire, le 29 septembre.
« Dans le Gard, tous les élus soutiennent Bardella ! », scande Yoann Gillet, fraîchement élu député. Le Nîmois n’a pas hésité longtemps avant d’apporter son soutien au député européen pour l'élection du président du parti, le 5 novembre. Faut-il voir un renvoi d’ascenseur à celui qui, deux ans plus tôt, est venu le soutenir aux élections municipales à Nîmes ? C’était en mars 2020 dans le quartier populaire de Pissevin. Doudoune bleu marine, Jordan Bardella, 25 ans, est alors en pleine ascension au RN.
Le natif de Seine-Saint-Denis, d’origine italienne, a eu le privilège de tirer la liste aux élections européennes. Il incarne un souffle nouveau pour un parti en plein processus de dédiabolisation. Ce jour-là, à Nîmes, les frontistes veulent capter l’attention, l'émotion même, des électeurs meurtris par les récentes fusillades qui ont éclaté dans le quartier. Si la stratégie de Yoann Gillet n’aura finalement pas payé - en témoigne sa défaite aux municipales - il aura toutefois misé sur le bon cheval.
Quelques années plus tard, Jordan Bardella est la nouvelle figure de proue du RN. Tête de liste aux Régionales en Île-de-France, vice-président du RN puis président par intérim le temps de la campagne présidentielle, le compagnon de la nièce Le Pen gravit tous les échelons. « C'est un jeune, dynamique et talentueux », commente Nicolas Meizonnet, 38 ans, qui comme Yoann Gillet, 36 ans, s'identifie volontiers au jeune homme. À 53 ans, son adversaire, le maire de Perpignan Louis Alliot, même s'il est respecté, ne jouit pas de cette même popularité.
Nicolas Meizonnet : « Ma tante adore Jordan Bardella ! »
Au-delà du jeunisme réside aussi une part de stratégie. « Jordan séduit aussi bien les gens de Gauche que de Droite », soutient Nicolas Meizonnet qui, aux dernières Législatives, a remué ciel et terre pour le faire venir au Grau-du-Roi. Et d'expliquer : « Il vient d’un quartier populaire, c’est un enfant d’immigré. Il peut témoigner d’un certain nombre de difficultés que vivent les Français. C’est aussi un modèle de méritocratie. Ses qualités intellectuelles arrivent à séduire autant les classes populaires de Gauche comme de Droite ainsi qu'une certaine bourgeoisie plutôt de Droite. Tenez, d'ailleurs ma tante l’adore parce qu'elle me dit qu'elle comprend tout ce qu'il dit ! »
Pour l'heure, Jordan Bardella part favori pour le scrutin. Il a d'ailleurs tenté de faire taire les rumeurs sur ses éventuelles ambitions présidentielles en 2027, soutenant une quatrième candidature de Marine Le Pen. Sachant que ces prochaines années, les frontistes devront faire la démonstration qu'ils peuvent passer du statut d'opposants, plutôt confortable, au statut de constructifs. Un défi qui, contrairement à la présidence du parti, pourrait bien être un sacerdoce pour Jordan Bardella.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com