Si beaucoup s’attendaient à ce que cette forte participation soit favorable à la grande union de la Gauche pour faire barrage au Rassemblement national, cela ne s’est pas traduit sur le terrain. Du moins dans le Gard. Les résultats du scrutin ont presque été un copier-coller de la percée historique de l’extrême-droite aux Européennes du 9 juin dernier.

La victoire écrasante de Nicolas Meizonnet

Le point d’orgue de cette situation est à regarder sur la 2e circonscription. Si aux Législatives une forte participation favorise plutôt les triangulaires au second tour, le député sortant Nicolas Meizonnet a signé son élection dès le premier tour avec 52,22 % des voix. Un plébiscite ! « C’est une belle élection qui est le reflet d’une dynamique nationale et d’un ancrage local », réagit le député. Sur la 4e circonscription, son homologue Pierre Meurin a bien failli connaître le même succès dès le premier tour avec 48 % des voix. Du jamais vu… Il devra toutefois se soumettre à un second tour face au candidat du Nouveau Front populaire, Arnaud Bord, arrivé loin derrière avec 27,28 %.

Le député sortant sorti ?

Pour les autres candidats du parti de Marine Le Pen, ce n’est pas aussi bien, mais ça reste pas mal. Sur la 5e circonscription, historiquement à Gauche, le candidat - et illustre inconnu - Alexandre Allegret-Pilot sur la 5e arrive en tête avec 41,27 % contre 33 % pour le député sortant Insoumis-Nouveau Front populaire Michel Sala. Le député sortant parviendra-t-il à conserver son siège grâce au front républicain ?

En parlant de la Majorité présidentielle, les candidats s’effondrent dans le Gard en comparaison à 2022 même si, en comparaison des Européennes, le bloc central se renforce avec la hausse de participation. Sur la 6e circonscription, Aurélien Colson, candidat MoDem, arrive troisième avec 20 % des voix, derrière la candidate RN, Sylvie Josserand, en tête avec 42 % et 28 % pour Nicolas Cadène du Nouveau Front populaire. S’il pouvait se maintenir au second tour, le candidat Aurélien Colson a décidé de se retirer. Une sacrée percée du RN : il y a deux ans, le candidat d’extrême-droite n’ayant pas été en capacité de se maintenir…

1ère circonscription : Valérie Rouverand va-t-elle se maintenir ?

Enfin sur la première et troisième circonscription, les députés RN sortants sont bien partis pour confirmer leurs élections. Sur la 1ère, Yoann Gillet arrive en tête avec 43,76 %. Loin derrière, le candidat Insoumis-Nouveau Front populaire, Charles Ménard arrive en deuxième position grâce à son bon score sur Nîmes. Valérie Rouverand, candidate de la majorité présidentielle, se qualifie in extremis pour le second tour. Se maintiendra-t-elle ?

Enfin, sur la troisième circonscription, la députée Pascale Bordes finit devant. La première place avec 47 % des suffrages contre 22 % pour la candidate PCF-Nouveau Front populaire Sabine Oromi avec 22 % des voix et le candidat de la majorité présidentielle Christian Baume avec 19%. Ce dernier a décidé de se retirer : « La ligne donnée par Édouard Philippe ce soir est des plus claires. Arrivé troisième du scrutin face à une candidate communiste dont le suppléant socialiste, j’ai pris la décision de ne pas me représenter au second tour et de me retirer. »

Un front républicain bancal ?

Tout l’enjeu est désormais de savoir comment vont se comporter les électeurs au deuxième tour. Le président de la République, Emmanuel Macron, a déjà donné une indication en appelant à un rassemblement contre le RN. Comment cet appel va-t-il être entendu alors que les trois blocs ont mené une campagne virulente les uns contre les autres ? Aussi, ce front républicain, déjà affaissé en 2022 avec l’élection de quatre députés sur les six circonscriptions sera-t-il appliqué dans le Gard ?

Hier soir, sur le plateau du Club Objectif Gard, on voyait déjà quelques personnalités politiques embarrassées. Yvan Lachaud, soutien de la candidate Valérie Rouverand, ne pouvait clairement se ranger derrière le candidat LFI Charles Ménard. Plus tard dans la soirée, le sénateur Laurent Burgoa ne pouvait pas trancher quand il était interrogé sur le duel du second tour de la quatrième circonscription entre le candidat du Nouveau Front populaire, Arnaud Bord, face à Pierre Meurin du Rassemblement national. « C’est ni-ni », lance-t-il. Quant à l'ancien député Philippe Berta, il déchante : "On observe l’effondrement d’une démocratie et de la République. Comment ne pas avoir la gueule de bois ce soir ?" Et un Doliprane ne suffira probablement pas.