Publié il y a 5 h - Mise à jour le 17.12.2024 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 1470 fois

FAIT DU JOUR Déficit à Habitat du Gard : la colère des dirigeants

Le directeur d'Habitat du Gard, Stéphane Cabrié, et la présidente Laurence Barduca-Fauquet

Le directeur d'Habitat du Gard, Stéphane Cabrié, et la présidente Laurence Barduca-Fauquet

- Coralie Mollaret

C’est une première dans l’histoire du bailleur social. Le 16 décembre, le directeur et la présidente d'Habitat du Gard ont présenté un budget en déficit de 3,5 M€ au Conseil d’administration. Explications 

Le 16 décembre restera une date marquante dans l’histoire d’Habitat du Gard. Lundi, le directeur Stéphane Cabrié et la présidente de l’Office HLM, Laurence Barduca-Fauquet, ont présenté un budget 2025 en déficit de 3,5 M€. Certes, cette somme n’est pas très élevée, le budget de fonctionnement 2025 devant atteindre 113 M€ et celui des investissements 96 M€. Toutefois, les dirigeants d’Habitat du Gard ont tenu à « tirer la sonnette d’alarme » au sujet d’une crise qui touche, depuis maintenant six ans, le bailleur social.

Un budget en déséquilibre de 3,5 M€

« Le point de départ remonte à fin 2018, lorsque le Gouvernement a instauré, dans sa loi de Finances, la Réduction du Loyer Social (RLS) », rappelle le directeur. Une ristourne de 60 € sur les loyers des ménages les plus précaires, par logement et par mois. Cette charge a été intégralement supportée par les bailleurs sociaux, qui n’ont eu d’autre choix que de baisser leurs loyers, entraînant pour Habitat du Gard une perte de recettes de 6,4 M€ par an. Les loyers étant la seule source de revenus des bailleurs.

Seulement voilà, aujourd'hui Habitat du Gard doit dépenser davantage. D’abord, le marché de l’immobilier traverse une grave crise :  « Les coûts de construction ont augmenté de 30%. Avant 2018, on achetait un terrain à 1 800€ le mètre carré hors taxe, aujourd’hui c’est 2 500€ », relève Stéphane Cabrié. La hausse du taux du livret A pénalise également le bailleur : « Tous nos taux d’intérêt sont indexés sur celui du livret A aujourd’hui à 3%. Du coup, nous empruntons aujourd’hui à 4,5%. La charge d’annuité a explosé ! »

« Ces facteurs additionnés font que, pour la première fois, nous allons voter un budget en déséquilibre, puisque, aujourd’hui, les recettes que nous avons ne compensent pas nos charges », insiste la présidente. Pour équilibrer l’exercice 2025, des économies sont-elles possibles ? Pour les dirigeants, c'est non : « Depuis 2019, nous avons mené une politique de rigueur… Tous les tours de vis et coups de rabot, notamment sur le personnel, ont été effectués. D’ailleurs, nous sommes dans le top 3 des offices nationaux les mieux gérés », assure Stéphane Cabrié.

Des besoins grandissants 

Selon l'Office, la seule façon d’équilibrer le budget aurait été de rogner sur l’entretien des bâtiments. Là aussi, hors de question pour les dirigeants : « Nous avons 40 ans de retard sur la rénovation de ces logements. Quand je suis arrivé en 2008, il n’y avait aucun plan d’entretien pluriannuel », reconnaît le directeur qui, depuis 2008, tente de redresser la barre. De plus, Habitat du Gard a sur son bureau 23 000 demandes de logement social. Enfin, l’acte 2 de la rénovation urbaine à Nîmes et Bagnols représente d'importantes dépenses pour le bailleur, soit environ 300 M€ : « On commence maintenant à ressentir les effets des démolitions et reconstructions. D’ailleurs, notre budget d’investissement sera en hausse de 37 % en 2025. »

Le vote de ce budget en déficit est un acte politique, comme l’avait fait, il y a deux ans, Logis Cévenol. « On en a marre de crier… Au total, les décisions de l'État pèsent à hauteur de 11 M€ chaque année sur nos finances », lance Stéphane Cabrié, qui dénonce une « absence totale de politique du logement social. Depuis 2019, nous avons eu cinq ministres différents… » Force est de constater que l’instabilité actuelle de l’Assemblée nationale et les gouvernements successifs  n’améliorent pas franchement la situation.

Et aussi : 

« On n'a jamais eu autant d’opportunité de faire du logement social » Le directeur d’Habitat du Gard l’assure : « Les privés sont dans une telle crise qu’ils viennent taper à notre porte. Ils nous proposent des résidences clef en main à acheter. Ils les ont construites mais n’arrivent pas à vendre… ». Sauf que finances restreintes obligent, « nous refusons des opérations. » 

Coralie Mollaret

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