GARD RHODANIEN La députée Pascale Bordes (RN) : « Nous ne sommes pas des Playmobil »
La députée Rassemblement national de la 3e circonscription du Gard donnait une conférence de presse ce vendredi pour faire un point sur son mandat, cinq mois après son élection.
L’occasion, au cours d’un entretien d’une heure et demie, de balayer un large spectre de sujets. Le premier d’entre eux est le quotidien de la députée, face à « un calendrier parlementaire dense, du fait de la majorité relative, on demande une présence quasi-permanente des députés de tous les groupes », explique-t-elle. Même si elle ne « (se) plain(t) pas », la parlementaire de 61 ans l’affirme : « Quand on m’a sollicitée pour me présenter, je n’avais pas tous ces paramètres, sinon je ne suis pas certaine que j’aurais accepté. »
Toujours avocate spécialisée en droit de la famille, Pascale Bordes explique avoir « une organisation au centimètre carré » pour que tout rentre. Car en plus de l’hémicycle, il y a la commission des lois, « chronophage mais très intéressante », où elle a participé entre autres aux auditions des ministres Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti. « On n’a pas le temps de respirer », rajoute-t-elle.
Une proposition de loi en projet
La députée compte présenter une proposition de loi en début d’année prochaine sur le handicap, et plus précisément la scolarisation des enfants handicapés, « un thème qui me tient à coeur, sur lequel il faut tout remettre à plat, on rajoute de l’injustice à des situations déjà injustes », développe-t-elle. Reste que son étiquette RN n’est pas sa meilleure alliée pour parvenir à faire passer ce texte.
« Je veux que mon texte passe, mais je me fous d’avoir mon nom dessus, lance Pascale Bordes. Je vais le préparer, nous allons en discuter en commission et si porté par un député d’un autre groupe, le texte peut passer, je suis prêt à le laisser comme tel à un député LR ou autre », affirme-t-elle.
En circonscription
Depuis son élection, Pascale Bordes n’a pas vraiment brillé par sa présence sur le terrain en circonscription. Pour autant, elle indique avoir « entamé une tournée des maires, où je suis très bien reçue, à l’inverse du maire de Bagnols et de l’Agglo du Gard rhodanien. » L’occasion de recueillir les inquiétudes des maires sur l’explosion de leur facture énergétique.
La députée compte ouvrir une permanence à Bagnols, et animera des permanences itinérantes dans les communes de la circonscription, accueillie par les maires. « S’ils regardent les chiffres des élections et qu’ils veulent se représenter, ce serait bien qu’ils m’accueillent gentiment, la population en a assez des postures », glisse-t-elle. Un message à Jean-Yves Chapelet, le maire de Bagnols, auteur d’un discours très politique le 11 novembre dernier en présence de la parlementaire. « C’était de la politique de bas-étage par un petit monsieur », estime Pascale Bordes qui, si elle n’est donc pas fan du maire de Bagnols, l’est de la préfète, avec qui elle dit avoir « d’excellentes relations. »
Le Rassemblement national
Voisine du député RN de Gironde, Grégoire de Fournas, qui s’est fait remarquer il y a quelques semaines par une saillie raciste en pleine assemblée, Pascale Bordes l’affirme : elle « ne prendrai(t) pas un thé avec lui. » La Bagnolaise le qualifie même de « pas le crayon le plus affûté de la boîte », tout en défendant son collègue du bout des lèvres, demandant à ce qu’on replace les propos incriminés « dans leur contexte. »
Un coin enfoncé dans la stratégie de dédiabolisation du RN cependant, même si la députée estime que cette dédiabolisation a malgré tout « imprimé dans la population. » Reste que le parti d’extrême-Droite n’est pas un parti tout à fait comme les autres, Pascale Bordes estimant même que les élus RN sont parfois vus comme « des pestiférés. On pense ce qu’on veut des députés RN, mais nous sommes élus démocratiquement. Lorsque la Première ministre ne nous regarde pas et nous maltraite, elle se conduit comme la première des anti-démocrates. » Du reste, Pascale Bordes qualifie Élisabeth Borne d’« erreur de casting » avant d’affirmer ne faire « aucune confiance dans ce Gouvernement », convaincue que la France « régresse. »
Quant au groupe parlementaire RN conduit par Marine Le Pen, la règle qui s’y applique est « toujours une liberté de vote », affirme-t-elle, sans pouvoir toutefois se retenir de tacler la majorité relative : « On ne vote pas comme un seul homme, pas comme la macronie, nous ne sommes pas des Playmobil. » Ça s’est notamment vu sur la proposition de loi de constitutionnalisation de l’IVG fin novembre, texte qui a vu les députés RN se répartir entre les pour, les contres et les abstentionnistes. Pascale Bordes s’est abstenue, « car le texte parlait de droit inconditionnel à l’IVG, je suis pour l’IVG, mais pas après le délais de 14 semaines », justifie-t-elle.