LÉGISLATIVES Les cinq circonscriptions gardoises passées au crible
Arrivés largement en tête au premier tour des élections législatives, les candidats du RN sont bien partis pour faire le grand chelem. À moins que les candidats de l'union de la Gauche parviennent à renverser la vapeur ? Tour d'horizon.
Législatives anticipées, second tour. Il se tiendra ce dimanche 7 juillet. Un scrutin historique marqué au premier tour par la participation : 68,63 % pour le Gard. Il faut remonter en 1997 - et la dissolution voulue par Jacques Chirac - pour retrouver de tels niveaux de votants. Dans le Gard, le RN fait la course en tête : 38,69 % des suffrages soient 145 534 voix. Ce sont 23 320 voix supplémentaires par rapport aux Européennes du 9 juin dernier. Face aux candidats d'extrême-droite, leurs rivaux de l'union de la Gauche vont tenter l'exploit, essayant dans cet entre-deux-tours de rattraper leur retard.
2e circo : Nicolas Meizonnet déjà élu
L’incarnation de la percée bleu marine s'incarne par la réélection, dès le premier tour, du député Nicolas Meizonnet sur la deuxième circonscription du Gard. Un territoire regroupant la Petite Camargue jusqu’à Sommières. Avec un haut niveau de participation soit 69,93 %, le sortant récolte 52,22 % soient 34 427 voix. Les électeurs n’auront donc pas à retourner aux urnes, ce dimanche. Arrivée troisième derrière la candidate du Nouveau front populaire Katy Guyot, Sophie Pellegrin-Ponsole, candidate Horizons-Majorité présidentielle - prend date, elle, pour les prochaines Municipales au Grau-du-Roi.
4e circo : Meurin frise la réélection au premier tour
Dans les cinq autres circonscriptions du Gard, les configurations sont presque les mêmes. Les candidats RN arrivent largement en tête, dépassant les 40 %. Loin derrière, les candidats du Nouveau Front populaire ont arraché leur qualification au second tour. Sur la 4e circonscrption, qui va du Gardon au Rhône et à l’Ardèche, d’Alès à Pont-Saint-Esprit, l’affaire a, aussi, bien failli être pliée dès le premier tour. Le député sortant RN Pierre Meurin a réuni 48,69 % des suffrages, loin devant le candidat socialiste de l’union de la Gauche Arnaud Bord, qui pointe à 21 points derrière (27,38 % des voix). Le candidat du Nouveau Front populaire compte environ 13 000 voix de retard sur Pierre Meurin, soit à peu de choses près le cumul des voix de la candidate Ensemble Nadia El Okki (10 538 voix) et de celles du candidat Les Républicains Pierre Martin (3 930 voix). La première a dit qu’elle ferait « personnellement barrage au RN », le second élude d’un « chacun est libre de son vote. »
Il faut à Arnaud Bord, pour espérer l’emporter, un report quasi intégral des voix des candidats éliminés au premier tour, ou compter sur un hypothétique sursaut de la participation, sur une circonscription où 69,66 % des électeurs se sont déplacés. Le candidat a peut-être un peu de marge à aller chercher sur Alès, dont la partie concernée par la 4e circonscription affiche un taux de participation de 63,03 %, et où Arnaud Bord a mieux figuré que sur le reste de la circonscription, avec 31,81 % des voix contre 41,13 % pour Pierre Meurin. Il semble y avoir aussi un peu de marge à Pont-Saint-Esprit, deuxième ville de la circonscription, qui n’a voté « qu’à » 64,87 %. Sauf que dans la ville au pont médiéval, le RN a réuni 52,45 % des voix, contre seulement 24,42 pour l’union de la gauche, et un surplus de participation pourrait au contraire profiter à Pierre Meurin, qui a peut-être lui aussi un peu de marge chez les abstentionnistes.
Dans ce remake de l’élection de 2022, les deux candidats, aux antipodes politiquement, le sont aussi dans la campagne de cet entre-deux tours, entre un Pierre Meurin qui se fait discret dans les médias et refuse les débats et un Arnaud Bord qui fait feu de tout bois et multiplie les soutiens, Clémentine Autain et Raphaël Glucksmann en tête, pour espérer à la fois convaincre les électeurs des candidats éliminés au premier tour et ramener des abstentionnistes. Il le lui faudra pour réussir ce qui s’apparenterait à un exploit.
3e circo : réélection de Pascale Bordes, une formalité ?
Exploit aussi sur la troisième circonscription pour la communiste-Nouveau Front populaire Sabine Oromi qui fait face à la députée sortante RN, Pascale Bordes, en ballotage très favorable à l’orée de ce second tour. Avec 47,48 % des voix, soit 31 465 suffrages, la candidate du parti lepéniste a, comme Pierre Meurin, frôlé la réélection dès le premier tour. Sabine Oromi, elle, se dit déjà satisfaite d’être au second tour, même si elle compte deux fois moins de suffrages (15 246 voix). Un écart qu’il sera très difficile de combler, malgré le désistement du troisième homme Christian Baume (Horizons), qui a rassemblé 19,21 % des suffrages, soit 12 727 voix.
Dans ces conditions, il faudrait là-aussi un report quasi parfait de toutes les voix hors RN, donc y compris des 5 988 voix du candidat Les Républicains Florent Grau, vers la communiste Sabine Oromi pour la voir renverser la vapeur. Et compter sur un sursaut de participation, même si, avec 70,93 % de votants au premier tour, les marges semblent réduites de ce côté, sauf peut-être à Bagnols, qui, avec 60,35 % de votants, est bien en dessous de la moyenne de la circonscription. Reste que certains à Gauche craignent une progression des votes blancs et nuls venus des électeurs de la droite et du centre refusant de choisir entre le Nouveau Front populaire et l’extrême-droite.
Car tout oppose les deux candidates qualifiées pour ce second tour, entre l’avocate du RN et l’enseignante du PCF, qui se renvoient toutes les deux des accusations de radicalité voire d’extrémisme à la figure. Un ton largement employé durant la campagne, y compris et surtout au niveau national, ce qui pourrait nuire surtout à l’union de la gauche. D’ailleurs, les soutiens de Sabine Oromi insistent sur ce point, en rappelant que le Nouveau Front populaire n’est pas composé que de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, devenu un épouvantail pour tout un électorat modéré qui devient de fait l’arbitre de cette élection. Notamment du côté du canton de Villeneuve, où cet électorat reste important.
Charles Ménard à l'assault de la 1e circo
À 67 ans, le Beaucairois Charles Ménard réussira-t-il à sortir le député RN Yoann Gillet ? Le défi est de taille puisque le candidat du Nouveau Front populaire a plus de 8 000 voix de retard. Comment faire ? Dans cette dernière semaine de campagne, la Gauche pense pouvoir « convaincre les abstentionnistes, un tiers ne s’est pas déplacé », souligne Manuel Bompard, le coordinateur national de La France insoumise, en visite ce vendredi dans le quartier de Pissevin à Nîmes. Charles Ménard, Insoumis notoire, parviendra-t-il a récupérer des voix de la Droite et des Centristes ? Ils étaient 11 394 à voter pour la candidate macroniste, Valérie Rouverand, qui finalement a choisi de se désister, appelant à faire barrage à l'extrême-droite et 3 076 pour la candidate LR Loumy Bourghol, échouant à se qualifier au second tour.
6e circo : Nicolas Cadène (NFP) va devoir ferrailler
Comme sur la 1ère circonscription, le Nîmois apparenté EELV-Nouveau Front populaire ne ménage pas ses efforts. Contrairement à 2022, le RN a réussi à se qualifier au second tour et, en plus, leur candidate Sylvie Josserand part favorite avec 23 382 voix. Ce vendredi, la présidente PS de la Région Carole Delga est venue soutenir le challenger. Nicolas Cadène, qui n'est pas un Insoumis, parviendra-t-il à récupérer davantage de voix à la Droite et au Centre après le désistement, là-aussi, du candidat MoDem-Majorité présidentielle, Aurélien Colson ?
5e circo : le député Insoumis Michel Sala en difficulté
Plus grande circonscription du Gard, la 5e, qui a le cœur historiquement à Gauche, pourrait-elle tomber dans l’escarcelle du RN ? Au premier tour, un illustre inconnu, débarqué récemment dans le Gard, Alexandre Allegret-Pilot, est arrivé en tête avec 27 602 voix, devant le député FI-Nouveau front populaire, Michel Sala. En déplacement à Alès, Clémentine Autain, fraîchement réélue en Seine-Saint-Denis, a rappelé les dangers qu'elle voyait dans une accession de l'extrême-droite au pouvoir. Michel Sala enchaîne les réunions publiques pour mobiliser ses troupes. L'élection d'un député RN serait alors "une souillure pour les Cévennes, des Camisards aux Maquisards. Les morts nous regardent", a insisté Régis Bayle, président du Pays Viganais. Les électeurs, déjà bien mobilisés avec plus de 70 % de votants, se mobiliseront-ils davantage dimanche prochain ? Quant aux électeurs de la candidate de la majorité présidentielle Catherine Daufès-Roux (10 362 voix) et ceux de la candidate LR, Léa Boyer,(5 399 voix) feront-ils front républicain ? Réponse dimanche soir.