À chaque élection, ses surprises. Bonnes ou moins bonnes. Dans le Gard, les Législatives de 2022 ont causé quelques désillusions aux poids lourds de la Macronie. Dans la foulée de la réélection d’Emmanuel Macron à la Présidentielle, ses députés retournent demander la confiance des électeurs. Cinq ans avant dans le Gard, ces derniers avaient plébiscité le camp présidentiel élisant 5 députés LREM (aujourd’hui Renaissance) ou leurs alliés du MoDem sur les six circonscriptions que compte le département. 

Après cinq ans passés au pouvoir, En marche n’a plus franchement la côte de ses débuts. Certains estiment même que la Présidentielle 2002 est plus la défaite de Marine Le Pen que la victoire d’Emmanuel Macron ! La suppression de la taxe d’habitation, la défiscalisation des heures supplémentaires ou le dédoublement des classes CP puis CE1 dans les écoles de quartiers n’ont pas atténué la colère d’une partie du peuple de Gauche, vent debout contre la suppression de l’ISF, la baisse de 5€ des APL et craignant la prochaine réforme des retraites avec son recul de l’âge légal. 

Piscine de Françoise Dumas : et plouf !

Sur le terrain, les candidats font campagne… Sans grand soutien d’Emmanuel Macron. Très présente à l’international lors des trois dernières années, Françoise Dumas mène une campagne active sur sa 1e circonscription. L’assistante sociale, ex-députée PS passée en 2017 sous la bannière En Marche n’a pas peur des défis. Avec son suppléant, le maire de Bellegarde Juan Martinez, elle enchaîne les réunions publiques ou d’appartement, se déplace partout et multiplie les publications de témoignage de soutiens sur ses réseaux sociaux. Plus fun, elle édite même des petits programmes, format poche, pour terminer de convaincre ses électeurs. 

Françoise Dumas et ses équipes y croient. Certains l’imaginent déjà prochaine ministre de la Défense. Sauf qu’à Nîmes, Françoise Dumas est très critiquée pour son absence, ces dernières années. Elle a un autre boulet au pied : sa piscine, construite en partie sur un terrain municipal. L’information est révélée en 2019 par Le Canard enchaîné. Une enquête préliminaire est ouverte, mais sera classée, Françoise Dumas n’ayant pas été informée du refus de la mairie de réaliser ses travaux. Il n’empêche, le mal est fait. Cette affaire est du petit-lait pour le RN qui, sur la circonscription, dirige la ville de Beaucaire et fait de gros score dans les villages environnants. 

Anthony Cellier, le M.Énergies d’Emmanuel Macron 

À Bagnols, Anthony Cellier, lui, semble avoir moins de handicaps. Élu plutôt largement en 2017 avec 59,02 % des voix face à la candidate du Front national, celui qui avait posé son CV sur la plateforme dédiée d’En marche, a su faire son trou. Sur une circonscription qui abrite le site nucléaire de Marcoule, le député choisit de se spécialiser sur les questions d’énergie. De quoi lui donner une assise. Il finit même par réunir les trois grands patrons de la filière, ceux du CEA, d’EDF et d’Orano, à Marcoule et obtient un Contrat de transition énergétique pour Aramon et le Gard rhodanien avant de participer à la rédaction du programme d’Emmanuel Macron sur la partie énergétique. Plutôt pas mal… 

L’élection présidentielle approche, et le Bagnolais fait partie de ceux que d’aucuns verraient également entrer au Gouvernement. Seulement dans le Gard, le RN a le vent en poupe : la patronne du RN en tête au second tour avec 52,15 % des voix. Dans le Gard rhodanien où la Droite s’est faite grignoter par son extrême, le danger est encore plus grand. Dans l’entourage du député, une voix se fait entendre pour tirer la sonnette d’alarme, celle du président de l’Agglomération du Gard rhodanien Jean-Christian Rey, mais Anthony Cellier reste droit dans ses bottes et poursuit sa campagne.

Dumas/Cellier, clap de fin 

Au soir du premier tour, sur la première circonscription, le candidat RN Yoann Gillet sort en tête avec 31,65% soit 11 547 voix. Françoise Dumas décroche la deuxième place avec 25,21% soit 9 200 voix. Sur le papier, tout est encore possible. La candidate de la majorité présidentielle espère récupérer les voix des électeurs de Gauche du candidat Insoumis, Charles Ménard. C’était sans compter le refus de ce dernier à appeler à voter pour Françoise Dumas. Sur la 3e circonscription, Anthony Cellier sort aussi deuxième, mais il est à seulement 3 points de la candidate RN Pascale Bordes.

Pas décroché, le député sortant sait qu’il doit désormais faire le plein pour conserver son fauteuil. Il bénéficie, lui, du soutien de candidate de la Nupes Sabine Oromi qui appelle au front républicain. Avec les reports de voix, Françoise Dumas comme Anthony Cellier auraient pu l’emporter.  Et pourtant… Au fil du dépouillement, en ce dimanche 19 juin 2022, les nouvelles ne sont pas bonnes. Françoise Dumas est en difficulté à Beaucaire avec un retard de 1750 voix, 440 voix à Bellegarde… Sans compter son retard accusé dans les villages. 

Sur la 3ème, même scénario pour Anthony Cellier avec 500 voix de retard à Bagnols, 250 à Laudun-l’Ardoise, 300 à Roquemaure… Sans compter sur les villages, qui mettent presque tous le RN devant. Les bons résultats à Villeneuve, où le député sortant est devant de près de 1 300 voix, aux Angles (300 voix d’avance) et à Pujaut (200 voix d’avance) ne suffiront pas. À l’arrivée, il lui manque 1 100 voix pour l’emporter, soit à peu de choses près les voix qu’il a perdues entre le second tour de 2017 et celui de 2022. 

Pour Anthony Cellier comme pour Françoise Dumas, le choc est rude. Il n’empêche, ces « ex-députés » sont recasés :  le Bagnolais finira par être désigné membre du collège de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en octobre 2022, et partage de nouveau sa vie entre Bagnols et Paris. Idem pour Françoise Dumas qui devient conseillère auprès de la Garde nationale. Leurs noms sont revenus à la faveur de la dissolution, mais ils ont choisi de passer son tour. Pour toujours ?