L'INTERVIEW « Je ne veux pas être le Biden de Saint-Gervasy » : le maire se confie
Arrivé à la tête de la commune en 1989, le directeur de l’école primaire, Joël Vincent, n’avait pas imaginé rester au pouvoir pendant 36 ans… Cette fois, c’est décidé, il raccroche. Âgé de 74 printemps, il se confie à Objectif Gard.
Objectif Gard : Les élections municipales sont dans 16 mois. À l’heure où les candidats commencent à se déclarer, vous annoncez que vous ne serez pas candidat…
Joël Vincent : Non, je n’ai pas l’intention de me représenter. J’ai été élu en 1995. Ma longévité à la tête de la commune n’a jamais été calculée à l’avance. Être maire est un très beau métier, une très belle responsabilité. Ce n’est donc pas l’envie qui me manque de continuer à occuper cette fonction… En plus, les gens ont l’air contents. Mais je suis trop vieux et conscient de mes limites.
Vos limites, c’est-à-dire ?
Par rapport à ma santé, à ma capacité de travailler. Forcément, elle n’est plus la même qu’avant. Je me rends compte que réfléchir devient un peu plus compliqué. Nous avons de nouveaux outils, et tous les jours, nous recevons des informations à analyser et à contextualiser. Heureusement, je suis très bien entouré.
Pensez-vous avoir trouvé un successeur ?
Oui, mais il ne m’a pas encore formellement répondu. Il travaille encore, et c’est une décision qu’il devra prendre en famille.
Aujourd’hui, vous êtes sans doute le maire qui a le plus de mandats derrière vous. Comment avez-vous transformé votre village de 1 800 habitants, cerné entre Marguerittes, Bezouce et Cabrières ?
J’ai eu la chance d’arriver à un moment où le village commençait à grandir. Nous l’avons équipé d’infrastructures, avec la création du foyer socioculturel, qui fonctionne toujours très bien d’ailleurs… Puis, nous avons créé la crèche, agrandi l’école primaire. Nous avons construit un nouveau captage d’eau potable et une nouvelle station d’épuration.
Concernant les logements sociaux, vous y avez toujours été favorable ?
Oui. D’ailleurs, à l’entrée du village, nous avons une très belle construction réalisée par Un Toit Pour Tous.
Vous avez participé, il y a plus de 20 ans, à la naissance de Nîmes métropole. Quel regard portez-vous sur cette intercommunalité aujourd’hui ?
J’y croyais vraiment. Peut-être plus avant que maintenant… Moi, je pensais que l’Agglo allait remplacer les syndicats de coopération entre les différentes communes. Avant que Jean-Paul Fournier, élu maire de Nîmes, ne vienne nous récupérer, nous étions avec quelques petits villages comme Redessan, Manduel, Bezouce. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ces intercommunalités enlèvent surtout du pouvoir aux communes. Ça me gêne beaucoup.
Cette amertume envers Nîmes métropole est-elle liée à la détérioration de vos relations avec le président Franck Proust ?
Je devais peut-être le gêner en demandant de l’argent pour la culture… Et puis, mon éviction lui a permis de promouvoir quelqu’un, le maire de Sernhac. Nous n’avons pas la même vision de la culture.
Aujourd’hui, dans quel groupe siégez-vous à Nîmes métropole ?
Aucun. Sous le précédent mandat, j’étais dans le groupe IEC (Intérêt et Esprit Communautaire). Nous étions très indépendants. Puis, je n’ai pas aimé l’évolution de la ligne politique du groupe.
Sur le village de Saint-Gervasy, que reste-t-il à faire ?
Oh, plein de choses ! Des idées, vous savez, on en a toujours ! Nous aimerions construire un stade avec une piste d’athlétisme sur un autre terrain. À la place de l’actuel terrain de foot, qui est en plein centre du village, j’aurais mis des arbres. Nous avons aménagé une bibliothèque, mais elle est à l’étage et donc pas accessible aux personnes à mobilité réduite. C’est pour cela que j’aurais aimé créer une médiathèque.
Que ferez-vous une fois que vous aurez pris votre retraite politique ?
Écrire un livre… J’ai été maire pendant 35 ans. C’était parfait. Dans l’ensemble, tout a bien fonctionné. J’aimerais aussi entretenir quelques oliviers, des amandiers… J’aimerais un peu voyager, faire des randonnées, du sport et pourquoi pas, retourner dans le village dans lequel je suis né, à Aiguèze.