L’INTERVIEW Jean-Michel Weiss : « Sur la retraite des policiers municipaux, on a de l’espoir ! »
Le secrétaire national FA-FPT (Fédération autonome de la fonction publique territoriale) chargé des policiers municipaux était en déplacement, ce jeudi à Nîmes.
Objectif Gard : Quel est l’objet de votre visite ?
Jean-Michel Weiss : Notre actualité est plutôt riche. Ce jeudi matin, j'ai rencontré 40 policiers municipaux pour leur expliquer les dernières mesures gouvernementales : revalorisation en fin de carrière des agents de catégorie C, meilleure rémunération pour les directeurs… D'ailleurs aujourd’hui, un poste de directeur peut se créer avec 20 agents qu’ils soient policiers municipaux, opérateurs de vidéo ou ASVP (Agent de surveillance de la voie publique). Avant, il fallait obligatoirement 20 policiers municipaux.
Du coup, vous êtes satisfait de la politique d’Emmanuel Macron ?
Heu... Nous avons manifesté 14 fois contre la réforme des retraites ! Et pas plus tard que la semaine dernière, nous manifestions pour améliorer la rémunération des fonctionnaires. Je ne peux pas dire que j’ai des accointances avec ce Gouvernement. Sans compter que le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, veut s’attaquer maintenant au licenciement des fonctionnaires !
Le Gouvernement lance le « Beauvau des polices municipales ». De quoi s’agit-il ?
D'une grande concertation, lancée en grande pompe avec quatre ministres (Justice, Sécurité, Transition écologique et Collectivités territoriales). C’est historique. Le Gouvernement met en place un cycle de négociation avec les élus et représentants de la police municipale. Une réunion aura lieu le 27 mai à La Grande-Motte (où Jean-Michel Weiss dirige la police municipale, NDLR). Le but sera d’analyser et d’identifier les besoins afin d’y répondre. En octobre, il pourrait y avoir une loi avec des évolutions.
Quelles sont vos revendications ?
D’abord, je tiens à signaler que c’est une opportunité importante : depuis la création en 1999 de la police municipale avec la loi Chevènement, notre métier a évolué. Aujourd’hui : 58 % des policiers municipaux sont armés au niveau national et 97 % dans le Gard. Moi, je ne suis pas favorable à ce que les municipaux deviennent des OPJ (Officiers de police judiciaire) comme le propose le maire de Nice ou encore que les policiers municipaux s’habillent en civil pour faire plus de flagrant délit.
S’habiller en civil ?
Oui. C’est une proposition. Sauf que la police municipale est là pour sécuriser les lieux publics. Nous sommes d’abord une police de proximité. Nous ne sommes pas là, initialement, pour faire du maintien de l’ordre ou du flagrant délit. C’est d’abord l’État qui est garant de la sécurité publique.
Pourquoi ne pas vouloir devenir Officier de police judiciaire ?
Si nous devenons OPJ, nous dépendrons du procureur de la République. Comme nous sommes rattachés au maire, ce sera à la collectivité de payer les évolutions de rémunération puisque les missions changent. Enfin, nous sommes une police de proximité. Si on devient OPJ, nous ne pourrons plus tout faire…
Quelles sont vos autres demandes ?
Nous avons un problème sur les pensions de retraite, trop faibles. On ne peut pas travailler en horaire décalé, courir à 64 ans derrière un jeune de 16 ans pour, au final, partir avec 1 200 € ! Après ce sont de petites demandes du quotidien. Exemple : lorsque nous contrôlons un véhicule, nous n’avons pas accès à l’assurance. Pour ce faire, il nous faut appeler et embêter la police nationale !
Enfin, quelle regard portez-vous sur la police municipale nîmoise ?
Elle est très ancienne avec 150 agents sur le terrain et 200 si l’on compte l’encadrement. Elle est armée depuis 1982 et possède une brigade de nuit. La mise en place de la vidéoprotection a été novateur et intelligent. À Nîmes, la police municipale est engagée sur beaucoup de spectres : sécurisation d’établissements publics, lutte contre la petite et moyenne délinquance…