MIDI VILLAGES À Serviers-et-Labaume, on projette une centrale photovoltaïque et une cuisine centrale
La semaine dernière, Marie-Françoise Lecaillon, la préfète du Gard, s'est rendue dans le village de Serviers-et-Labaume, 620 âmes, établi à quelques kilomètres d'Uzès. L'occasion d'échanger avec l'équipe municipale des projets du village, mais aussi des difficultés.
En effet, la commune a été retoquée à deux reprises sur la révision de son PLU (Plan local d'urbanisme). Une démarche essentielle pour se mettre en compatibilité avec le SCoT (Schéma de cohérence territoriale) et aussi permettre la réalisation d'un projet photovoltaïque. La décision sera rendue prochainement par le tribunal administratif. "On a déjà dépensé plus de 110 000 € sur ce PLU depuis qu'on y est. Si on est encore retoqué, on restera au RNU (règlement national d'urbanisme, NDLR), c'est trop cher", lâche le maire, Francis Mazier.
Il est pourtant capital pour l'équipe municipale de modifier le lieu destiné à accueillir le parc photovoltaïque sur ce document d'urbanisme. Cela fait déjà plusieurs années que les élus envisagent ce projet. Ils avaient d'abord pensé à la Bouscarasse qui n'a pas été retenue car située en zone protégée. Le choix s'est alors porté sur la carrière Monier, très peu exploitée aujourd'hui car l'argile est de moins bonne qualité. Elle va bientôt être arrêtée. Une vraie opportunité pour la municipalité qui veut "favoriser la production d'énergies renouvelables qui plus est, sur un site souillé", pointe le maire.
800 kWc de production instantanée
Les élus projettent de poser des ombrières sur 20 hectares : "La capacité pourrait être de 800 kWc de production instantanée", glisse le conseiller municipal, Jean-Pierre Milan. Cela générera aussi une source de revenus pour la commune. L'idée serait également de créer une unité de production à hydrogène, vu par beaucoup comme l'énergie de demain. "On va ouvrir les plis cette semaine pour choisir une entreprise en charge du projet", précise le maire. La préfète conseille de constituer dès lors un dossier précis aux services de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) et de la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) tout en faisant en parallèle la révision du PLU.
L'autre gros projet serait de construire une cuisine centrale. Un projet partagé avec dix autres communes (Aigaliers, Foissac, Baron, Vallabrix, La Capelle-et-Masmolène, Saint-Victor-des-Oules, Flaux, Collorgues, Garrigues-Sainte-Eulalie et Montaren-et-Saint-Médiers). "Pour l'instant, on travaille avec "Terres de cuisine" basé à Rognonas dans les Bouches-du-Rhône. Mais le Gard peut nous fournir, la CCPU veut faire une légumerie. C'est comme cela qu'on a eu l'idée de cette cuisine centrale", poursuit Francis Mazier. L'investissement représenterait 2 millions d'euros pour les communes et toucherait 350 élèves. Le problème pour l'instant, c'est le prix : entre 7 et 8 € le repas. Mais les élus comptent bien trouver des solutions pour diminuer les tarifs.
"Il y a vraiment un intérêt à parler collectivement"
"C'est un beau projet. Il y a vraiment un intérêt à parler collectivement. Ça va peut être initier une réflexion sur comment vous voyez votre école dans quinze ans. C'est un pas supplémentaire dans l'analyse car le nombre d'enfants va diminuer, donc il faut anticiper", conseille la préfète. En effet, l'école de Serviers-et-Labaume compte aujourd'hui trois classes allant de 12 à 20 élèves. Le risque de fermeture à la prochaine rentrée n'est pas à exclure. "Tout le monde veut garder ses classes mais la démographie est ce qu'elle est. À un moment donné, il faut faire la balance", poursuit la préfète.
Pour attirer de nouvelles familles, la municipalité souhaite bâtir des lotissements à la sortie du village : sept lots dont trois de logements sociaux. D'autant que la commune est aussi confrontée à un autre phénomène : les prix très élevés de l'immobilier dus à la proximité et à l'attractivité d'Uzès. Les biens sont vendus à des personnes aisées, mais les jeunes qui cherchent à s'installer ou à rester au village n'ont pas les moyens.
Marie Meunier