Publié il y a 1 an - Mise à jour le 26.08.2023 - AS - 3 min  - vu 2219 fois

PISSEVIN Après les annonces du ministre de l'Intérieur, la gauche nîmoise reste méfiante et avance des propositions

Gérald Darmani

Gérald Darmanin à la sortie de sa réunion avec les élus du territoire

 

- Photo : Coralie Mollaret

"Pourquoi l’État, la Ville et l’agglomération, le Département, la Région, n’organiseraient-ils pas ensemble, avec les représentants de la société civile, des assises des quartiers populaires ?" propose Catherine Bernié-Boissard.

Après le double assassinat à Pissevin cette semaine, et la visite du ministre de l'Intérieur à Nîmes hier vendredi, la gauche nîmoise souhaite apporter son point de vue.

Nicolas Nadal et Pierre Jaumain, secrétaire de la section Parti socialiste de Nîmes et le premier fédéral du PS Gardois : "La visite, sur-médiatisée, du ministre de l’Intérieur à Nîmes venu témoigner du soutien de l'état après les drames survenus à Pissevin, ne doit pas cacher la réalité sociale vécue par les habitants de ces quartiers de l'ouest nîmois. Cette visite a été précédée, entre autres, d'une opération « opportuniste » de nettoiement d'immondices et d'encombrants alors que demandée depuis près d'un an par les riverains... En fermant ou projetant de fermer depuis des années les quelques services publics qui permettent à la population locale de se sentir encore rattachée aux valeurs la République, on renforce la «ghettoïsation» de cette partie de la ville et le sentiment d'abandon. Fatigués et déçus de ne voir aucun début de rénovation urbaine promise par les autorités nationales et locales depuis des années et sans cesse reportée pour des raisons de « complexités administratives » (dixit M. le député Berta ), ils se sentent abandonnés à leur sort et craignent une aggravation de leur conditions de vie. Fermeture de la Médiathèque par la Ville, manque cruel d'un cabinet médical, Poste du quartier en sursis... Le ministre, déjà en campagne pré-électorale pour 2027, annonce des moyens conséquents en terme de présence policière avec la création d'un bureau de police commun, national et municipal. Mais rien n'est encore acté. Une présence plus grande des forces de sécurité sur les lieux de deal, etc. On connaît la situation depuis très longtemps et il aura fallu qu'un enfant soit tué en victime « collatérale » et qu'un jeune adulte soit exécuté dans le cadre de cette guerre de gangs, pour qu'on promette de tels moyens sécuritaires ? Le trafic de drogues doit-il être la seule et unique perspective économique pour ces jeunes, faute de pouvoir trouver un emploi localement ? Attention à ce que ces annonces qui arrivent du haut de l'Etat, souvent après des drames provoquant une émotion légitime, ne soient pas suivies rapidement d'actions tangibles et visibles pour les habitants. Il faut y associer tous les acteurs concernés, associations, collectivités locales, familles, entreprises de ces secteurs de la ville. La richesse humaine économique et culturelle de notre ville est là aussi, ne l'oublions pas."

Catherine Bernié-Boissard, ancienne élue socialiste à la Ville de Nîmes et géographe : "Prenons acte des mesures annoncées par le Ministre de l’intérieur pour le quartier de Pissevin. Constatons qu’elles vont dans le sens des revendications du maire de Nîmes. Mais observons que ni l’un ni l’autre n’ont de certitude quant à leur efficacité sur la longue durée. M. Fournier attend de voir … M. Darmanin, quant à lui, reviendra au mois d’octobre, soit six semaines après la mise en place des mesures dont il reconnaît qu’elles relèvent pour l’essentiel de l’urgence. Mais l’urgence n’est pas un traitement de fond de la criminalité organisée sur le quartier. Cette dernière a des racines nationales et internationales, elle investit les ensembles populaires des villes moyennes comme Nîmes depuis plusieurs années. Il reste que Pissevin et Valdegour, mais aussi Mas-de-Mingue et Chemin-Bas-d ’Avignon, soit le quart de la population nîmoise, sont devenus plus vulnérables à ce narcotrafic car ils souffrent depuis 20 ans d’une gestion locale marquée par une marginalisation croissante. D’un côté, les projecteurs sont braqués sur le centre historique et les faubourgs adjacents (la romanité touristique). De l’autre, les quartiers populaires sont mis sous l’éteignoir, c’est « Nîmes sans banlieues », comme en rêvait la droite dans les années 1990. Est-il admissible de parler dans notre ville de « zones de non-droit » et de quartiers de « reconquête républicaine » ? N’est-ce pas confondre l’action d’une minorité de gangsters et de voyous avec la majorité des habitants, qui fréquentent les écoles, collèges, lycées, crèches, les médiathèques (quand on ne les ferme pas), les commerces, les lieux associatifs, les services de santé, les postes (lorsqu’elles existent) …etc. C’est à celles et ceux qui y vivent, qui y travaillent et qui souffrent des insécurités économiques, sociales, culturelles, qu’il faut rendre la parole pour faire reculer le vacarme des armes. Pourquoi l’État, la Ville et l’agglomération, le Département, la Région, n’organiseraient-ils pas ensemble, avec les représentants de la société civile, des assises des quartiers populaires ? Ce serait aussi une manière de rendre hommage à la mémoire des victimes innocentes, et ici plus particulièrement à celle du jeune Fayed."

AS

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