PONT-SAINT-ESPRIT Brigade de nuit, piscine : ça chauffe au conseil municipal
Elle était annoncée comme longue et dense, elle l’a été : la séance du conseil municipal de Pont-Saint-Esprit, qui s’est tenue jeudi soir, a duré près de 3h30. Il faut dire que, parmi les 29 points à l’ordre du jour, sans compter les questions orales de la fin, on retrouvait certains dossiers chauds.
Par exemple, la création d’une brigade de nuit de la police municipale, promesse de campagne de Gérome Bouvier, reprise par son successeur Valère Segal. La brigade de nuit sera composée de six agents de police municipale, « mais devra passer à huit agents et deux agents chaque nuit pour le centre de vidéo-protection », précise l’adjoint à la Sécurité Claude Conan. La brigade de nuit sera en place jusqu’à 3 heures du matin.
Voilà pour le principe. « A-t-on des données fiables prouvant que des faits sont commis sur cette plage horaire ? Et combien d’agents faut-il recruter pour la brigade et au centre de vidéo-protection ? », demandera l’opposante et ancienne maire Claire Lapeyronie. Claude Conan lui répondra qu’il n’y avait pas « à proprement parler de chiffres sur la délinquance de nuit », affirmant se baser « sur le ressenti des gens et de la gendarmerie. » Sur les embauches, l’adjoint précisera que la nouvelle brigade allait de pair avec « six embauches, huit à terme, et quatre au centre de vidéo-protection. » Pas rien.
Alors « oui, la sécurité a un coût, mais allez demander aux gens qui sortent le soir », poursuit Claude Conan. Sur l’impact budgétaire de la mesure, les deux groupes d’opposition devront revenir plusieurs fois à la charge avant que l’adjointe Karine Bommenel ne donne le chiffre de 50 000 euros, rien que pour les quatre mois avant le prochain budget, soit « environ 200 000 euros par an », glissera-t-elle ensuite.
Sur le fond, l’opposant RN Pierre Meurin estimera qu’« il y a des fois où on fait dans le quoi qu’il en coûte sur la sécurité » mais regrettera de manquer « d’éléments matériels », avant d’estimer que « c’est dans le budget qu’on verra ce que vous allez réellement faire ». Claude Conan aura beau défendre « le pragmatisme dans le choix des horaires », Pierre Meurin l’accusera en retour de défendre une « vision technocrate de la sécurité qui ne résiste pas au réel. » Le député RN estimera ensuite que l’insécurité est « une des raisons pour lesquelles les gens ne se promènent pas à 3h du matin, notamment les femmes », provoquant une réponse sarcastique du maire Valère Segal : « à 3h du matin, il y a très peu de personnes qui se promènent car il n’y a pas grand chose à faire à Pont-Saint-Esprit. » La délibération sera votée avec deux voix contre du côté du groupe RN (Aurélie Delwarte et Ludovic Nicolas) et trois abstentions (Pierre Meurin, Claire Lapeyronie et Christophe Antunes). Emmanuel Le Pargneux a voté pour.
Le projet de rénovation de la piscine coulé
Autre sujet épineux, l’abandon des travaux de rénovation de la piscine municipale, pour 600 000 euros dont 344 000 euros dès cette année, votée par Claire Lapeyronie avant l’élection. Une annulation « pour prioriser d’autres projets », indique Karine Bommenel. L’opposant Christophe Antunes dénoncera cette décision, affirmant que la piscine présente « une fuite de 70 mètres cubes par jour », ce que contestera l’adjoint Jérôme Carminati, parlant du « renouvellement légal en eau ». Karine Bommenel affirmera que la municipalité abandonne les travaux car d’une part « l’Agglomération a lancé une étude » sur les piscines, d’autre part car celle de Pont ne compte que « 1 200 entrées » et n’est ouverte qu’aux beaux jours. Plus largement, « pour nous l’argent doit bénéficier au plus grand nombre, il sera investi dans la voirie, dans une aire de jeux aux Mourguettes, dans la toiture du gymnase du Clos Bon-Aure. »
Pas de quoi convaincre Claire Lapeyronie. « Vous prenez une décision irresponsable, sans travaux, la fermeture de la piscine nous pend au nez », dira l’ancienne maire, avant d’affirmer que les 600 000 euros initialement budgétés étaient subventionnés à « au moins 50 % ». « Vous avez mis sept ans pour agir sur la piscine, il a fallu une élection municipale pour que vous proposiez de la refaire », lui répondra Valère Segal, qui dira « travailler avec l’Agglomération sur un projet d’envergure plus importante. » Ce à quoi Claire Lapeyronie lui répondra « bon courage si vous devez travailler avec l’Agglomération sur des projets de piscine. » La délibération sera votée avec deux voix contre.
Plus tard, sur la première décision modificative du budget, Karine Bommenel affirmera que la nouvelle majorité a « fait le choix d’axer le budget sur les moyens aux services, comme les caméras, la brigade de nuit ».
Et aussi
Ça cartonne : en fin de conseil, Claire Lapeyronie demandera pourquoi la mairie avait décidé d’arrêter la collecte des cartons de plusieurs entreprises, collecte assurée par la mairie depuis des années. Valère Segal lui répondra que c’était « pour faire appliquer la loi », car « les entreprises sont responsables de la gestion de leurs déchets », et que ce service pouvait s’apparenter à « un don en nature » aux entreprises. Le maire affirmera réfléchir à « saisir la procureure pour des éventuels faits de trafic d’influence et de prise illégale d’intérêts » sur ce dossier.
Toujours non pour le terrain du collège : répondant à une question d’Emmanuel Le Pargneux, le maire rappellera que son équipe était « favorable à la construction d’un collège, mais pas en faisant payer les Spiripontains à la place du Département », la mairie ayant, du temps de Claire Lapeyronie, acheté un terrain 3,1 millions d’euros pour le mettre à disposition du Conseil départemental en vue d’y bâtir le collège. Après avoir énuméré les rentrées fiscales du Département, Valère Segal estimera que « les Spiripontains ont déjà payé. »
L’hommage : le conseil municipal a décidé à l’unanimité de dénommer le stade du Clos Bon-Aure au nom d’Hector Maison. Ancien joueur de football professionnel, notamment à Nice ou à Lyon, « Coco » Maison s’est installé à Pont dans les années 1970 où il a oeuvré durant plusieurs décennies dans le monde associatif, notamment comme entraîneur à l’Indépendante.