C’est au bar du village, à quelques mètres de sa maison en pierre, que nous retrouvons William Dumas. En jean et polo, lunette de soleil au bout du nez, l'homme est loin de faire ses 81 printemps. Derrière des palettes de boissons posées devant le commerce, il lance : « C’est bientôt la fête du village. C’est pour ça qu’il fallait mieux que l’on se voit aujourd’hui ! » Si William Dumas est à la retraite, son agenda n’en reste pas moins chargé. Pour des choses certes plus agréables : « Avec ma femme Annie, nous nous occupons de nos quatre petits-enfants, trois filles et un garçon. Je travaille aussi dans les vignes avec mon frère. »

Le retraité passe, chaque jour, entre trois et six heures dans ses champs. « Mon cardiologue dit que ça me maintient en forme », s’amuse-t-il. Un habitant rentre dans le café. William Dumas, qui serre des pinces à tire-larigot depuis notre arrivée, s'exclame : « Tiens, quand est-ce que tu commences les vendanges toi ? » Passer un moment avec William Dumas, c’est se refaire le fil de l’histoire politique du département : « J’ai 43 ans de mandat derrière moi. » Le socialiste a traversé plusieurs époques. Et s’il a quasiment disparu de la scène politique aujourd'hui, il reste intarissable sur le sujet.

« J’ai horreur des gens qui foutent le bordel »

La politique est une passion léguée par son père « qui fût le plus jeune président de comité de Libération ». À Fons, le socialiste d'obédience rocardienne est l’un des premiers à monter une section PS. De 2001 à 2008, l'employé du Crédit agricole dirige la municipalité après son élection au Département en 1992. En 2004, il devient député : « Damien Alary, qui repartait avec Georges Frêche aux élections régionales, m’a cédé son fauteuil », confie celui qui aurait préféré « devenir président du Conseil départemental : une collectivité que je connais bien et pour laquelle, à mon arrivée, j’avais réformé l’octroi des subventions aux mairies. »

En 2012, avec le retour de la Gauche au pouvoir, William Dumas est un soutien du président Hollande à l’Assemblée nationale. Les frondeurs ? Très peu pour lui : « Ils m’ont complètement dégoûté. J’ai horreur des gens qui foutent le bordel et crachent dans la soupe. » Pour lui, « François Hollande était trop gentil. Il a laissé Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon diviser notre famille politique. Si ça avait été François Mitterrand, ça n’aurait pas été la même chose ! » Plus contemporain, un autre socialiste n’a pas ses faveurs : l’actuel patron du PS, Olivier Faure.

« Il a bradé le parti et la ruralité à Mélenchon ! », critique-t-il, en référence à l’accord passé pour les Législatives 2022. En février, lors de l’élection du premier fédéral dans le Gard, William Dumas fait campagne pour Pierre Jaumain, rival du sortant Arnaud Bord : « Arnaud voulait se présenter sur la 4e circonscription. C'est pour ça qu'il a laissé la 5e et la 2e à La France insoumise. Quel fût le résultat ? Il a été battu par un candidat RN qui habitait à Pont-Saint-Esprit depuis six mois ! » William Dumas qui a connu « le PS à 5 % » croit en Bernard Cazeneuve, « un homme qui a du recul, ministre de l’Intérieur pendant les attentats, dont la mère habite Saint-Géniès ».

Françoise Laurent-Perrigot, alias « Fanfan » 

En dehors des débats nationaux, William Dumas garde contact avec ses « amis » socialistes. « Je suis venue voir Françoise Laurent-Perrigot dans son bureau au Département. Elle méritait depuis longtemps d’être présidente ! Fanfan, comme je la surnomme, c’est ma sœur. Elle m’a aidé quand j’ai été élu au Département. » Le socialiste garde également des liens avec la maire de Fons et conseillère départementale du canton de Sommières, Maryse Giannaccini. « Dernièrement, elle m’a invité au repas pour la fête votive. Je viendrai seulement à l’apéritif. À un moment, il faut savoir s’effacer. »