Le conseil municipal de Rochefort-du-Gard était au complet ce mardi soir. Il faut dire que l'ordre du jour était particulièrement sensible car il était question de démettre Véronique Boissy de ses fonctions d'adjointe et de lui retirer toutes ses délégations que sont le CCAS (Centre communal d'action sociale), les affaires sociales, l'accessibilité, le handicap et le logement. Le maire, Rémy Bachevalier, a pris un arrêté en ce sens le 20 novembre dernier, avec comme motifs "une rupture de confiance du maire à l'égard de son adjointe" et notamment des "désaccords persistants concernant la commune et particulièrement celle du centre communal d'action sociale". Le maire fait aussi mention d'un "affichage public de la part de l'adjointe de ces désaccords par son comportement, de sa déloyauté et des manquements (...)"

Tout cela, le maire l'a inscrit dans un communiqué de presse mais ne l'a pas formulé de vive voix. Il a fait le choix de quitter la salle du conseil "pour ne pas influencer les débats et les votes" et "sur les conseils de son avocat pour éviter tout conflit d'intérêt". Il a donc laissé la manœuvre à sa première adjointe, Josy Manya, tandis que l'élu d'opposition, Julien Paudoie, lui, y voit une "fuite" d'un maire qui "n'assume pas". 

"Je n'ai le sentiment de n'avoir commis aucune faute"

Véronique Boissy a, elle, bien sûr pris la parole, démentant les allégations du maire à son encontre. "Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait dans l'intérêt de l'équipe municipale. J'ai toujours agi au service des autres, de nos concitoyens (...). Je n'ai le sentiment de n'avoir commis aucune faute ou action contre l'équipe", tonne-t-elle. Elle pense que la fracture avec le maire s'est créée après un désaccord au sujet de deux recrutements. "Aujourd'hui, je paye fort cette liberté d'expression", estime-t-elle. 

Malgré les vaines tentatives d'interruption de Josy Manya lui reprochant d'être hors-sujet, Véronique Boissy lira jusqu'au bout sa défense et réaffirmera son engagement et son envie de continuer dans ses délégations. Ses mots ne trouveront pas écho auprès de suffisamment d'élus. Après une interruption de séance de quelques minutes, l'assemblée est passée au vote à bulletin secret. 18 élus voteront pour sa destitution des fonctions d'adjointe et de ses délégations, contre 7 favorables à son maintien et 3 votes blancs. 

Marilyne Kriz-Bellon prend la place de 8e adjointe

Bien que Julien Paudoie n'a pas toujours porté la désormais ex-adjointe dans son cœur, il regrette la situation : "Elle a beaucoup œuvré pour les aînés du village. On ne peut pas le nier que Mme Boissy faisait le taf." Nadine Auray de l'autre groupe d'opposition craint que ce "spectacle déplorable" jeté "en place publique" ne "dégoûte" les administrés. C'est Marilyne Kriz-Bellon qui a été élue en tant qu'adjointe avec 20 voix à la place de Véronique Boissy, qui devient simple conseillère municipale. Le maire est revenu dans la salle juste le temps d'enfiler l'écharpe tricolore de la nouvelle promue et de la féliciter. 

Marilyne Kriz-Bellon est élue depuis 2008, elle a été vice-présidente du SIDSCAVAR, puis adjointe aux affaires sociales et vice-présidente du CCAS. "Si je candidate aujourd'hui alors que j'avais volontairement mis fin à ma délégation d'adjointe, c'est que le contexte présent le nécessite et que l'intérêt général doit primer", clarifie-t-elle. 

"Rochefort-du-Gard ne sort pas grandie de ce qu'il s'est passé"

Les délibérations suivantes visaient à modifier la composition des commissions dans lesquelles siégeait Véronique Boissy pour l'en écarter. Pour la conseillère municipale d'opposition Céline Alcalde, ces délibérations ne sont pas justifiées et sont même "irrégulières". Elle a demandé à ce qu'elles soient retirées : "Un changement au sein de l'équipe municipale n'induit pas automatiquement le changement de la commission. Il faut prouver qu'il en va de la bonne administration de la commune. (...) On a tous le droit de participer aux affaires de la commune. Vous ne pouvez pas la mettre en dehors de tout, ça ne choque personne ?"

Après une nouvelle suspension de séance, la majorité décide quand même de poursuivre l'ordre du jour et a donc modifié la composition des commissions. Véronique Boissy a aussi été évincée du conseil d'administration du CCAS, du SIDSCAVAR, de sa délégation à la Mission locale jeunes et de la commission paritaire du marché hebdomadaire. Dépouillée de toutes ses responsabilités, l'ex-adjointe a quitté le conseil municipal avec des dossiers bien plus légers mais sûrement avec le cœur lourd. Julien Paudoie conclura en lançant : "Rochefort-du-Gard ne sort pas grandie de ce qu'il s'est passé."

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