Ils seraient quatre, selon le maire, Jean-Pierre Beauclair, en comptant les deux qui remontent de sa liste après démission des deux premiers. Et il attendrait une dernière démission. Ils sont huit, selon le premier adjoint Denis Kucharczak (six titulaires et deux remplaçants), ce qui entraînerait, de fait, la chute du conseil municipal. Si le maire et son premier adjoint se rejoignent sur une des raisons de la discorde entre eux, Denis Kucharczak soulève des problèmes précédents, comme la fin de la concertation avec le maire, sa mise à l'écart des décisions municipales et un mystérieux dossier confidentiel sur lequel il n'a jamais réussi à obtenir de renseignements. 

Pour Jean-Pierre Beauclair, tout naîtrait de sa volonté de nommer une adjointe en secrétaire de mairie, en l'occurrence Christelle Pascal. Une histoire de "gestion administrative de la commune", explique le maire. "Ils n'ont pas supporté que je fasse démissionner une adjointe pour qu'elle assure le rôle de secrétaire de mairie." Jean-Pierre Beauclair plaide la vacance du poste, les difficultés en découlant pour la commune, les services qu'avait rendus l'adjointe dans ce rôle, sans avoir le poste. "Mais elle n'a pas pris un poste ouvert, je ne l'ai pas stagiairisé", précise l'édile. L'élue aurait donc effectué sa mission de janvier à juin. 

"Le maire a mis le feu aux poudres au niveau du village"

Denis Kucharczak, premier adjoint démissionnaire de Saint-Florent-sur-Auzonnet

Janvier, c'est à peu de choses près la période où les choses ont commencé à se détériorer, selon Denis Kucharczak. Pour lui, l'installation provisoire de l'élue en secrétaire de mairie "a créé la polémique au sein du conseil muinicipal et de la population. Le maire a mis le feu aux poudres au niveau du village. Lors de nos échanges, je lui ai dit que sa position n'était pas la meilleure et que, si ça mettait le feu au village, j'aurais démissionné. Mais ce n'est qu'une des choses qui ont amené à cette situation." 

Pour Denis Kucharczak, depuis une dizaine de mois, "je suis écarté, je n' ai plus de gestion ou de concertation avec lui" alors que "on était une équipe soudée et volontaire". En cause, un dossier municipal "confidentiel, pour lequel j'ai demandé un complément d'information et à voir le dossier. On me l'a refusé et on n'a pas eu les éléments qu'on demandait. Dès lors, il n'y a plus eu de transparence sur les dossiers et la gestion de la municipalité." Quelle était la teneur du dossier ? Le premier adjoint se refuse à le dire, "je ne peux pas parler, il est confidentiel aux yeux du public". 

Selon lui, les événements actuels ne sont que la suite logique de ce à quoi il assiste depuis cette année. "Je suis en mairie les mercredi et jeudi. Cela fait huit mois qu'on ne se rencontre plus avec le maire et je ne croise personne. Moi, je fais mon boulot pour les Saint-Florentins. Mais ça prouve bien que les élus et conseillers municipaux, depuis quelques temps, ne viennent plus en mairie. Moi, à part des devis et des affaires courantes, je n'étais plus au courant de rien." Faux, pour Jean-Pierre Beauclair : "J'ai toujours pris les décisions avec mon équipe".

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, pour Denis Kucharczak, c'est le repas des aînés, qui s'est tenu récemment. "Il y avait le maire, les adjoints, les autres élus. Et moi, je n'ai pas été invité." En cause, ici aussi, la démission de l'adjointe Christelle Pascal, qui était à la tête du Centre communal d'action sociale (CCAS). "Celui-ci n'était plus géré, il n'a plus de tête depuis le mois de juin, regrette Denis Kucharczak, et c'est le comité des têtes qui a organisé le repas." Un comité qui se serait étonné de l'absence du premier adjoint. 

"Je ne sortirai pas par la petite porte"

Jean-Pierre Beauclair, maire de Saint-Florent-sur-Auzonnet

"Ma décision de démission est personnelle", insiste Denis Kucharczak. Quand Jean-Pierre Beauclair y voit les agissements d'une "bande de copains. Une caballe, quelque chose de malsain avec des personnes qui ont des langues de vipère". Pourtant, il y a peu, l'un devait être le successeur de l'autre, d'un commun accord. "Il y a un an et demi, il m'avait demandé de faire le prochain mandat", relève Denis Kucharczak. "J'ai fait 18 ans de mairie, j'ai beaucoup donné. Je comptais effectivement l'installer sur le fauteuil avant de partir. Mais maintenant, je ne lâcherai pas. Je ne sortirai pas par la petite porte."

Jean-Pierre Beauclair annonce ainsi son intention de se représenter, en  cas d'élections anticipées ou lors des municipales de 2026. "J'ai discuté avec plusieurs personnes qui viendraient avec moi. J'ai déjà ma liste en tête". Denis Kucharczak, lui, dit n'avoir "rien décidé. Mais ce qui est sûr, c'est que nous ne resterons pas inactifs. Autour de la table, autour de moi, ce ne sont que des personnes de Saint-Florent qui ont toujours oeuvré pour le village. Quand on s'est engagés, on l'a fait par conviction. C'est bien le maire qui a changé d'attitude." 

Dans les communes qui disposent de quinze conseillers municipaux, comme à Saint-Florent-sur-Auzonnet, une élection municipale partielle complémentaire est automatiquement déclenchée quand cinq conseillers sont démissionnaires.