VIDÉO À Nîmes, le professeur Vincent Bouget : « La caricature permet de s’attaquer à des pouvoirs »
Professeur d’histoire-géographie au lycée Philippe-Lamour, Vincent Bouget - par ailleurs secrétaire départemental du Parti communiste - a retrouvé ses élèves de première et terminale.
Les professeurs en première ligne. Ce lundi jour de rentrée, un hommage était rendu à Samuel Paty dans l’ensemble des établissements scolaires. Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie assassiné pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet dessinées par le journal satirique Charlie Hebdo. « Ce qu’il s'est passé ce lundi ne peut être que le début d’un travail plus long », confie Vincent Bouget.
« Historiquement, ils permettent de s’attaquer à des pouvoirs »
L’apprentissage des notions de liberté d’expression ou de laïcité « ne se fait pas en quelques heures d’hommage… » Secoué comme beaucoup d’autres par l’attentat du 16 octobre, Vincent Bouget s’est entretenu, s’entretient et s’entretiendra encore avec ses élèves, âgés de 15 à 18 ans. Un âge où les adolescents s’ouvrent sur le monde avec un esprit plus ou moins revendicatif. Le but de cette journée sera de « tirer les fils » de ce drame pour évoquer « la liberté d’expression, la laïcité mais aussi le rapport aux religions et de la fonction de l’enseignant. »
Dessins de presse ? Caricatures ? « Historiquement, ils permettent de s’attaquer à des pouvoirs », explique-t-il. Sur la question spécifique des caricatures du prophète Mahomet, Vincent Bouget ajoute : « La caricature attaque le pouvoir religieux, ceux qui l’instrumentalisent, et non pas ceux qui croient en ce pouvoir. Il est évident qu’il faut comprendre que ces dessins puissent choquer ceux qui sont des croyants. »
Les profs face à l’ampleur des réseaux sociaux
L’attentat de Samuel Paty a révélé un fois de plus les conséquences que peut avoir parfois la diffusion massive d’informations sur les réseaux sociaux. Des informations pas toujours vérifiée, appelant parfois à la haine derrière l’anonymat d’un écran. « Nous, qui sommes d’une génération différente de celle des jeunes, il y a parfois des informations nouvelles qui se diffusent rapidement et qui nous échappent », reconnaît Vincent Bouget.
Toutefois, « comme on a appris dans le passé avec la presse écrite, la radio, la télévision, nous devons expliquer aux jeunes comment se fabrique l’information, pour échapper aux tentatives d’instrumentalisation. On doit leur apprendre à interpréter les informations, à avoir du recul et de l’esprit critique. » Le fondement de l’école de la République.
CM
coralie.mollaret@objectifgard.com