ALÈS/NÎMES Les travailleurs sociaux et médico-sociaux toujours en quête de la prime Ségur
Ce jeudi matin à Alès, une quarantaine de travailleurs sociaux et médico-sociaux ont fait cause commune pour réclamer "plus de moyens" et dénoncer "la marchandisation" de la santé, tout en continuant de réclamer la prime Ségur pour tous. Un rassemblement similaire était organisé à Nîmes en début d'après-midi avec seulement une trentaine de personnes présente.
Leur dernière mobilisation d'envergure à Alès avait rassemblé 150 personnes autour du rond-point de la 2x2 voies le 29 novembre dernier (relire ici), quand celle du jour n'a pas fait se déplacer les foules puisque seules 30 à 40 personnes ont investi les abords de la sous-préfecture en fin de matinée. Pourtant, si plus de six mois se sont écoulés entre ces deux manifestations organisées par l'intersyndicale (CASCGT30, CNT30, Sud santé-sociaux 30/48) et le collectif Travail social du Gard, les revendications sont restées sensiblement les mêmes.
Mais en ce surlendemain de feria de l'Ascension, la date du mardi 23 mai n'avait pas été choisie au hasard. Il s'agit d'une journée capitale pour la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale à l'issue de laquelle une nouvelle convention collective doit s'écrire. "On est là pour montrer qu'on se bat pour avoir une convention collective de haut niveau", a ainsi justifié Mickaël, éducateur sportif à l'IME de Rochebelle, par ailleurs responsable syndical CGT.
Celui qui est aussi élu au conseil social et économique (CSE) de l'Unapei 30 le reconnaît bien volontiers : "Nos conventions collectives ont besoin d'être dépoussiérées." Et d'ajouter : "Pour la nouvelle, il faut au moins qu'on préserve nos acquis de nos précédentes conventions, car nos congés trimestriels sont mis en balance." À ses côtés, Noëlle, travailleuse sociale à La Clède, qui venait tout juste de quitter l'un des huit piquets de grève érigés ce mardi dans le Gard (c'était également le cas à l'Esat les Gardons et foyer d'accueil médicalisé Villaret-Guiraudet notamment), insistait sur la "priorité" du moment : l'obtention de la prime Ségur pour tous.
La prime Ségur pour tous
Cette prime Ségur attribuée ou non en fonction de la provenance des financements de l'association "est venue cliver nos services dans la mesure où tout le monde n'en a pas bénéficié", déplore en effet Noëlle. D'après les chiffres dont il dispose, Mickaël indique que près d'un tiers des salariés du social et du médico-social "sont encore écartés de cette prime" de 183 euros nets par mois, soit "quasiment 200 000 personnes".
Pour autant, l'obtention de cette prime Ségur pour tous ne serait toutefois pas suffisante aux yeux de l'éducateur sportif. À l'image des manifestants du jour, ce dernier milite parallèlement pour des revalorisations salariales "à la hauteur de la perte du pouvoir de vivre que l'on subit depuis des années". Dans cette optique, l'intersyndicale et le collectif Travail social du Gard réclament la revalorisation du point d'indice et des grilles indiciaires, a minima à la hauteur de l'inflation.
"On ne travaille pas avec des morceaux de viande !"
"On dénonce aussi la logique de marchandisation de notre secteur. On voit ce que ça a donné avec le secteur médical. Les associations répondent à des appels à projets et sont mises en concurrence comme des entreprises du BTP. Sauf que nous on travaille avec des êtres humains. On ne travaille pas avec des morceaux de viande !", a pesté le responsable syndical CGT de l'IME de Rochebelle, qui ne demande qu'à pouvoir exercer "dignement" son métier.
En fin de matinée, des banderoles ont été accrochées sur les grilles de la sous-préfecture par les manifestants qui allaient décider des suites à donner au mouvement tandis que les grandes vacances scolaires, moins propices aux luttes sociales, sont en approche. Leur prochaine sortie dans la rue devrait intervenir le 6 juin prochain à l'occasion de la 14e journée d'action organisée à l'échelle nationale par l'intersyndicale contre la réforme des retraites.
À Nîmes, une trentaine de personnes était réunie devant la préfecture du Gard avant qu'une délégation soit reçue par des représentants de la préfète Marie-Françoise Lecaillon. Parmi les syndicalistes présents, Franck Walter, co-secrétaire adjoint de Sud santé sociaux Gard-Lozère. Lui aussi veut stopper la marchandisation des salariés. "Ils ont une grosse perte de sens de leur métier basé au départ sur l'humain", commente-t-il.
Cet éducateur spécialisé à l'Itep des Garrigues dénonce une grosse pénurie de personnel, un manque de place avec des jeunes placées par l'ASE (Aide sociale à l'enfance) sur liste d'attente et réclame une valorisation des salaires. "Cela fait 20 ans que le point d'indice est gelé. On a une perte de salaire entre 300 et 400 euros", poursuit-il. Enfin, ce dernier demande aussi que la prime Ségur soit versée à tous : femmes de ménage, hommes d'entretien et secrétaires.